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Le spectacle de 65 minutes met en scène deux femmes et deux hommes moitié habillés et moitié nus.
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Observant que le corps ne se meut pas forcément ou pas uniquement sous l'impulsion de l'esprit, Spinoza faisait cette remarque devenue très célèbre: «nul ne sait ce que peut le corps»...

Voilà une formule bien susceptible d'inspirer les danseurs contemporains. Est-elle à la source de la chorégraphie de Catherine Gaudet pour le spectacle Au sein des plus raides vertus proposé à l'Usine C? Je l'ignore, mais cela m'est apparu possible.

Le spectacle de 65 minutes qui met en scène deux femmes et deux hommes moitié habillés et moitié nus se divise plus ou moins en deux parties.

Dans la première, les quatre protagonistes m'ont davantage fait penser à de grands singes anthropomorphes qu'à des êtres humains tels qu'on les imagine. Très sociaux à leur manière, ils se touchent, s'épouillent, se frottent les uns contre les autres. Pas de douceur dans leurs gestes souvent mécaniques. Chacun expérimente son corps à travers celui de l'autre, mais sans égard pour lui. Les regards ne se croisent pas. Ils ne s'adressent pas la parole. Mus par leurs pulsions intérieures, leurs étreintes se transforment en bagarres, chacun pétrissant l'autre plus qu'il ne le caresse.

Sur une musique de battements sourds ou aux tonalités plus extatiques, c'est une violence au ralenti pour des corps démantibulés qui se tordent, se rigidifient, tremblent ou perdent leur équilibre. Une grande solitude se dégage de l'ensemble. Chacun est dans son monde avec son propre corps qui est lui-même et paradoxalement un étranger pour lui.

Puis la musique change, le clavecin semble faire entrer le spectateur dans plus d'humanité. Le langage est davantage présent, mais avec lui la futilité du dire, les bavardages ou le jugement d'autrui, les principes de vertus affirmés et non suivis. La solitude des corps est encore là, tout aussi présente qu'auparavant. Même si les regards s'échangent maintenant, si les corps s'accouplent ou se meuvent au rythme précis de la musique, la machine se déglingue encore souvent. Le corps reste le grand étranger.

De l'ensemble se dégage une certaine beauté à certains moments forts, de l'humour également. Un côté facétieux aussi pour ces artistes chantant à cappella un hymne médiéval de type grégorien en entrée du spectacle et qui se transforme en berceuse traditionnelle pour les enfants... Le spectateur sort de la salle, quelque peu secoué lui-même, interrogatif sur son propre corps et sur celui des autres, encore...

Au sein des plus raides vertus, à l'Usine C, du 8 au 10 décembre 2015

Cet article a aussi été publié sur info-culture.biz

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