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Homophobie: celui qui frappe n'est pas si différent de celui qui est frappé

Quand le gars crache au visage de sa victime ou la frappe en criant «Criss de tapette!», j'ai l'impression que c'est contre lui-même qu'il se bat. Il veut prouver qu'il est le contraire de ça, qu'il ne peut pas être gai ou même juste un peu attiré par d'autres hommes. Et j'ai la preuve scientifique de ce que j'avance.
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Vous rappelez-vous de ce qu'on disait à nos intimidateurs dans la cour d'école ? « Celui qui le dit, c'est celui qui l'est !» J'ai tellement entendu cette phrase que j'en avais perdu le sens. J'y voyais juste quelque chose à dire quand on n'a rien à répondre à une attaque gratuite. Quand je pense aux agressions homophobes aujourd'hui, cette phrase prend tout son sens.

Cette semaine, les médias rapportaient deux agressions physiques et gratuites contre des lesbiennes et un jeune gai. D'abord, je félicite les médias de les rapporter. Il n'y a pas si longtemps, on s'en foutait. Même les policiers traitaient les jeunes victimes comme si c'était de leur faute. Aujourd'hui, ce n'est plus socialement acceptable de mépriser les gais et c'est tant mieux. Mais pourquoi ces agressions ont-elles encore lieu ?

Quand le gars crache au visage de sa victime ou la frappe en criant « Criss de tapette ! », j'ai l'impression que c'est contre lui-même qu'il se bat. Il veut prouver qu'il est le contraire de ça, qu'il ne peut pas être gai ou même juste un peu attiré par d'autres hommes.

La preuve scientifique de ce que j'avance : une étude menée à l'université de Georgia, aux États-Unis (voir la vidéo à la fin du texte). Le professeur Henry E. Adams a identifié deux groupes de jeunes hommes hétérosexuels à l'aide d'un questionnaire. L'un des groupes était homophobe, alors que l'autre était indifférent à l'homosexualité d'autrui. Munis d'un détecteur de mouvement du pénis, il les a fait regarder des images porno gaies. Alors qu'en paroles, le groupe homophobe niait totalement être excité par les images qu'ils voyaient, le détecteur de mouvement indiquait un degré d'excitation substantiellement plus élevé que le groupe non-homophobe. Bref, l'homophobe typique était excité malgré lui par les images homosexuelles. Ça vous surprend ? Au final, celui qui frappe n'est pas si loin de celui qui est frappé.

Quand la tête est en conflit avec le cœur (ou plutôt la queue), il ne faut pas s'étonner que la violence surgisse. Combien de gais refoulés sont aujourd'hui en couple avec des femmes qu'ils font souffrir ? Leur tête leur dit qu'il faut les aimer, les baiser, les adorer, mais ils en sont profondément incapables.

Sortir du placard ou faire la paix avec ces pulsions qui les habitent leur est impossible parce qu'ils ont été conditionnés à croire que le modèle hétérosexuel est le seul valable, qu'ils seront une moitié d'homme s'ils assument cet aspect d'eux-mêmes. C'est plus facile pour eux de se défouler en fessant ou en méprisant les lesbiennes et les homosexuels, ou encore en étant misogyne envers les femmes.

Comment éviter ce genre de violences ? La réponse n'est pas simple. Voici la mienne : continuer à dénoncer l'inacceptable, maintenir les campagnes de sensibilisation, éduquer nos enfants vis-à-vis la diversité sexuelle, accepter le fait que nous sommes humains, que nous avons des pulsions sexuelles de toutes sortes, parfois surprenantes, mais pas pour autant condamnables.

Quelqu'un qui est bien, qui est à l'aise avec sa sexualité ne juge pas celle des autres. Partons de cette prémisse. Le retour des cours d'éducation sexuelle ne servirait pas seulement à éviter des grossesses non désirées, il pourrait aussi mettre fin au malaise entourant l'homosexualité et promouvoir une sexualité saine et bien assumée pour tous.

Je parie que si nous avions tous une vie sexuelle assumée, la paix dans le monde ne serait pas bien loin... D'ici là, éduquons-nous le plus possible.

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