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«As is, (Tel quel)»: une fresque drôle et sordide à la fois

Tout semble en place chezpour faire le bien, éviter le gaspillage de la société de consommation, aider son prochain, fournir un travail à ceux qui en ont besoin, réinsérer ceux qui ne le sont plus... Quoi que...
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Une montagne invraisemblable d'objets donnés et amoncelés sur la scène. Un immense sous-sol sans fenêtre, fréquenté par des rats, au fond duquel s'accumulent depuis des lustres vieux vêtements déchirés, ours en peluche éborgnés, casseroles et couvercles dépareillés, fer à repasser, photos de familles disparues, lampes, valises, raquettes, matelas... un frigidaire, une armoire à cuillère... le tout un peu à la manière de la Complainte du progrès de Boris Vian, mais après leur utilisation et leur mise au rebut.

Un organisme de bienfaisance, l'Armée du Rachat, qui en rappelle une autre, chargé de récolter des fonds pour les nécessiteux et de réinsérer les marginaux. Tout semble en place chez As is pour faire le bien, éviter le gaspillage de la société de consommation, aider son prochain, fournir un travail à ceux qui en ont besoin, réinsérer ceux qui ne le sont plus... Quoi que...

Les employés de As Is, qui sont un peu les parias de la société, ont eux-mêmes leurs parias... Le recyclage des objets - parmi lesquels on trouve vraiment de tout, même une main coupée dans un seau - n'est pas vraiment atteint. Et les rapports de pouvoirs pervers et cyniques sont loin d'être évités. Tous les protagonistes ou presque finiront engloutis dans le grand compacteur...

C'est chez As Is que débarque un été, un garçon de 20 ans - Saturnin - intelligent, au cœur d'or, tout frais sorti de sa coquille et de ses études universitaires en musique puis en philosophie politique, et qui se cherche une première job avant de retourner étudier.

Mais voilà. Il n'a pas d'expérience. Juste la tête pleine de livres et de philosophie qui sont plutôt mal vus dans le monde du travail. As is, la section de tri de l'Armée du Rachat va toutefois le recruter. Le boss, a-t-il été quand même impressionné par son CV? Toujours est-il que Saturnin obtient le poste de trieur d'objets, un travail peu réjouissant, mais que les quatre autres employés convoitent depuis des années.

Saturnin veut non seulement être une bonne personne, mais s'intégrer comme il faut dans son nouveau milieu du travail....

Le texte de Simon Boudreault, qui a aussi mis en scène As Is, est un bijou de vérité, d'intelligence et d'humour. Chacun de ses personnages est bien campé, donne énormément à rire, bien qu'il n'y ait pas de quoi rire....

À un rythme effréné, sans le moindre temps mort, les répliques s'enchainent aux interprétations musicales des trois soldats de l'Armée du Rachat et aux chansons interprétées par les acteurs. Chacun des rôles est magnifiquement joué. Saturnin (Jean-François Pronovost), est touchant de gentillesse et de vérité. Tony (Denis Bernard), le boss cynique et véreux, est incroyablement drôle. Le Gros Richard (Félix Beaulieu-Duchesneau) est plus vrai que nature. Les trois employées féminines Suzanne (Marie Michaud) - celle qui accumule l'ancienneté -, Johanne (Catherine Ruel) - la mère de famille étranglée par les dettes - et Diane (Geneviève Alarie) l'amoureuse perpétuelle sont chacune émouvantes malgré leurs gros travers. Quant à Pénis (Marc St-Martin), dont même sa mère a presque oublié le vrai prénom, c'est sans doute le personnage qui donne le plus à rire, entre pitoyable et satisfait de lui-même, mais qu'on a aussi envie d'embrasser...

As is est une fresque drôle, mais sordide et tragique, où tous les travers humains se révèlent au jeune Saturnin ébahi, et qui donne à rire du début à la fin.

As is (Tel quel) du 9 au 17 octobre au théâtre Duceppe à Montréal

Une création du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui et de Simoniaques Théâtre.

Cet article a aussi été publié sur info-culture.biz

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