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Si l'environnement social était homogène et équitable pour l'ensemble de l'espèce, l'homme ne tuerait pas par plaisir, il tuerait par extrême nécessité, comme le font tous les animaux.
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On ne me fouettera jamais pour avoir écrit ce texte. Raif Badawi, lui, a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans prison pour avoir blogué.

L'homme tue des animaux pour le plaisir de la chasse, tue sa planète pour le plaisir de s'enrichir, tue ses semblables pour le plaisir de ses croyances.

Le 7 janvier 2015, trois hommes ont tué douze individus, dont six du journal humoristique Charlie Hebdo, pour le plaisir de soigner une profonde détresse psychologique et culturelle. Ils ont tué pour des croyances sous l'emprise d'une dénaturalisation comportementale. Ils ont éradiqué les auteurs de cet humour qui équilibre l'extrémisme.

Les religions ont leur importance dans l'environnement social. Elles permettent aux individus de même croyance de se rassembler. Mais les croyances n'existent pas dans l'univers! Elles sont culturelles et circonscrites à l'environnement social. Les croyances ne sont pas des faits, elles sont créées par l'homme pour combler le vide laissé par l'absence de connaissances sur des phénomènes précis. Lorsque la science découvre des explications, les croyances doivent laisser leur place aux faits et à la réalité.

Parce que des concepts sociaux provenant des cultures religieuses, comme la notion de prophètes ou de lois religieuses, déforment et dénaturent la perception et la pensée humaine, des croyances s'enracinent dans des stratégies comportementales et interagissent avec la nature humaine pour induire des réactions démesurées et des comportements dénaturés.

Ce qui rend une population stable n'est pas tant l'homogénéité des individus, mais celle de l'environnement qui assure l'atteinte d'un équilibre par la capacité d'adaptation de l'espèce.

L'environnement social de l'espèce humaine est structurellement déséquilibré et instable. L'inégalité sociale règne. Chaque individu est dans une situation différente et doit continuellement s'adapter aux changements sociaux rapides pour maintenir l'accès à tout ce qu'il faut pour répondre à ses besoins. La société n'est ni homogène ni équitable pour l'humain, contrairement aux écosystèmes qui le sont pour les animaux. L'homme moderne dépense autant d'efforts pour sa survie que l'homme préhistorique. Il lutte différemment, c'est tout.

Si l'environnement social était homogène et équitable pour l'ensemble de l'espèce, l'homme ne tuerait pas par plaisir, il tuerait par extrême nécessité, comme le font tous les animaux.

La civilisation ne s'est pas construite volontairement avec les plans de grands architectes, mais au fil des millénaires avec les adaptations lentes et successives du comportement humain. L'environnement social est le fruit de dizaines de milliers d'années d'évolution de l'espèce humaine, le fruit de l'adaptation de ses stratégies comportementales pour survivre, le fruit du hasard de la sélection naturelle circonscrit dans les limites de l'espèce humaine. Et cette évolution est aussi partiellement inscrite dans les gènes que nous transmettons à notre descendance.

L'homme vit sous les pressions artificielles de concepts sociaux qu'il a lui-même créés en construisant son environnement social pour s'adapter à son environnement biophysique. L'homme ne s'adapte d'ailleurs pas très bien à son environnement social. En fait, il ne s'y est jamais adapté si l'on prend le temps de lire l'histoire. Alors l'homme réagit, parfois violemment, et adapte son environnement social à ses comportements avec des lois et des mesures de sécurité. Mais ces changements sont inadéquats parce qu'ils ignorent la nature humaine et laissent rarement le temps à l'homme de s'y adapter. De plus, ils sont appliqués localement et de manière circonstancielle, accentuant encore plus les écarts.

Si nous retirions l'homme de son environnement social pour le transplanter dans un environnement exclusivement naturel, sans aucun concept de civilisation, comme la jungle avec d'autres primates, l'homme se comporterait-il mieux que ses cousins génétiques?

L'homme tue pour le plaisir. Lorsqu'il n'aura plus de plaisir à le faire, va-t-il se tuer? Serait-ce ce vers quoi la civilisation est en train d'entrainer l'espèce?

Le degré de sophistication de notre environnement social est tel qu'il influence nos stratégies comportementales beaucoup plus vite que l'environnement biophysique. L'espèce humaine a transcendé la sélection naturelle.

L'homme possède un organe qui a évolué beaucoup plus que celui de ses cousins génétiques: le cerveau! L'Anthropocène marque l'ère des traces indélébiles que l'homme va laisser sur sa planète. En altérant son environnement, c'est aussi sa propre nature que l'homme altère.

Nous avons un important travail d'introspection à faire sur toute l'humanité, son parcours d'évolution et ce qui influence ses comportements. Nous devons apprendre, comprendre et respecter la Vie afin de synchroniser notre évolution avec les processus naturels.

Il est temps de passer volontairement à autre chose. Il est temps de réviser notre situation et de transcender nos comportements pour changer le tir.

Lorsque les cultures, les croyances et les religions induiront la sagesse culturelle de coexister humblement et dignement avec les faits et les connaissances de la science, les stratégies comportementales humaines cesseront de déraper.

Il est temps d'acquérir un autre plaisir que celui de tuer, le plaisir de construire une société cohérente, équitable, égalitaire et durable qui respecte l'homme, sa nature, son environnement et sa planète.

Désormais, nous avons le choix de planifier consciemment notre évolution ou de nous tuer par plaisir...

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