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«Quatuor triste» dans le cadre du FTA, à l’Édifice Wilder à Montréal

Quatuor triste, c'est un ballet de danseurs nus, dont les corps musclés sont éclairés par des projecteurs situés au-dessus d'eux, à la verticale, et permettent de très beaux contrastes d'ombre et de lumière.
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Deux couples de danseurs nus, homme-femme et homme-homme, se tiennent debout sur les côtés adjacents d'une scène carrée. L'un des danseurs s'avance au centre, fait un tour sur lui-même en sautant, se retourne et reprend sa place. Il n'y a pas de musique, juste le silence qui pour l'instant n'attire pas l'attention sur le bruit du corps qui retombe lourdement sur le sol après ses brefs mouvements dansés. Puis c'est le tour d'un autre des quatre danseurs et ainsi de suite. Après de longues minutes de silence total, une très belle musique de style baroque et sacré se fait entendre. Les danseurs poursuivent leurs mouvements parfois acrobatiques, parfois très lents et décomposés, parfois à deux, toujours à tour de rôle avec des pauses qui font penser à des phrases d'un langage chorégraphié qui nécessitent qu'on s'y arrête pour bien en saisir la profondeur du sens.

Quatuor triste, c'est un ballet de danseurs nus, dont les corps musclés sont éclairés par des projecteurs situés au-dessus d'eux, à la verticale, et permettent de très beaux contrastes d'ombre et de lumière. Certaines figures font penser à la statuaire grecque antique qui nous a laissé ces athlètes des jeux panhelléniques dont les moindres muscles sont saillants et parfaitement découpés.

Des phases de silence alternent avec d'autres de différentes musiques sacrées qui donnent une grande solennité à l'ensemble. On ne peut que retenir son souffle, admirer la virtuosité des danseurs qui pourtant s'abattent toujours sur le sol avec toute la lourdeur de leurs corps.

Cette lourdeur, c'est ce qui m'a fait penser à la tristesse évoquée par le titre. Comme si le poids des corps évoquait les pesanteurs de la vie, les chagrins qu'on y rencontre immanquablement. La chorégraphie emprunte au ballet classique, mais comme débarrassée de sa légèreté et de son insouciance. Les visages des danseurs sont graves. Ils s'observent les uns les autres. À certains moments, des rapprochements amoureux sont tentés, on ressent de la tendresse ou de la solidarité. Mais les corps finissent par se séparer et s'éloigner. À d'autres moments, c'est comme si la douceur faisait place à une colère sourde qui envahissait les corps, mais était finalement retenue et disparaissait dans la résignation.

Il semble y avoir une réelle recherche dans l'expression du sentiment de tristesse dans ce quatuor signé du chorégraphe Daniel Léveillé. Les amateurs de danses légères seront sans doute déçus. En ce qui me concerne, j'ai trouvé l'ensemble empli d'une très grande émotion, saisissant par moments et extrêmement réussi également au niveau de l'esthétique des tableaux que formaient ces corps par moments éclairés savamment. La toute dernière scène dans laquelle l'éclairage changeait totalement était très belle, mais sans doute trop fugace. Les couleurs étaient différentes du reste du ballet et j'aurais aimé en avoir davantage sur ces tonalités.

Quatuor triste, du 30 mai au 1 juin 2018 à l'Édifice Wilder à Montréal

Un spectacle de Daniel Léveillé Danse

Chorégraphie Daniel Léveillé

Interprétation Mathieu Campeau, Dany Desjardins, Ellen Furey, Esther Gaudette, Justin Gionet, Simon Renaud

Musique John Dowland, Marin Marais, Luca Marenzio, Claudio Monteverdi, Josquin des Prés, Giovanni Salvatore, Giovanni Maria Trabaci

Lumières Marc Parent

Assistance à la chorégraphie Sophie Corriveau

Coproduction Festival TransAmériques

Avec le soutien de Theater im Pumpenhaus (Münster), Atelier de Paris - Carolyn Carlson

Résidence de création Maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce

Présentation Hôtel Monville

Création au Festival TransAmériques, Montréal, le 30 mai 2018

Information : http://fta.ca/

Quatuor triste © Denis Farley

Cet article a aussi été publié sur info-culture.biz

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