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Une femme asiatique au Moyen-Orient: déconstruire les préjugés

Être femme et être asiatique ne m’a pas aidé à me fondre dans la masse. Alors que je me suis beaucoup promenée seule pour me déplacer.
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Je suis arrivée en Jordanie avec peu d’attentes et peu d’idées préconçues, prête à m'immerger dans la culture, à rencontrer, à explorer, et surtout comprendre. Je suis arrivée en Jordanie consciente de l’image qui berce le pays et la région, prête à déconstruire ces préjugés, ces idées préconçues.
Sonia Li
Je suis arrivée en Jordanie avec peu d’attentes et peu d’idées préconçues, prête à m'immerger dans la culture, à rencontrer, à explorer, et surtout comprendre. Je suis arrivée en Jordanie consciente de l’image qui berce le pays et la région, prête à déconstruire ces préjugés, ces idées préconçues.

Je suis arrivée en Jordanie à la mi-septembre en ayant peu d'attentes et, pour être bien honnête, en connaissant très peu le pays. Dès que j'ai mis les pieds dans l'aéroport, j'ai senti la gentillesse des Jordanien.ne.s. Aux douanes, les gens étaient souriants, gentils. Rien à voir avec bien des douaniers ailleurs dans le monde. Je m'y sentais déjà bien accueillie.

C'est la première fois que je mettais les pieds au Moyen-Orient, et j'allais y rester trois mois. Le Moyen-Orient, cette région du monde qu'on démonise dans les médias, à tort ou à raison. Bien souvent, quand tu dis «Moyen-Orient» plusieurs mots et images négatives viennent à l'esprit. Guerre, instabilité, islam, relation homme-femme. Bien d'autres mots avec une image plus positive pourraient être utilisés, mais ce n'est pas ceux-là qui sont régulièrement mis de l'avant.

Quand j'ai dit que j'allais en Jordanie, on m'a dit à quelques reprises: est-ce que c'est sécuritaire? Pour une femme seule? Est-ce que tu vas devoir porter le voile? Pour être bien honnête, avant de mettre les pieds sur le sol jordanien, bien souvent, je ne savais pas bien quoi répondre. Je n'avais pas pris beaucoup de temps pour lire sur la situation culturelle et politique du pays. Du moins pas assez.

Est-ce que c'est sécuritaire? Oui. Pour une femme seule? Oui.

Pendant mon temps à Amman, j'ai couru toutes les semaines, le soir en revenant de travailler. J'ai aussi beaucoup marché seule dans la ville. Et jamais je ne me suis sentie en danger.

Est-ce que j'ai dû porter le voile? Non. Bien que je dirais que la majorité des femmes sont voilées ici, il y a aussi des femmes qui ne portent pas le voile. Certes, s'habiller modestement est un prérequis, spécialement dans le milieu de travail, mais j'ai aussi vu des femmes se découvrir davantage.

Sonia Li

Je suis arrivée en Jordanie avec peu d'attentes et peu d'idées préconçues, prête à m'immerger dans la culture, à rencontrer, à explorer, et surtout comprendre. Je suis arrivée en Jordanie consciente de l'image qui berce le pays et la région, prête à déconstruire ces préjugés, ces idées préconçues. D'après mon expérience personnelle, j'en ai déconstruit dans une certaine mesure, notamment face à ces trois questions, mais j'ai aussi été malheureusement confrontée à ces idées préconçues comme le harcèlement.

Être femme et être asiatique ne m'a pas aidé à me fondre dans la masse. Alors que je me suis beaucoup promenée seule pour me déplacer; ce n'est pas habituel à Amman de marcher. Encore moins seule. Je n'ai pas vu beaucoup de femmes dans les rues. Bien sûr, il y en a. Elles sont entre copines, avec leur mari ou avec leurs enfants. Mais elles sont davantage à la maison, alors que les hommes sont partout. Dans la rue, dans les cafés, partout. Je me suis souvent retrouvée à des endroits dans lesquels je me suis demandé où elles étaient.

Du harcèlement à petite dose

Toutes les semaines, j'ai subi du harcèlement. Pas du gros harcèlement, ne méprenez pas, mais un peu à toutes les semaines. Regards insistants de la tête aux pieds, sifflements, «cat calls». Rien de très intense. Mais à répétition, par plusieurs hommes à fois, c'était parfois lourd.

On m'a crié par dessus la tête alors que j'étais seule ou avec des gens. Ni hao, Japan, Korea, China, Made in China et bien d'autres. Eh oui, je suis Made in China! Ça m'a découragé, fait sourire, fâché, fait rire. Ça n'a jamais été agressif, avec un ton très raciste, mais d'après un contentement, voire une certaine excitation, de croiser une Asiatique dans les rues. Ça m'a beaucoup fait réfléchir à comment on voit la différence, comment on deal avec.

Sonia Li

La différence fait parler. On l'aime, on la déteste.

Mais petit à petit, j'ai appris, compris, et je continue d'apprendre, de comprendre, de m'adapter.

Ça m'a tellement fâché de faire face à ces préjugés qu'on a à propos du Moyen-Orient, des pays arabes. Je ne voulais pas les vivre, pour montrer à tout le monde qu'il est tellement plus que ça... pour le peu que je comprenne de la région.

Mais j'ai vécu ces situations. Et c'est correct dans la mesure où ça fait partie de mon expérience, et je continue de dire que le Moyen-Orient, la Jordanie, c'est tellement plus que ces idées préconçues. J'ai rencontré des hommes qui n'aiment pas comment certains agissent avec les femmes, qui ne sont pas confortables. J'ai rencontré des femmes super engagées, qui travaillent en politique, en environnement, ce sont des femmes entrepreneures.

Mais vivre en Jordanie pour une courte période m'a amenée à réfléchir aux relations homme-femme, aux relations humaines, à la communication. Mon temps en Jordanie n'a pas toujours été facile pour différentes raisons, mais ça m'a ouvert les yeux. Et ç'a été une expérience unique.

Sonia Li

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