Ciel mon mari ! La phrase, devenue proverbiale, ne manque pas de provoquer les rires dans ce vaudeville délirant de Georges Feydeau, Monsieur Chasse, le préféré de ses 47 œuvres, et proposé au théâtre du Rideau vert à Montréal. Dans des décors d'intérieurs bourgeois, fin XIXe siècle parisien, neuf acteurs revêtus de costumes très élaborés dont certains morceaux - les pantalons en particulier - entrent dans la distribution des rôles, proposent un théâtre bien maîtrisé où les rires vont crescendo du début à la fin.
Monsieur Chasse produisit un triomphe lors de sa sortie à Paris en 1892. Le texte dans une langue magnifique est un chef-d'œuvre de quiproquos et de situations alambiquées mettant en scène deux couples mariés, deux amants, et la marée chaussée chargée d'enquêter sur le crime d'adultère. Même si tout le monde ment ostensiblement à tout le monde, tous ces gens sont très proches et se côtoient en bonne civilité. Mais la situation se complique lorsque tous se retrouvent physiquement dans un même lieu une certaine nuit, une maison tenue par une tenancière peu respectable et chargée d'accueillir les couples illégitimes...
Mais les rires sont aussi et surtout provoqués par le jeu des acteurs excellents. Duchotel, alias Monsieur Chasse (René Gagnon) dans son étonnant costume pied-de-coq, est le mari bien installé qui prétend tromper son monde en allant à la chasse pour rejoindre sa maîtresse. Son épouse, la futile Léotine (Diane Lavallée) n'accepterait de le tromper avec Moricet qu'à condition qu'elle soit certaine d'être victime d'adultère. Moricet (Carl Béchard), l'ami médecin est génial dans son rôle à la gestuelle délirante, de passionné de Léontine. Gontran (Jonathan Michaud), le neveu sans le sou de Duchotel partage bizarrement avec lui les mêmes tenues et les mêmes amours. Cassagne à la chevelure ébouriffée (Jacques Girard), le prétendu compagnon de chasse de Duchotel, est le mari trompé qui met innocemment les pieds dans le plat. Madame Latour (France Castel) est la tenancière de maison close, mais censée être de bonne réputation... La bonne (Danièle Lorain), le commissaire de police (Marco Ramirez) et son agent (Daniel Deslisle) sont aussi très comiques et ajoutent du plaisir à l'ensemble.
Contre toute attente, tout se termine à peu près bien dans cette « maison de fous ». Personne ne supportant qu'on lui mente - alors que tout le monde ment à tout le monde - les apparences sont sauvées et tout le monde a l'air content...
Monsieur Chasse au théâtre du Rideau vert à Montréal, du 15 septembre au 10 octobre 2015
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