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Le 8 mars toujours interdit aux Iraniennes

Pour acquérir leurs droits fondamentaux, les Iraniennes doivent pouvoir se débarrasser de l'ensemble des lois et règlements misogynes basés sur la charia.
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Le premier 8 mars après l'avènement de la théocratie en 1979 en Iran s'est terminé dans la violence. Des Iraniennes, voilées ou non, sont descendues en masse dans la rue pour protester contre le voile obligatoire imposé par Khomeini et ont revendiqué haut et fort leurs droits et leurs libertés dans tous les domaines. De nombreuses femmes et militantes des droits des femmes ont alors été arrêtées, emprisonnées et traitées de «contre-révolutionnaires» ! Depuis, les Iraniennes ne sont plus autorisées de se réunir en public pour célébrer le 8 mars avec le reste de la planète.

Dans les années 1990, avec l'hypocrisie propre aux mollahs, le régime a décrété la date anniversaire de Fatemeh Zahra, fille unique du prophète et grande figure de l'islam, comme la Journée de la mère et de la femme. Et depuis l'an dernier, une journée est également dédiée aux jeunes filles (!) en célébrant l'anniversaire de sainte Massoumeh, sœur très vénérée du 8ème imam des chiites, dont le mausolée est à Qom. Ironie de l'Histoire, ces deux grandes dames de l'égalité étaient profondément opposées au dévoiement de la religion pour des intérêts personnels en vue de l'accaparement du pouvoir, et avaient pavé la voie à la place des femmes à la direction politique et religieuse de la société.

Durant ces fameuses journées, les autorités et les médias officiels insistent sans répit sur la triple obligation de la femme d'être bonne fille, bonne épouse et bonne mère, mais aussi sur la nécessité de «sacrifice», «vertu» et «dépassement de soi» qui doivent les transformer en esclaves dociles et soumises aux mâles. Pas un mot sur les innombrables difficultés quotidiennes, inégalités et déni des droits élémentaires des femmes en Iran.

Pour acquérir leurs droits fondamentaux, les Iraniennes doivent pouvoir se débarrasser de l'ensemble des lois et règlements misogynes basés sur la charia qui, telle une chape de béton, les empêchent de respirer la liberté et d'accéder au rang de citoyennes libres et égales aux hommes.

Dans les pays démocratiques, c'est normalement le rôle du Parlement de revoir les lois et de les adapter aux aspirations de la société. Mais la théocratie du «Guide suprême» n'a pas l'intention de toucher aux lois qu'elle présente comme divines.

Après plus de 36 ans de règne des mollahs, le nombre de femmes au Majlis en Iran n'a jamais dépassé les 14. Aucune loi n'a été votée pour améliorer la situation de près de 40 millions d'Iraniennes dans ce grand pays. Dans le 9ème et dernier parlement, il y avait 9 députées, toutes plus conservatrices les unes que les autres.

Pour la parodie des «élections» du 26 février, aucune femme n'a été autorisée à se présenter à l'Assemblée des experts, et seules 14 femmes ont été élues, alors que le Parlement compte 290 sièges. Une goutte d'eau...

Même si ces 14 «élues» ont des velléités d'améliorer la situation, elles n'auront pas plus de succès que les autres, en raison des lois misogynes gravées dans le marbre et l'existence du Conseil des Gardiens de la Constitution, composé de clergé et théologiens, doté du droit de veto sur tout texte de loi considéré contraire à leurs intérêts.

À l'occasion de la Journée internationale des femmes, ces nouvelles députées viennent de recevoir de leur homologue, Nader Ghazipour, député de la ville d'Oroumieh (nord-ouest de l'Iran) pour la 3ème fois consécutive, un message de bienvenue : «Nous n'avons pas construit ce pays facilement pour laisser maintenant des renards, des ânes ou des enfants entrer au Parlement. Le Parlement n'est pas un endroit pour les enfants, les ânes, ou les femmes ! C'est un endroit pour les hommes.»

Ce billet a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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