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Élections 2018: encourager les transports actifs, une priorité

Puisqu’un peu plus de 40% des émissions des gaz à effet de serre proviennent du transport au Québec, il est important de les réduire en misant sur le covoiturage, le transport collectif et actif.
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Le transport actif est la forme de déplacement la plus bénéfique pour la santé et l’environnement.
Christinne Muschi / Reuters
Le transport actif est la forme de déplacement la plus bénéfique pour la santé et l’environnement.

À l'approche du 1er octobre, l'importance accordée jusqu'ici aux enjeux environnementaux par tous les partis déçoit. La question a été effleurée rapidement dans les deux débats des chefs en français.

Puisqu'un peu plus de 40% des émissions des gaz à effet de serre proviennent du transport au Québec, il est important de consacrer des ressources pour les réduire en misant sur le covoiturage, le transport collectif et actif. Dans ce texte, je m'intéresserai au transport actif (c'est-à-dire «toute forme de transport où l'énergie est fournie par l'être humain», comme la marche, le vélo, la course, la planche à roulettes, le patin à roues alignées, etc.), car il s'agit, selon moi, de la forme de déplacement la plus bénéfique pour la santé et l'environnement.

Parmi ces formes de transport, la popularité du vélo est en hausse constante. En ville, il dispose d'un fort potentiel. À preuve, la part modale du vélo a augmenté de 1,3% en 2001 à 2,1% en 2016 dans le grand Montréal. Et le potentiel est encore grand, car, selon Vélo-Québec, le tiers des travailleurs dans la région demeurent à moins de 5km de leur de travail, ce qui représente un déplacement de 25 minutes, très faisable en vélo.

Examinons d'abord ce qu'a fait le gouvernement libéral durant les quatre dernières années. Au début de son mandat, sa politique d'austérité n'a pas épargné les transports actifs. Ainsi, il coupait les vivres à l'entretien de la route verte. Une économie minime de 2,8 millions par année. Plusieurs mois plus tard, il rétablissait le financement, mais entre temps, le réseau s'était détérioré.

Les défauts du REM

En avril 2016, le gouvernement Couillard annonçait aussi l'important projet de transport en commun pour la région de Montréal, le réseau express métropolitain (REM). L'idée semblait excellente au départ (ex.: Montréal aura enfin un transport rapide de son aéroport au centre-ville), mais elle a été vite critiquée, y compris par le BAPE.

C'est que le projet n'entraînera qu'une faible réduction des gaz à effet de serre, favorisera l'étalement urbain et causera une baisse de fréquentation de certaines lignes de train de banlieue (Montréal-Vaudreuil et Montréal-Mascouche). Pour en avoir une idée plus complète, deux experts en transport, Luc Gagnon et Jean-François Lefebvre, en ont fait une analyse intéressante.

Au sujet des transports actifs, les deux auteurs mentionnent que très peu d'usagers auront un accès piétonnier aux stations du REM. Les 12 nouvelles stations du réseau seront situées dans des quartiers à faible densité (comme le Quartier 10/30, par exemple), dont la moitié seront entourées de stationnements incitatifs, peu propices aux déplacements à pied.

Pour les usagers vivant à moins de 800 m d'une station, le taux d'utilisation du transport collectif est de 27%. Pour ceux vivant à une distance de 800 m à 5 km, ce taux baisse à 7%.

Or, les auteurs mentionnent que pour les usagers vivant à moins de 800 m d'une station, le taux d'utilisation du transport collectif est de 27%. Pour ceux vivant à une distance de 800 m à 5 km, ce taux baisse à 7%. De plus, ce modèle encouragera les conducteurs solos (automobilistes seuls dans leur voiture) à se rendre aux stations du REM et à y laisser leur véhicule dans les divers stationnements incitatifs. Ce mode de déplacement ne favorise évidemment pas les transports actifs.

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Un point positif, toutefois, l'intermodalité sera encouragée. À la suite d'une entente avec les entreprises de partage de véhicules et les systèmes de covoiturage, Téo Taxi et Bixi, les utilisateurs de ces services auront un accès privilégié aux stations. Les cyclistes pourront aussi voyager dans le train avec leur vélo (avec sans doute des restrictions aux heures de pointe) et toutes les stations seront munies de supports à vélo. Enfin, le métro sera connecté directement au REM aux stations Édouard-Montpetit, McGill et Bonaventure.

Ce point est favorable aux transports actifs, car il faut rappeler qu'utiliser les transports collectifs encourage la marche. En effet, selon une étude française (rapportée dans la revue 100 degrés de Québec en forme), les habitants de la région parisienne, usagers du transport collectif, marchent en moyenne 27 minutes par jour.

Le grand déblocage

Comme alternative au REM, le Parti québécois a proposé le Grand déblocage en 2017. Le projet a été bien reçu par les groupes environnementaux parce qu'il permettait de retirer plus de voitures du réseau routier et réduisait davantage les gaz à effet de serre que le REM. Il a par contre été proposé très tard alors que les travaux du REM étaient déjà amorcés. Et le PQ a très peu de chance de former le gouvernement en octobre.

Examinons maintenant les plateformes des quatre principaux partis.

À l'adoption de la politique de mobilité durable du parti, en avril 2018, le PLQ a prévu diverses mesures pour hausser la fréquentation des transports collectifs, développer la mobilité électrique et diminuer les déplacements en auto-solo, mais il n'y a rien pour encourager le transport actif.

Dotée d'une bien mince plateforme en environnement, la CAQ ne prévoit rien en ce qui trait aux transports actifs.

Pour lutter contre le réchauffement climatique, le PQ propose deux mesures encourageant le transport actif. La première mesure vise à ajouter 100M$ sur quatre ans au programme du PLQ pour développer des aménagements cyclables et piétonniers.

La 2e mesure a pour but d'intégrer des infrastructures cyclables et piétonnières lors de la conception, de la construction et de la rénovation des routes et des ponts.

Québec solidaire propose sans doute le programme le plus audacieux pour réduire l'utilisation de la voiture à essence, accroître l'usage des véhicules électriques et développer le transport collectif, mais pour le transport actif, la promesse est plutôt timide. On mentionne qu'on allouera des fonds aux municipalités, afin qu'elles développent leurs réseaux cyclables et conçoivent des aménagements sécuritaires pour les piétons.

Malheureusement, les deux partis qui ont le plus de chances de former le gouvernement le 1er octobre ont un maigre programme en environnement.

Malheureusement, les deux partis qui ont le plus de chances de former le gouvernement le 1er octobre (le PLQ et la CAQ) ont un maigre programme en environnement et il est encore plus maigre en ce qui a trait aux transports actifs. À quand un gouvernement qui saisira l'importance de développer cette forme de transport, bonne pour l'environnement et la santé?

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