«Napoléon voyage», l'art de donner à voir et à ressentir avec de simples mots

Qu'on apprécie ou pas les voyages, il faut aller voir le spectacle Napoléon voyage de, et avec, Jean-Philippe Lehoux. L'auteur et interprète de 33 ans incarne son propre personnage et raconte plusieurs voyages qu'il a eu l'occasion de faire, certains dans des pays peu touristiques.

Du vécu! Mais surtout une manière de raconter qui transporte réellement le spectateur auprès des personnes et sur les lieux décrits. C'est saisissant! On s'y croirait. Jean-Philippe Lehoux a l'art de noter et de rapporter les moindres détails qui font bien le caractère des voyages dans leurs bons et leurs mauvais côtés. Un sens de l'observation unique. Beaucoup d'humour, bien sûr, mais aussi de la sensibilité, et l'art de se moquer de soi-même.

Après Marco-Polo, Napoléon et beaucoup d'autres, un jeune homme bien ordinaire rêve de grands voyages, de se trouver physiquement sur les cartes représentées dans les atlas qu'il feuillette.

Maigre, pauvre et de santé plutôt fragile, il part seul avec son sac à dos. Il n'a pas d'expérience de travail pour gagner les subsides indispensables à ses déplacements. D'un tempérament timide, il a peu de réussites auprès des femmes. Et l'on se demande ce qui peut bien le pousser à partir pour des lieux si lointains.

Durant près de 10 ans Jean-Philippe Lehoux a vraiment promené son sac à dos autour du monde. Il fait maintenant de cette expérience la riche matière de ses créations.

Dans un décor réduit au minimum, où seuls quelques clichés noir et blanc se colorent au gré des émotions du narrateur, Jean-Philippe Lehoux partage la scène avec Bertrand Lemoyne, acteur mais surtout auteur et compositeur, qui chante en s'accompagnant de différents instruments (guitare électrique, guitare sèche, ukulélé et autres). Il est comme le compagnon croisé à l'occasion, au hasard d'une rencontre dans des lieux parfois très accueillants et parfois carrément hostiles.

Napoléon voyage © Matthew Fournier

Napoléon voyage n'est pas qu'une compilation d'anecdotes, loin de là. C'est toute une réflexion sur les manières de voyager, le rapport de l'autochtone vis-à-vis de l'étranger, la rencontre avec l'autre, son hospitalité et son vécu dans des pays de souffrance, de calme et de beauté ou d'activité frénétique. Tout y passe. En 1h20 de spectacle, on se transforme en globe-trotteur, et l'on sort la tête pleine d'images, de sensations et de parfums; de souvenirs touchants, d'amitiés, de catastrophes évitées de justesse et de rencontres cauchemardesques...