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Les hommes comme alliés dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes : à quelles conditions ?

À la lumière des événements récents impliquant des étudiants de l'Université d'Ottawa, qui ont amené plusieurs d'entre nous à dénoncer la culture du viol présente sur les campus universitaires, il semble essentiel de nous demander comment, comme hommes, nous pouvons être des alliés dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes.
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À la lumière des événements récents impliquant des étudiants de l'Université d'Ottawa, qui ont amené plusieurs d'entre nous à dénoncer la culture du viol présente sur les campus universitaires, il semble essentiel de nous demander comment, comme hommes, nous pouvons être des alliés dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes.

La réaction des hommes

Dans un billet publié récemment, nous mettions en évidence la réaction de plusieurs hommes en colère lorsqu'il est question de violence masculine, même lorsque nous sommes confrontés à des situations où des hommes tuent leur conjointe ou leur ex-conjointe. Des réactions similaires sont observées lorsqu'il est question de violence sexuelle ou de culture du viol. En réagissant ainsi, ils refusent de reconnaître la violence des hommes à l'égard des femmes comme un problème social, tentent de justifier ou de légitimer la violence exercée par les hommes, en plus de positionner les hommes comme des victimes des femmes, du féminisme, etc. Il est peu probable que ces hommes, qui résistent face à toute remise en question des privilèges, attitudes et comportements masculins, puissent être convaincus de contribuer à la lutte contre la violence à l'égard des femmes.

Heureusement, tous les hommes ne réagissent pas de la même manière et certaines réactions nous permettent d'être plus optimistes. À cet égard, plusieurs hommes ne se sentent tout simplement pas concernés par la situation - «Je ne suis pas un homme violent» - comme si la violence masculine à l'égard des femmes était un phénomène rare et isolé, le fait de quelques hommes avec un profil particulier - le «violeur», le «pédophile», etc. Ces hommes ne sont pas nécessairement hostiles à une analyse féministe, mais ils ne voient pas très bien comment ils contribuent à ces phénomènes ou comment ils pourraient être impliqués dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes. Ce sont donc ces hommes qu'il faudrait arriver à conscientiser et à mobiliser.

Enfin, certains hommes sont sensibilisés à ce phénomène et sont convaincus de la nécessité de se positionner comme alliés dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes. Pour que cela soit possible, certaines conditions s'imposent.

Quelques conditions

Voici quelques éléments que nous devrions considérer, comme hommes, si nous souhaitons nous positionner comme alliés dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes :

1. Nous devons reconnaître la contribution inestimable des féministes qui, depuis plusieurs décennies, ont joué un rôle de leaders dans le mouvement pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Il ne faut surtout pas tenter de s'approprier le travail réalisé par ces femmes, dans des conditions sociales et politiques qui étaient souvent extrêmement hostiles.

2. Nous devons apprendre à négocier avec la méfiance ou les réticences que certaines femmes peuvent exprimer à notre endroit et concernant notre participation au mouvement pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Considérant la manière dont plusieurs hommes réagissent lorsqu'il est question de violence masculine, en plus des relations de pouvoir entre les femmes et les hommes dans notre société en général, il est facile de comprendre la méfiance et les réticences exprimées par certaines femmes. Nous devons faire nos preuves.

3. Nous ne devons pas nous attendre à ce que les femmes nous remercient ou nous considèrent comme étant des personnes «exceptionnelles» parce que nous contribuons à la lutte pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.

4. Nous devons assumer la pleine responsabilité de nos actions, ainsi que le rôle que nous exerçons au sein du système patriarcal. En effet, nous devons reconnaître que notre position sociale nous confère certains privilèges et que nous contribuons à la reproduction des inégalités entre les femmes et les hommes et de la violence masculine. En effet, même si nous ne sommes pas nécessairement des hommes violents, nous contribuons tous, par nos actions et très souvent par notre inaction, à la banalisation et à la légitimation de la violence à l'égard des femmes.

5. Nous devons nous positionner clairement et explicitement, dans toutes les sphères de notre vie, contre toute forme de violence à l'égard des femmes. Autrement dit, nos paroles doivent se traduire en actions concrètes de lutte pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, et de toutes autres manifestations de la domination des hommes sur les femmes.

Une responsabilité individuelle et collective

Les femmes sont probablement conscientes de la difficulté de convaincre les hommes de se positionner comme des alliés dans la lutte pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, ce qui doit nécessairement passer par une plus grande égalité entre les femmes et les hommes. L'histoire nous a d'ailleurs démontré que, s'il n'en était que des hommes, la violence sexuelle et la violence conjugale ne seraient probablement pas reconnues comme des problèmes sociaux. Nous avons néanmoins une responsabilité individuelle et collective, comme hommes, de lutter contre la violence à l'égard des femmes et de tenter de convaincre d'autres hommes de se joindre à nous dans ce mouvement.

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Avril 2018

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