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Le véritable enjeu de la francisation

La francisation n'est pas qu'un cours de français, c'est un cours où l'on explique « voici ce qui est normal ici, voici nos valeurs, nos coutumes, nos chansons».
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«Un cours de francisation, c'est un cours de français», m'a-t-on déjà dit.

Depuis peu, les médias parlent de cours de francisation en considérant qu'il ne s'agit que d'un cours de français et, à l'inverse, les cours de français sont considérés comme des cours de francisation.

Définissons les deux concepts :

1) un cours de français est un cours dans lequel on apprend ce qu'est la langue française, les règles grammaticales, de syntaxe, de conjugaison, etc.

2) un cours de francisation est un cours visant les nouveaux arrivants. Un cours de français y est inclus. L'autre moitié est un cours sur le Québec : culture, lois, histoire, valeurs, normes, etc.

Les coupures dont l'on parle depuis peu dans les grandes entreprises sont pour des cours de français. Toutefois, la francisation subit également des coupures. Ces cours se font dans des centres spécialisés (organismes, écoles, cégep). En plus de ces coupures, les différents ministères régissant ces cours ont ordonné une modernisation des installations. Donc, d'une main le gouvernement donne moins d'argent, de l'autre il oblige de petites organisations arrivant à peine à garder la tête hors de l'eau à se lancer dans des dépenses pour tout numériser le système.

Nous devons troquer manuels scolaires pour des photocopies, des projecteurs, etc., ce qui hausse en même temps les coûts de fonctionnement des organismes (encre et papier).

Le véritable drame de ces coupures n'est pas seulement que moins de nouveaux arrivants apprendront le français, mais également que moins de nouveaux arrivants auront un cadre pour socialiser avec d'autres cultures ; et, surtout, que moins de nouveaux arrivants en apprendront sur la particularité du Québec au sein de l'Amérique du Nord.

Beaucoup plus seront laissés à eux-mêmes pour comprendre un système qui diffère de leur pays d'origine et qui diffère du reste de l'Amérique. Le véritable drame est donc que moins d'immigrants pourront s'intégrer socialement au Québec. Les experts en intégration et en immigration, par exemple Selim Abou, vous le diront tous. Les gouvernements pensent intégrer les immigrants en les insérant professionnellement (et ce même si un ingénieur doit travailler dans une cuisine de McDonald's) alors qu'avant même de s'intégrer professionnellement, l'immigrant doit s'intégrer socialement, ne serait-ce que pour comprendre les normes d'usage dans la communauté.

Par ces coupures, M. Couillard brise l'exemple d'intégration du Québec et transforme notre Québec interculturel en Québec multiculturel, tout comme Trudeau (père) a tenté de créer.

Nous comprenons l'importance de ces cours lorsqu'une personne nous dit: «c'est la première fois de ma vie que je vois de la neige, je n'ai pas voulu que mes enfants y touchent de peur qu'ils se blessent», ou «je ne comprends pas l'obsession d'être à l'heure dans ce pays».

La francisation n'est pas qu'un cours de français, c'est un cours où l'on explique « voici ce qui est normal ici, voici nos valeurs, nos coutumes, nos chansons». C'est un cours qui ne se donne pas à l'école, puisque cette institution considère que tous sont «normalisés».

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