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Entre la gauche caviar et la droite baloney

Entre gauche et droite, le caviar et le baloney, je me situe à quelque part de flou. Mais s'il fallait absolument choisir une option, comme c'est toujours le dilemme quand vient le temps de voter, je crois que j'ai trouvé mon camp. Voyons quelques options.
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Entre gauche et droite, le caviar et le baloney, je me situe à quelque part de flou. Mais s'il fallait absolument choisir une option, comme c'est toujours le dilemme quand vient le temps de voter, je crois que j'ai trouvé mon camp. Voyons quelques options.

Gauche caviar

Le Petit Larousse la définit comme une expression péjorative référant à un progressisme qui s'allie au goût des mondanités et des situations acquises.

Bref, la gauche caviar est formée de gens bien nantis qui se réclament de la gauche, mais qui vivent confortablement au-dessus de la moyenne. Le gauchiste caviar est tout à fait pour la réforme et un meilleur financement de l'école publique, mais il envoie ses enfants à l'école privée. C'est ce paradoxe qui excite et rend agressive la droite baloney, fait vomir la gauche baloney et agace légèrement la droite caviar. La gauche caviar se veut partie intégrante de la société. Elle a une opinion politique et sociale, mais au quotidien ne vit pas les problèmes sociaux qu'elle dénonce.

Un défaut qu'on pourrait lui reprocher, en plus de ses contradictions, est de ne pas s'assumer. À force de se sentir coupable de quelque chose sans savoir exactement quoi, cela donne des situations loufoques. Comme Jean-François Lisée et Léo Bureau-Blouin qui ont décidé de renoncer à une partie de leur rémunération qui leur revenait de plein droit.

Une fois au pouvoir, la gauche caviar essaie d'atteindre les principes sociaux démocrates qu'elle défend, mais se ravise lorsque le budget tombe dans le rouge.

La plupart du temps, elle fait preuve d'honnêteté intellectuelle. Il y a quelques exceptions, notamment lorsqu'elle propose des lois qui plaisent à son électorat en sachant en son for intérieur qu'elles ne tiendront probablement pas la route constitutionnellement. La Charte de la laïcité en est un bon exemple.

Lorsqu'on demande à la gauche caviar ce qu'elle pense d'un gars comme Éric Duhaime, elle répond par un sourire en coin.

Droite caviar

La droite caviar se torche complètement de ce qui est écrit dans ce blogue et dans la plupart des médias. Je mets au défi quiconque qui se considère comme étant de la droite caviar de m'écrire un courriel.

En fait la droite caviar est beaucoup trop occupée à servir ses propres intérêts économiques ou personnels pour s'intéresser au débat public. Le public, c'est sale. On n'y touche qu'en cas d'urgence. Et pour les jobs sales, on a toujours un pantin à faire élire. Ce pantin est souvent un professionnel de la communication qui a la faculté de bien connecter avec la droite baloney, ce qui fait bien rigoler la droite caviar.

Lorsqu'elle achète du baloney, la droite caviar dit au boucher: «Je voudrais bien 500 grammes de saucisson de Bologne... c'est pour mon chien.» Elle est contre la Charte de la laïcité, la souveraineté, et maudit tout ce qui peut entraîner une baisse de ses valeurs mobilières et immobilières.

Et lorsqu'on demande à la droite caviar ce qu'elle pense d'un gars comme Éric Duhaime, elle répond: «Qui? Who?»

Gauche baloney

Dans une salle pleine de gens, le gauchiste pur baloney se distingue des autres parce qu'il est le seul à ne pas lever la main lors qu'on pose la question «Qui veut plus d'argent?». Ça ne veut pas dire que c'est vrai, mais il le croit profondément.

Il prétend qu'il mange du baloney par choix, quoiqu'il achète la version tofu, parce qu'il ne croit pas non plu à l'abattage des animaux. Il arrive souvent que le gauchiste baloney soit le mouton noir d'une famille aisée, dont tous les membres sont de bons capitalistes ayant réussi. Il dira ne jamais regretter son choix de vie modeste en lien avec ses convictions, sauf lors des grandes fêtes familiales où l'opulence crasse lui rappellera que la vie, ce n'est pas juste des convictions.

En ce qui concerne la problématique sociale, il prétend qu'il a les «mains dedans», sans pour autant prendre en considération que ce sont souvent les impôts payés par ces riches qu'il méprise qui est à l'origine de son salaire. Parce que pour lui, toute richesse provient de l'exploitation d'autrui.

Par contre, donnez-lui un salaire plus élevé que la moyenne ou le pouvoir et il commencera à douter de ses convictions autrefois profondes. Comme tout le monde, il détestera payer des impôts et il s'apercevra qu'on n'accomplit rien sans compromis.

Pour lui, la Charte de la laïcité est une erreur. Faisons de l'étranger notre ami, éduquons-le gentiment plutôt que de bafouer ses droits fondamentaux.

Lorsqu'on lui demande ce qu'il pense d'Éric Duhaime il répond: «Je ne l'ai jamais écouté et je ne l'écouterai jamais. Je ne veux rien savoir de ce gars-là. Je le déteste et déteste ceux qui l'écoutent.»

La droite baloney

La droite baloney qui a aussi été baptisée droite jambon par le passé va voter pour le candidat planté par la droite caviar, parce qu'il rêve tellement d'être de la droite caviar qu'il en vient à mépriser les pauvres.

La droite baloney, qui a en général fait moins d'études que la moyenne, a souvent les moyens d'envoyer ses enfants au privé, mais ne le fait pas et approuve sans réserve la hausse des frais de scolarité. Autrement, elle a l'impression de subventionner le farniente des étudiants.

Lorsqu'on parle de mettre fin aux accommodements raisonnables, une problématique à laquelle le droitiste n'a jamais été personnellement confronté, il hurle de soulagement en disant: «Il était temps!!».

Et lorsqu'on lui demande ce qu'il pense d'Éric Duhaime, il répond. «Ce gars-là dit ben haut ce que tout le monde pense.»

Mon choix

Si j'ai à choisir un axe de pensée politique parmi ces quatre catégories, c'est celui de la gauche caviar. Même s'il m'arrive d'aimer parfois la pensée des personnes provenant de toute autre école de pensée. Aussi, je suis bien consciente que le nombre de catégories ici présentées est limité. La preuve est que j'ai animé une émission à Radio X et que j'ai aimé ça!

Comme a dit l'auteure Françoise Sagan: «Je préfère pleurer dans une Jaguar que dans un autobus». J'assume totalement même si je n'aime pas le caviar. Je pourrais d'ailleurs peut-être fonder la gauche champagne. Les bulles, c'est sûrement bon pour l'effervescence des idées. Et si ce sont des idées pour que tous aient accès à plus de soins, plus d'éducation, plus d'emploi, et ce, de manière réaliste, pourquoi pas? Un peu comme dans une cour d'école, si la gauche caviar répondait par un gros «Ouain, pis?» lorsqu'on l'accusait d'être nantie, si elle s'assumait davantage, peut-être que notre société progresserait plus vite.

Assumons nos contradictions et avançons. Ça vaut en politique comme dans la vie! Cheers!

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