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«Les Haut-Parleurs», entre harmonie musicale de l'amitié et bruits chaotiques de la rumeur

joue beaucoup sur les contrastes et la mince frontière qui sépare le bien du mal. Sous la fragilité de sa coquille, un œuf se transforme en un poussin ou en une arme humiliante.
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Le Fils, un adolescent de 16 ans, déménage avec son père dans une petite ville où il ne connaît personne. C'est l'été, la chaleur est intense, tout le monde ou presque s'est absenté. Restent la grande cathédrale, la forêt près du le lac et quelques solitaires. Entre les souvenirs et la réalité présente, entre le mystérieux Voisin et la délurée Greta, cet été est une initiation du Fils à la vie dans sa beauté et sa misère.

Dans un décor dépouillé, mais suggestif, Les Haut-Parleurs met en scène trois acteurs excellents et une bande sonore particulièrement élaborée.

Sébastien David, qui a écrit le texte et mis en scène la pièce, a introduit le son dans tous les interstices de l'œuvre. La fragmentation du discours et le jeu des acteurs, souvent minimaliste, donnent une grande force à l'ensemble. La narration est claire. Les personnages sont émouvants. La lumière du soleil aveuglante contraste avec l'obscurité des sentiments. La grande cathédrale se dresse entre le ciel et la terre, et sert de recueillement ou de lieu de défoulement.

Les Haut-Parleurs jouent beaucoup sur les contrastes et la mince frontière qui sépare le bien du mal. Sous la fragilité de sa coquille, un œuf se transforme en un poussin ou en une arme humiliante. L'amour fait des trous dans le cœur jusqu'à qu'il se brise totalement. L'été humide et étouffant est sublimé par Vivaldi dans la deuxième saison de son concerto. Une même personne peut être découverte dans toute sa richesse ou ignorée et servir de bouc émissaire. Le son comme la vie est d'emblée chaotique. Y introduire de l'harmonie n'est pas toujours possible.

Voix de la mère déprimée à travers les interférences de la ligne téléphonique, cris des chats qui s'accouplent, tintement des cloches de la majestueuse cathédrale, bruit de l'eau dans la baignoire qui se remplit, souffle de l'air climatisé, éclat du petit enfant de chœur en verre, brisé par sa chute sur le sol, résonnances étranges de la forêt la nuit, musique de l'orchestre ou concert de toux dans la salle de spectacle, les oreilles doivent faire le tri entre l'ordre et le chaos.

En une heure de spectacle, Les Haut-Parleurs nous attachent à ses trois personnages. Le Fils, ce garçon sensible et déchiré, va lui-même découvrir les déchirures de ses deux amis inconciliables, Gretta abandonnée par son Jason aux beaux mollets et qui ne veut pas suivre le douloureux destin de sa mère, et le vieux Voisin solitaire, attentif à tous les bruits du monde dont certains se révèlent insupportables à ses oreilles.

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