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Patriotes et religions

Rappelons-nous la révolte des Patriotes. Bien que la liberté religieuse n'est pas l'enjeu central, elle est un des enjeux essentiels de ce combat.
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En réaction à ma dernière publication, j'ai reçu de nombreux courriels, les premiers prétendant que je supportais une religion précise, d'autres insinuant que je supportais les mouvements extrémistes, les derniers m'accusant de dénaturer la religion alors que «c'est un péché que je retire Dieu de cette définition».

Je me suis fait traiter d'extrémiste religieux et d'extrémiste athée. La réalité est tout au centre. Pour mettre les choses au clair, je ne suis adepte d'aucune religion et je ne suis pas athée. Je suis agnostique.

Un des buts de mon article précédent était d'introduire le sujet suivant: la liberté religieuse. Certes, je ne pratique aucune religion, mais je suis un ardent défenseur de la liberté religieuse. Plusieurs considèrent que la laïcité devrait signifier l'absence totale de religions. Pourtant, le but premier de cette laïcité était de permettre la manifestation d'une multiplicité religieuse.

La liberté de conscience et de religion est l'un des buts de la laïcité, l'État doit favoriser et non limiter son expression. - Rapport Bouchard-Taylor, 2008.

Un combat oublié

Rappelons-nous un peu les grandes révolutions de la création de l'Amérique, l'indépendance américaine et la révolte des Patriotes. Bien que la liberté religieuse n'est pas l'enjeu central, elle est un des enjeux essentiels de ces combats.

Comment sont nés les États-Unis? La scission de l'Église catholique est la source de la colonisation américaine. Lorsque l'Angleterre décide de renier la religion catholique et crée la religion anglicane, ce ne sont pas tous les sujets du roi qui acceptent ce changement. Plusieurs préfèrent devenir protestants, d'autres désirèrent rester catholiques et, finalement, des sectes anglicanes naquirent, comme les Quakers.

Persécutés en Angleterre, où le souverain était à la fois dirigeant politique et religieux, ces mouvements fuirent vers le Nouveau Monde dans le but de vivre leur foi en toute liberté. La conquête de la Nouvelle-France allait apporter un nouveau lot d'immigrants anglais fidèles au roi et sa religion. Ces loyalistes, désirant faire respecter la volonté de la Couronne, tenteront d'éradiquer les hérétiques des treize colonies. Outrés, les non-anglicans se révoltent et la Révolution américaine a lieu.

D'ailleurs, nous retrouvons la liberté religieuse au sein de la constitution américaine pour permettre à cette multiplicité religieuse de vivre en toute liberté. Le gouvernement se doit laïc, mais en permettant la liberté religieuse. La devise «In God We Trust» sera d'ailleurs ajoutée des années plus tard (votée officiellement en 1956 et implantée définitivement sur la monnaie en 1938). Suite à leur défaite, les loyalistes quittent le nouveau pays et s'installent au Canada, où les graines d'une révolution similaire sont déjà plantées.

Au Canada, les anglicans dominent d'une poigne de fer privant les catholiques (Français et quelques Irlandais) de tout accès à la politique, aux finances et aux autres postes privilégiés. Un parti politique se crée, le Parti Canada. Composé principalement de Canadiens français, il compte en son sein une bonne diversité culturelle. D'ailleurs son premier député sera élu dans la région de Trois Rivières, un marchand de religion juive. Le député n'étant pas chrétien anglican, il n'a aucun droit de parole ou de vote au parlement.

Le Parti Canada renaîtra sous un nouveau nom avec Louis-Joseph Papineau comme chef, le Parti Patriote. Tout comme le Parti Canada, les patriotes souhaitent un Canada sans tutelle de la Couronne britannique et avec une liberté religieuse pour que les Amérindiens, les catholiques et les juifs puissent participer à la construction de ce pays. Les loyalistes, ayant déjà vu une révolution, feront pression sur la Couronne pour qu'elle ne perde pas l'Amérique. Ils auront raison des Patriotes, qui sont aujourd'hui vus dans la culture populaire comme une révolte des Français défendant leur langue et leur culture, et non leur religion, la religion étant un trait culturel.

Pourtant cette caricature populaire que nous nous donnons n'explique en rien pourquoi le clergé ne supportait pas la révolte: il s'agirait pourtant d'une révolte de catholiques contre les hérétiques anglicans (du point de vue du Vatican). Suite à la Révolution française, le Vatican voit son pouvoir politique s'effriter. La république devient laïque et rejette l'influence du clergé sur la politique. Le Vatican n'a donc pas intérêt à promouvoir un combat pour la liberté religieuse. Le clergé croit d'ailleurs que c'est aux catholiques d'Amérique de convertir les hérétiques anglicans à tout prix, même s'ils doivent perdre leur langue et leur mode de vie. Un combat entre catholiques et anglicans empêcherait donc la conversion d'un grand nombre d'anglicans.

Il faudra attendre des années plus tard pour permettre la liberté religieuse au Canada. Duplessis annule symboliquement cette liberté religieuse en installant le crucifix dans le Parlement, ce même crucifix que l'on refuse de voir bouger. Il faudra attendre la Révolution tranquille pour avoir un semblant de laïcité.

Dans les années 1990, le clergé a toujours ces influences sur le gouvernement. Je me souviens avoir fréquenté une école qui servait aussi d'église dans ma ville. Je me souviens que cette école était au sein d'une commission scolaire catholique.

Donc, non, je ne supporte aucune religion et, oui, je les supporte toutes. Je supporte la liberté religieuse qui est le meilleur signe de démocratie, et non de totalitarisme. Sur le sujet religieux, je suis de centre. Je suis contre les extrémistes, mais ceux-ci, des deux camps, ont leur raison d'être (quelque chose qui les a poussés à naître). J'expliquais dans mon premier article une des cause de l'extrémisme religieux chez nos immigrants. L'extrémiste athée est, quant à lui, né d'une trop longue période pour obtenir une laïcité véritable au Québec.

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