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Les choix énergétiques du Québec, ou comment détruire la richesse

Les données des économistes sur le pétrole québécois sont incomplètes, irréalistes et non documentées scientifiquement.
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Le 23 avril 2015, Youri Chassin et Bradley Doucet, économistes à l'Institut économique de Montréal (IEDM), ont signé une analyse extrêmement inquiétante. Intitulée Le point sur les choix énergétiques du Québec: détruire ou créer de la richesse?, les auteurs y affirment que l'exploitation du pétrole québécois injecterait entre 160 et 978 millions de dollars annuellement dans l'économie.

Ces prétentions, toutefois, ne reposent sur aucuns calculs de bénéfices économiques, environnementaux et climatiques, tout en considérant comme des pertes les investissements dans l'éolien et l'électrification des transports.

Les redevances des hydrocarbures terrestres sont comptabilisées sur la valeur brute de la production. Or, d'autres analyses sérieuses prouvent que leur exploitation ne sera pas rentable!

Les données des économistes sont incomplètes, irréalistes et non documentées scientifiquement. L'évaluation des ressources actualisée par Sproule et datant du 30 avril 2015 établit à 10% de probabilité qu'Anticosti contienne 45 milliards de barils et à 90% une réserve possible de 20 milliards de barils.

Les techniques de forage par fracturation utilisées par l'industrie ne dépassent jamais 2% d'extraction. À Anticosti, un scénario réaliste devrait s'appuyer sur un taux d'extraction optimiste de 1%.

On peut affirmer avec 90% de probabilité que 20 milliards de barils ne fourniront que 200 millions de barils à 1% de capacité d'extraction.

Chaque forage coûte environ 10 millions de dollars. Les scénarios présentés le 7 mai 2015 prévoient entre 3900 et 6500 forages avec 445 à 712 plateformes sur 40% de l'île.

Le coût direct des opérations varie donc de 39 à 65 milliards de dollars sur une période s'étendant entre 56 et 75 ans.

Calculons grossièrement les bénéfices: un revenu de 15 milliards provenant de 200 millions de barils à 75 dollars le baril, associées à des dépenses directes oscillant entre 39 et 65 milliards, donnent une perte de 24 à 50 milliards! Et ce, sans tenir compte des dépenses afférentes: infrastructures portuaires et industrielles, routes à construire et à entretenir pendant 56 à 75 ans pour entreposer et transporter des matériaux de construction, des foreuses, des ouvriers et des millions de litres d'eau contaminée provenant de chaque forage, chaque jour, qu'il faudra entreposer quelque part et décontaminer. Sans oublier les réservoirs et les pipelines pour le pétrole et le gaz, la masse salariale, et l'inflation.

Néanmoins, la rentabilité est envisageable avec un baril de pétrole à plus de 325 dollars, permettant un revenu de 65 milliards et un bénéfice entre 0 et 24 milliards, sans considérer les frais afférents!

Quant au pétrole gaspésien, 2700 barils par jour à 20 dollars le baril vont-ils enrichir le Québec? Junex calcule que 36 des 330 millions de barils sont extractibles. À 75 dollars le baril, on génère 2,7 milliards sur 35 ans, soit 77 millions par année, ce qui rapporterait 30,8 millions par année en redevances.

L'analyse économique de Chassin et Doucet n'est pas rigoureuse. Les auteurs échouent à tenir compte des dépenses. C'est à se demander s'ils savent budgéter! Ils feraient mieux de retourner faire leurs devoirs, car aucune banque n'acceptera leur plan d'affaires...

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L'île d'Anticosti vue par le photographe Marc Lafrance

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