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«Xenos», le dernier solo dansé d’Akram Khan pour dénoncer la guerre

Akram Kahn aime les atmosphères très élaborées et qui se métamorphosent subtilement.
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On imagine que sur le plan incliné du décor qui orne toute la scène, la prestation d'Akram Khan est particulièrement difficile.
Jean-Louis Fernandez
On imagine que sur le plan incliné du décor qui orne toute la scène, la prestation d'Akram Khan est particulièrement difficile.

Rares sont les historiens qui se sont penchés sur les très nombreux soldats indiens qui ont combattu sous le drapeau britannique durant la Première Guerre mondiale. Pour leur rendre hommage, et comme symboles de tous les oubliés de toutes les guerres, Akram Khan se met en scène dans Xeros pour ce qui est peut-être son dernier solo dansé.

Les horreurs de la guerre, voilà bien un sujet dont le public est nourri, pour ne pas dire rassasié, par la voie des médias, du cinéma, de la littérature, et ce, depuis la nuit des temps. Or, les récits de l'Iliade, par exemple, aussi cruels soient-ils, n'ont pas empêché les guerres qui ont suivi. Toujours est-il que Akram Khan imagine le destin de l'une de ces victimes, un danseur indien obligé de combattre dans les tranchées de la Grande Guerre où tant de soldats ont péri; ou s'ils ont survécu, dans quel état physique et psychique...

Son spectacle tient peut-être plus de la performance, de l'installation en art contemporain, du concert musical que de la danse proprement dite.

À travers toute une scénographie très réussie, un décor complexe se déploie incluant cinq musiciens sur scène et de nombreux objets de la vie quotidienne qui disparaissent au profit de la terre, des ruines et du chaos. Akram Kahn aime les atmosphères très élaborées et qui se métamorphosent subtilement. Dans Xenos, l'appareillage scénique est absolument superbe et donne à voir de nombreux tableaux magnifiques sous des éclairages très sophistiqués.

Une sorte de montagne sur scène représente un versant de la tranchée et se transforme au fil du spectacle. Des cordes, de la terre, ce que l'on croit être de véritables pierres (en fait des pommes de pin), servent de cadre à ses mouvements dansés dans l'élégance qu'on lui connait.

Du fait qu'il interprète un soldat indien dont la profession était de danser, il danse le traditionnel kathak du nord de l'Inde, avec ses mouvements des bras, des mains et des poignets si caractéristiques, et dont il a le secret. La musique et les vocalises qui l'accompagnent sont splendides et hypnotisent presque le spectateur dont l'esprit se laisse bercer par ce qu'il voit et ce qu'il entend. La partition musicale originale a aussi des tonalités traditionnelles, même si l'un des derniers morceaux est extrait du Requiem de Mozart qui s'harmonise très bien au reste.

On imagine que sur le plan incliné du décor qui orne toute la scène, la prestation d'Akram Khan est particulièrement difficile.

Je suis quand même un peu restée sur ma faim. J'aurais aimé voir davantage de danse et moins de performance, même si sur le plan visuel et auditif le spectacle est on ne peut plus réussi.

Cet article a aussi été publié sur pieuvre.ca

Xenos, du 13 au 16 février 2019 au Théâtre Maisonneuve, à Montréal.

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