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«Stop the tempo», un regard sombre sur la génération qui a suivi la chute du communisme en Roumanie

Présentée pour la première fois en 2004 à Bucarest,jouée au théâtre Prospero à Montréal est une pièce très marquée par l'histoire de la Roumanie depuis la chute du communisme et de son dictateur local Ceausescu.
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Gianina Carbunariu est une jeune et talentueuse dramaturge roumaine dont les pièces sont traduites et jouées un peu partout dans le monde. Présentée pour la première fois en 2004 à Bucarest, Stop the tempo jouée au théâtre Prospero à Montréal est une pièce très marquée par l'histoire de la Roumanie depuis la chute du communisme et de son dictateur local Ceausescu.

Stop the tempo © Sophie Samson

La dictature ressemble à une cocotte-minute dont on n'a pas permis à la vapeur de s'échapper pendant de longues années. Lorsqu'enfin c'est possible, la liberté n'est pas si simple à apprivoiser.

Parmi la génération qui a subi l'étouffement de la dictature, certaines personnes demeurent brisées par elle - conservant les vieux réflexes de peur et de stratégie d'évitement - d'autres jouissent de manière euphorique et désordonnée du possible, d'autres encore peuvent un temps en regretter certains aspects « protecteurs » qui contenaient les populations...

Mais qu'en est-il de la génération qui suit? C'est à elle qu'est consacrée la pièce Stop the tempo à travers la fiction d'une rencontre de trois jeunes gens, deux filles et un garçon entre 25 et 29 ans.

Gianina Carbunariu s'attache à cette génération perdue, qui cherche ses repères, qui n'a pu recevoir de réelle transmission, dont l'existence n'a pas le moindre sens. Les trois protagonistes peuvent travailler et vivre; le possible est devant eux. Mais rien ne les motive. Ils n'ont aucun désir.

Rolando, Paula et Maria n'ont en plus rien en commun. Ils se rencontrent dans une boite de nuit, sous les stroboscopes et les bruits assourdissants de la musique Techno, et partent ensemble pour un party de sexe à trois dont aucun n'a envie.

Stop the tempo © Sophie Samson

Un accident de voiture salutaire donne un premier bout de sens à leur existence proche du néant. Ils se sont à peine parlé, ils ne connaissent même pas leurs prénoms, mais ils ont envie de se revoir. Ce désir les étonne et motive une série d'aventures totalement gratuites et qui mènera à leur perte. Plaisanterie d'adolescents désœuvrés et irresponsables, ils vont couper le courant dans des lieux très fréquentés pour produire de la panique et réveiller les gens.

Ces actions stupides et sans doute très dangereuses pour autrui sont mises en relation avec du terrorisme dans la mise en scène de la pièce. Dans le contexte actuel, on ne peut que le regretter et trouver ce parallèle d'un assez mauvais goût.

Les trois protagonistes n'ont pas la plus petite dose d'idéologie en tête (sans doute cela leur manque-t-il), tandis que le terrorisme actuel en est totalement saturé. C'est donc un parallèle dommageable pour une pièce par ailleurs très bien menée par trois très bons acteurs, avec des effets de projection intéressants et mille allusions à l'histoire de la Roumanie au tournant de la chute du communisme. J'ai eu la chance d'assister à la pièce avec une amie roumaine dont j'ai pu mesurer la très grande émotion...

Stop the tempo, du 18 novembre au 12 décembre 2015, Salle intime du Prospero à Montréal

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