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«Skin Tight, Te tenir contre moi»: l'intimité du grand amour

Tous les coups sont permis. La femme a le dessus. Ils se bagarrent au sol, se font mal, s'étreignent, se séparent épuisés. L'amour peut être très douloureux, quand il n'en reste que les souvenirs...
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Séparés, sur la scène du petit Prospero, un homme et une femme s'observent, se suivent, se jaugent à distance. Ils se tournent autour comme deux bêtes sauvages qui s'évaluent l'une l'autre. Sont-ils des amoureux qui vont s'étreindre ou au contraire deux combattants dans un ring, prêts à l'offensive belliqueuse? Un corps à corps va avoir lieu, mais de quel ordre? Abandon de l'amour ou intimité dans le combat? Les prises, les coups de pied, les morsures et autres empoignades fusent. Tous les coups sont permis. La femme a le dessus. Ils se bagarrent au sol, se font mal, s'étreignent, se séparent épuisés. L'amour peut être très douloureux, quand il n'en reste que les souvenirs...

Tom (remarquablement interprété par Xavier Mailleux) et Élisabeth (excellente Sophie Martin) se connaissent et s'aiment depuis l'école de leur enfance. Nous sommes en Nouvelle-Zélande et chacun des deux protagonistes se remémore dans un dialogue intime les moindres détails de leur parcours amoureux, l'émotion et la peur de leur première relation, leur mariage, leur fille, leur vie à la ferme, telle ou telle anecdote. Il n'y a pas que des bons souvenirs. Le traumatisme de la guerre, la séparation et les retrouvailles, mais avec des changements, la trahison, les petits détails de la vie quotidienne qui agacent et qui amusent aussi. Leur amour est très fort et a tout surmonté. Les épreuves, petites et grandes, ont rendu leur amour très solide. Mais d'évidence, l'un des deux n'est plus là. Élisabeth ne cesse de dire qu'elle doit partir. Tom essaye de la retenir.

Sur les murs qui entourent la scène, des dizaines de feuilles de papier épinglées montrent le visage d'Élisabeth de plus en plus pâle, puis carrément invisible. Élisabeth n'est plus.

Dans une mise en scène très charnelle où les corps se touchent, se rejettent, se ressourcent dans leur contact intime, on assiste au combat physique et psychique que se livrent les deux pour accepter leur séparation non désirée. C'est surtout Tom qui ne veut pas lâcher. Élisabeth n'est présente que pour lui. Son deuil est difficile, il aime trop ses souvenirs.

Il a fallu deux chorégraphes pour organiser ce corps à corps, Ian Yaworski pour la gestuelle et Phong Doan pour les scènes de combat. L'intimité physique d'un couple qui s'aime est plus souvent réservée au cinéma qu'au théâtre. Avec Skin Tight, Te tenir contre moi, et la proximité du spectateur de la petite scène du Prospero, on est saisi par le sentiment amoureux de Tom et d'Élisabeth, qui semble tellement vrai et profond. C'est la grande réussite de la pièce selon moi. Les deux acteurs semblent s'aimer vraiment, leurs visages rayonnent de cet amour irremplaçable.

Sur le texte du Néo-Zélandais Gary Henderson (dans la traduction de Xavier Mailleux), le Théâtre L'instant, en collaboration avec le Théâtre Prospero, et son metteur en scène André-Marie Coudou offre une belle réflexion sur le deuil qui n'est pas seulement caractérisée par l'évidence d'une séparation physique, mais aussi par l'acceptation de reléguer ses souvenirs dans une catégorie de son être où on ne va pas trop souvent les chercher, sous peine de ne pouvoir s'en détacher.

Skin Tight, Te tenir contre moi, au théâtre Prospero du 26 avril au 14 mai 2016.

Cet article a aussi été publié sur info-culture.biz

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