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Shimon Peres, combattant de la paix

Avec courage et au terme d'une vie entière dévouée à son pays et à la recherche effrénée de la paix au Proche-Orient, Shimon Peres a donc mené son dernier combat. Et c'est bien au delà des frontières d'Israël que l'on pleure à raison sa disparition, car nous avons perdu l'une des plus grandes figures politiques et morales de la seconde partie du 20e et du début du 21e siècle.
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Avec courage et au terme d'une vie entière dévouée à son pays et à la recherche effrénée de la paix au Proche-Orient, Shimon Peres a donc mené son dernier combat. Et c'est bien au-delà des frontières d'Israël que l'on pleure à raison sa disparition, car nous avons perdu l'une des plus grandes figures politiques et morales de la seconde partie du 20e et du début du 21e siècle.

Tout à la fois un sage, une conscience, un repère. Immense serviteur de son pays, Shimon Peres fut aussi l'un de ses meilleurs ambassadeurs à l'étranger. Lors de son 90e anniversaire, l'ancien premier ministre anglais Tony Blair, pour évoquer son incroyable popularité eut ainsi ce bon mot qui le fit parait-il beaucoup rire: "Nous, nous avons notre reine, mais vous, vous avez votre Shimon".

J'ai eu l'immense honneur d'avoir pu rencontrer Shimon Peres une dizaine de fois tout au long de sa vie et je ressortais de ces entretiens toujours avec le même sentiment: celui d'avoir un jeune visionnaire en face de moi, capable de discuter de nanotechnologies, énergies renouvelables et bien sûr de sa vision pour la paix pendant des heures, un éternel optimiste, un homme avec une énergie inépuisable, qui approchait la vie toujours avec une once d'humour.. Jamais je n'oublierai son 80e anniversaire. Une pléiade de personnalités du monde entier était venue faire le déplacement à Tel-Aviv: de Bill Clinton et Mikhaïl Gorbatchev à Barbara Streisand...."Je me sens un peu bizarre", avait alors confié Shimon Peres "Mais cela n'arrive qu'une fois en 80 ans. On peut y survivre".

Shimon Peres était de fait déjà entré dans l'Histoire de son vivant. Député constamment réélu pendant plus de cinquante ans, ministre à la longévité inédite dans douze gouvernements, trois fois premier ministre, son histoire se confond avec celle d'Israël.

S'il est bien une cause qui aura mobilisé son cœur et son esprit tout au long de sa vie, c'est bien cette quête presque irrationnelle de la paix.

Il a 25 ans lorsqu'il rencontre pour la première fois le fondateur de l'Etat David Ben Gourion. Ce dernier le pousse à entrer en politique et lui donne très vite des responsabilités. Celui qui n'est alors qu'un jeune homme savait-il qu'il agirait pour ses concitoyens durant près de six décennies? Imaginait-il un jour qu'on lui décernerait le Prix Nobel de la Paix?

Car s'il est bien une cause qui aura mobilisé son cœur et son esprit tout au long de sa vie, c'est bien cette quête presque irrationnelle de la paix. Inlassable partisan du dialogue avec les Égyptiens, Jordaniens puis Palestiniens et acteur majeur des accords d'Oslo, Shimon Peres n'a jamais eu de cesse y compris lorsque des attentats terroristes venaient ensanglanter le sol israélien, y compris dans les instants les plus tragiques de la Seconde Intifada de marteler qu'"il n'y a pas d'alternative à la paix". Les titres de ses ouvrages sont, à cet égard, très éclairants : Un temps pour la guerre, un temps pour la paix, Combat pour la paix, Le chemin de la paix... Presque une obsession en somme. L'espérance d'une vie, de toute évidence.

Fidèle aux mots de son ami Itzhak Rabin - à qui il a succédé après le lâche assassinat de ce dernier - qui disait vouloir faire avancer le processus de paix comme s'il n'y avait pas de terrorisme et lutter contre le terrorisme comme s'il n'y avait pas de processus de paix, Shimon Peres n'a pourtant jamais été un naïf.

Si son rêve de paix ne l'a jamais quitté, il fut aussi un courageux jeune homme qui s'engagea dans l'armée clandestine de la Haganah avant la création de l'État d'Israël, un stratège reconnu du Ministère de la Défense qui alla, en France, s'entretenir avec Guy Mollet ou Pierre Mendès France pour obtenir des armes et l'appui militaire de notre pays et, bien sûr, un homme politique de premier plan qui n'abandonna jamais le combat pour la sécurité et la légitimé d'Israël. Partisan de la barrière de sécurité et des opérations israéliennes contre le Hezbollah ou le Hamas, Shimon Pérès n'a, de fait, jamais faibli face aux menaces existentielles qu'a traversées l'État hébreu.

Celui-ci avait coutume de dire à la fois que "l'optimiste comme le pessimiste finissent par mourir, mais que tous les deux ont profité de la vie de façon très différente" et que "lorsqu'un miracle se produit dans notre vie, c'est seulement après ce que nous ayons fait tout ce qui était en notre pouvoir". Shimon Peres fut la synthèse de ces deux phrases : celui qui croit en la paix, celui qui l'espère, celui qui la fait et celui qui nous laisse cette quête en héritage.

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