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Quel est votre djihad?

Des «Martin Rouleau» il y en aura d'autres. Comme ceux qui ont tué au nom de l'Ordre du temple solaire, ou qui font le guet devant des cliniques d'avortement. Que des dérangés. Le dérangement mental ne connaît pas de religion.
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Martin Rouleau - un Québécois « pure laine » - est un terroriste. Et oui. Êtes-vous étonnés? À lire certains commentaires de monsieur-madame-tout-le-monde, on a l'impression d'être au cœur d'une masse inculte qui confond tout. Évidemment, les mangeurs d'Arabes et de l'islam y trouvent leur compte. N'eût été cette mosquée à St-Jean, jamais le pauvre Rouleau n'aurait été exposé à «ça», d'où l'utilité de foutre dehors cette sous-catégorie d'humains que sont les gens qui pratiquent l'Islam.

Pathétique. Même dans le discours, nos politiciens, et certains médias de bas étage qui carburent aux scandales avec leurs commentateurs démagogues n'usent même plus de retenue. Après la photo de cette fausse musulmane en niqab à La Ronde reprise par certains médias jaunes, plus rien ne peut surprendre. Pourtant, tout le monde se prononce sur Martin Rouleau et le djihad sans même connaître ni l'auteur de ce crime, encore moins le concept de djihad.

Pour régler le cas de Martin Rouleau, un coup d'œil à sa page Facebook suffit pour se rendre compte que l'homme n'allait pas bien mentalement. Quelle est la différence entre ce pauvre individu dérangé et ceux qui s'attaquent aux cliniques d'avortement, se donnant comme mission de tuer les «médecins avorteurs»? Même logique pour les membres du FLQ qui prônaient le renversement de l'ordre, l'enlèvement de Richard Cross et le meurtre de Pierre Laporte. Des terroristes, qu'ils soient felquistes, anti-avortement ou devenus des fous de «Dieu» ne font plus la différence entre le bien et le mal puisque leur cause est devenue le Bien contre la société qui - elle - incarne le Mal. Ces gens sont tout simplement dérangés mentalement.

Ce qui est tout aussi déplorable, c'est le laxisme gouvernemental qui perdure depuis des années vis-à-vis du racisme et des préjugés. On aurait pu souhaiter qu'au terme de ce débat futile et destructeur autour de la charte de la laïcité, le gouvernement prenne l'initiative d'éduquer le peuple ignare qui carbure aux préjugés. Me semble-t-il qu'une campagne de sensibilisation à l'immigration et aux différences qui nous unissent aurait pu faire œuvre de pédagogie auprès des esprits fermés. On a préféré laisser pourrir le problème de sorte que le cancer de l'ignorance continue de se propager comme des métastases mangeuses de jugement. Bah...! Les arabes, on n'en a rien à foutre, et c'est bien vu de les stigmatiser. C'est même bon chic bon genre auprès d'animateurs de radio et de télé.

En 2013, un regroupement luttant contre l'islamophobie et le racisme a cru bon lancer une campagne publicitaire en utilisant des panneaux d'autobus qui sillonnaient la ville de Chicago. On posait la question à des citoyens musulmans: « Quel est ton djihad » ? La campagne ciblée exposait à une population stupéfaite que le djihad n'était que cette démarche visant à s'améliorer. Quelle audace de remettre dans une perspective réelle un terme trop de fois déformé injustement. Parce que le djihad n'est pas cette lutte «par l'épée» contre les «mécréants». Il s'agit de cette lutte spirituelle que chaque individu rencontre sur sa route et dans sa quête d'amélioration et de perfection, qu'il soit musulman ou pas. Rien à voir avec la violence qu'on veut nous vomir dans les médias mainstream. Mais quand il faut un effort et s'ouvrir à la culture des «autres», on fait preuve de paresse crasse. Il est bien plus facile d'écouter un démagogue nous faire peur que de se taper une conférence ou un livre de Tarik Ramadan. De toute façon, les démagogues l'ont dit: Tarik Ramadan, c'est un imposteur et un menteur. À quoi bon?

Des «Martin Rouleau» il y en aura d'autres. Comme ceux qui ont tué au nom de l'Ordre du temple solaire, ou qui font le guet devant des cliniques d'avortement. Que des dérangés. Le dérangement mental ne connaît pas de religion.

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