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Tous à droite mon frère! Mais pourquoi?

Issu d'un milieu modeste, notre père commençait ses journées à six heures le matin pour les terminer douze heures plus tard. Pendant plus de trente années, ce dernier a donné une grande partie de sa vie à une grande multinationale nommée Coca-Cola. À l'aube de ses cinquante-quatre ans, cette dernière a décidé d'y aller d'un grand ménage. Hop! Fini le six à six! À partir de la semaine prochaine, c'est à la maison le papa! Voilà comment on a remercié un homme ayant donné plus de soixante heures semaine pendant trente-six ans de sa vie. Un homme qui avait en horreur le syndicalisme!
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Issu d'un milieu modeste, notre père commençait ses journées à six heures le matin pour les terminer douze heures plus tard. Pendant plus de trente années, ce dernier a donné une grande partie de sa vie à une grande multinationale nommée Coca-Cola. À l'aube de ses cinquante-quatre ans, cette dernière a décidé d'y aller d'un grand ménage. Hop! Fini le six à six! À partir de la semaine prochaine, c'est à la maison le papa! Voilà comment on a remercié un homme ayant donné plus de soixante heures semaine pendant trente-six ans de sa vie. Un homme qui avait en horreur le syndicalisme! Un homme qui avait sans cesse de bons mots pour ses patrons et cette grande multinationale. Pour lui, c'était la vie et ce n'était surtout pas la faute de quelqu'un! Le coup du sort! La malchance qui s'abat soudain... Ces origines et ces petites blessures ont forgé ces différences entre moi et mon frère. Avec chacun notre carte, nous avons emprunté des routes fort différentes pour réussir nos vies.

Nous sommes un peu devenus cette lutte idéologique entre la gauche et la droite. Cependant, n'ayez crainte! Malgré des divergences d'opinions, nous nous aimons comme des frères et dans les petits comme les grands malheurs, nous serons toujours là, l'un pour l'autre. Sans jamais toutefois s'éloigner, car le doute de l'un et de l'autre étant toujours présent, nous avons vécu notre vie en parcourant des routes, qui parfois s'éloignaient et parfois se croisaient! Nos différences n'étaient pas conçues d'extrêmes comme c'est bien souvent le cas au Québec. Elles étaient plutôt construites de petites certitudes, qu'on nous lance à l'oreille à coups de radios ou que l'on nous jette aux yeux à coup de journaux. Je ne sais pour quelle raison, mon frère a dirigé sa haine de l'injustice contre l'État et moi, contre la mainmise du privé sur cette dernière.

Depuis ce temps, nos discussions sont toujours très animées! Son discours est d'une simplicité parfois déconcertante! On coupe partout dans l'appareil de l'État et on laisse le secteur privé prendre soin de notre destinée collective. Comme un bon citoyen corporatif, ce dernier va prendre le relais de l'État. Dans un élan de bonté, le marché va s'autoréguler pour que tous puissent en sortir gagnants! Les portes de l'enrichissement seront maintenant grandes ouvertes pour ceux qui ont soif de travail et de réussite! Pour les autres, nous conserverons un minimum d'État pour un minimum de service. S'ils en désirent plus, ils n'auront qu'à se lever le cul et travailler pour! C'est aussi simple que ça! D'ailleurs, voici les ingrédients : un minimum d'État, beaucoup de privé, une pincée de magie et une grosse tasse d'inconscience! Pourquoi de l'inconscience? Parce qu'il en faudra beaucoup pour croire qu'une diminution de l'État soit salutaire pour le marché de l'emploi au Québec. Il en faudra aussi beaucoup pour croire que le profit trouvera candidement sa place entre le désir de servir et de s'enrichir.

Dans la réalité, notre société ne fonctionne pas dans cette recherche de la vertu. Elle fonctionne plutôt dans la recherche du plaisir! Pour y arriver, tous les moyens deviennent acceptables. Pour nous offrir cette liberté tant réclamée par la droite, de la vertu, nous en aurons grandement besoin. Pour qu'un régime de retraite par capitalisation fonctionne, nous aurons besoin d'un peu plus de vertu de la part des Goldman Sachs et Lehman Brothers de ce monde. Nous devrons aussi refaire confiance à un système qui nourrit des Vincent Lacroix, des Earl Jones, toujours avide de richesse et toujours prêt à vider son prochain. Soyons un peu sérieux, mon frère! Après avoir lu la série d'articles de Pierre Foglia, "Permis de tuer", je n'ai pas l'impression que nous sommes assez vertueux pour nous passer de l'État!

Cependant, je te concède que nous devrons le repenser et l'améliorer pour qu'il demeure une institution pour le bien collectif. J'ai aussi la certitude que ma route n'est pas nécessairement plus belle que la tienne et que pour arriver au même endroit, nous devrons peut-être covoiturer et mieux nous entendre. Nous devrons aussi être plus vigilants et cesser de nous faire distraire par ceux qui veulent notre bien. Pendant, qu'on se jalouse entre gens de classe moyenne, les plus gros pigent toujours plus dans le pot de bonbons et il en reste toujours moins pour nous. Ils le font aussi sous les yeux complices de nos chefs d'État et ça, c'est impardonnable! Puisque nous sommes frères, rappelons-nous de ces années qui nous ont forgées! Commençons à nous construire un avenir qui nous ressemblera et que nous serons fiers de laisser à nos gamins. Ne sommes-nous pas frères après tout?!

1- José Piñera (né le 6 octobre 1948 à Santiago, Chili) est un économiste libéral chilien, ministre sous la dictature militaire d'Augusto Pinochet, et célèbre pour avoir organisé la transition du régime de retraite chilien de la retraite par répartition à la retraite par capitalisation. Éric Duhaime, s'est rendu, le 27 août 2009, devant la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale où il est allé vanter les mérites du miracle économique chilien sous Augusto Pinochet. En 2006, une réforme a renforcé le « filet de sécurité » pour ceux qui n'atteignent pas une retraite minimale. En octobre 2008 il a été révélé que les fonds de pension avaient perdu 26,7 % de leur capital en moins d'un an, suite à la crise économique qui a conduit à la baisse de la valeur des actifs de ces fonds de pension.

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