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Un budget à courte vue dans les limites du provincialisme

On constate bien tout le provincialisme du gouvernement en place. Il réduit encore une fois radicalement dans les représentations du Québec à l'étranger, mais il laisse intact le budget du représentant de la Reine au Québec.
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Nous ne nous attarderons pas trop sur l'infamie du dernier budget libéral, d'autres l'ont déjà fait abondamment. Pour l'essentiel, il était si prévisible que le présent texte aurait pu être écrit à peu près intégralement trois jours avant sa publication.

Tant que le Québec restera une province, tous les gouvernements auront à vivre avec ce que veut bien nous laisser le gouvernement d'une autre nation pour gérer nos programmes sociaux. La différence libérale, c'est le degré d'empressement avec lequel il fait rentrer le Québec dans la boîte canadienne.

Inutile de répéter que les libéraux n'ont pas respecté leurs engagements électoraux, que le cadre financier du Parti libéral du Québec à la dernière élection prévoyait des augmentations des dépenses de l'État de 2,875 % alors qu'ils ont choisi de couper dans les services à la population en limitant les augmentations à 1,5 % l'année prochaine. Quiconque n'a pas déjà compris le peu de valeur des promesses libérales ne le comprendra probablement jamais.

Même si les budgets augmentent en terme réel, les coûts de programmes augmentent généralement plus vite encore. Ainsi, les commissions scolaires évaluent un manque à gagner de 350 M$, les cégeps 21 M$ et les universités de 103 M$. Clairement, ce gouvernement n'a pas compris que l'économie de demain dépend directement de l'éducation de la population. Même dans le cadre fédéral, rien n'obligeait le gouvernement à agir aussi drastiquement à court terme. « On dirait que l'objectif du gouvernement est de trouver des économies à tout prix. Si tu reportes un déficit raisonnable, les gens vont comprendre. », déclarait l'économiste en chef du Mouvement Desjardins le 20 octobre dernier.

Ce qui n'a pas été dit

On constate bien tout le provincialisme du gouvernement en place. Il réduit encore une fois radicalement dans les représentations du Québec à l'étranger, mais il laisse intact le budget du représentant de la Reine au Québec (lieutenant-gouverneur).

À l'heure où l'Europe s'équipe des transports collectifs les plus modernes, où la Chine investit massivement dans les énergies vertes, le Québec demeure désespérément ancré dans une logique de petite gouvernance. Rien dans le présent budget de laisse entrevoir une ambition de permettre au Québec de réaliser son potentiel en investissant dans ses intérêts stratégiques.

Plusieurs problèmes fiscaux sont aussi difficiles à aborder en tant que simple province. Serions-nous en train de couper dans nos écoles secondaires si notre gouvernement avait le pouvoir d'agir sur les paradis fiscaux ? En 2013, les investissements canadiens directs à la Barbade étaient de 62 953 millions de dollars (220 % de hausse depuis 2000). En réglant ce problème, nous changerions de paradigme en terme de « gestion des finances publiques ». Or, le présent budget provincial est peu près muet sur la question des paradis fiscaux.

Toute la discussion autour du budget demeure centrée sur l'actuel gouvernement du Québec et son budget. Personne ne se demande ce qu'on fait des milliards envoyés par les Québécois à Ottawa chaque année. À l'heure actuelle, le Conference Board of Canada prévoit une explosion du déficit des provinces d'ici 2034 combinés à une explosion des surplus fédéraux. C'est avec notre argent que le gouvernement du Canada prévoit un plan de défense de 490 milliards, qu'il subventionne les pétrolières albertaines et le gouverneur général. Nous sommes tellement obnubilés par les difficultés de la comptabilité provinciale que nous avons oublié de considérer la situation dans son ensemble. Libres, aurions-nous fait les mêmes choix ? Si nous restons immobiles, les prochaines décennies seront à l'image de celle-ci. Le gouvernement du Québec sera forcé de choisir entre sacrifier l'éducation ou la santé alors que la marge de manœuvre fiscale qui nous permettrait de faire des choix plus intelligents se trouvera de plus en plus à Ottawa.

Merci à Patrice Vachon, économiste au Comité économique d'Option nationale, pour ses conseils avisés.

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