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Guy Turcotte et Madame Coin-Coin

Les réseaux sociaux ont ça de fascinant: ils nous rappellent à quel point la vindicte populaire est sans limites et qu'elle est très souvent sans fondement et dénué de toute modération. On dirait même une vaste taverne où tous les gérants d'estrade se donnent régulièrement rendez-vous.
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Note aux lecteurs : Je ne suis aucunement un supporteur de Guy Turcotte et je n'ai aucune sympathie envers la personne.

Les réseaux sociaux ont ça de fascinant : ils nous rappellent à quel point la vindicte populaire est sans limites et très souvent, sans fondement et dénué de toute modération. On dirait même une vaste taverne où tous les gérants d'estrade se donnent régulièrement rendez-vous.

La libération de Guy Turcotte nous expose lamentablement l'incompréhension totale de la population vis-à-vis l'administration de la Justice et son fonctionnement. Guy Turcotte a été libéré. Et puis? Le retour à la case départ de ce dossier imposait cette libération. Ce citoyen, comme n'importe qui d'autre, pouvait se prévaloir d'une demande de remise en liberté suite à son arrestation. Lui nier ce droit contreviendrait aux dispositions de la loi. C'est sur cet aspect que la plupart des gens décrochent : n'a-t-il pas avoué son crime?

Oui, Turcotte a avoué son crime. Et puis? Commettre un crime ne fait pas de Guy Turcotte une personne nécessairement coupable. C'est le fondement même de notre droit criminel depuis des temps quasi immémoriaux - j'exagère à peine. Pour être reconnu coupable d'un crime (et non d'avoir commis un acte), il faut aussi y joindre l'intention criminelle. Turcotte veut plaider son état mental au moment de la commission de l'acte. Cet état serait tel que l'intention criminelle n'aurait pas existé. Il a le droit de plaider cette option, laissons le procès suivre son cours. C'est tout.

Turcotte « libre » représente-t-il un risque pour la société pendant le déroulement de son procès? Et c'est là qu'on nous présente Emma Czornobaj , alias « Madame Coin-Coin » comme un sympathique personnage. Bah! Que voulez-vous, elle a juste stationné son automobile sur la voie de gauche pour sauver quelques «Saturnins» qui passaient sur l'autoroute 30. Deux morts, mais le père n'aurait pas dû rouler en moto avec sa fille. Il l'a cherché. Au fond, «Madame Coin-Coin» a péché par excès d'humanité envers de vulgaires bestioles. Cette théorie de la dernière heure me lève particulièrement le cœur. On tourne manifestement les coins ronds alors que ces deux dossiers n'ont rien en commun.

Libérer Turcotte pendant son procès fait du sens. Le risque zéro n'existe pas, mais le risque de dérape est illusoire. Turcotte est déjà en prison, puisqu'il est encore en vie. Sans vouloir le plaindre - aucunement, mettez-vous à sa place deux secondes. Il vit déjà son châtiment.

Czornobaj a été reconnue coupable. Mérite-t-elle un court séjour en prison? Certainement. Elle pourra en profiter pour suivre une formation la sensibilisant à la hiérarchie des valeurs en matière d'humains et d'animaux. Quant à Guy Turcotte, il est innocent jusqu'à preuve du contraire, et laissons lui plaider sa cause. Que les médias se tiennent loin de sa famille à Brossard. Notre système n'a que faire du désolant spectacle de la justice populaire. Les droits fondamentaux, c'est pas juste quand ça fait notre affaire.

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