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Et les femmes dans les élections en Iran?

Aucune femme sur les 35 millions que compte l'Iran, ni même dans la poignée tolérée dans le cénacle du pouvoir, ne figure sur la liste finale des candidats.
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Le 26 février se déroulera en Iran le premier tour des «élections» législatives pour 290 sièges, et celles de l'Assemblée des experts composée de 88 moujtahids chargés de surveiller le guide suprême des mollahs et d'en choisir un autre en cas de décès d'Ali Khamenei.

Selon les médias iraniens, plus de 60 % des quelques 12 000 candidatures ont été rejetées par le tout puissant Conseil des gardiens de la Constitution. Ce collège est composé de six religieux, choisis par le guide suprême, et de six «juristes» nommés par le chef de l'appareil judiciaire, lui-même désigné par le guide suprême. Ce conseil a pour mission de filtrer les candidats à l'aune de leur loyauté envers le régime en place et leur dévouement «par la pensée et dans la pratique» à la doctrine du Velayat-e-faghih (la suprématie du guide religieux).

Cette grande vague d'invalidation a balayé d'un revers de main les 161 candidates à l'Assemblée des experts. Ainsi, aucune femme sur les 35 millions que compte l'Iran, ni même dans la poignée tolérée dans le cénacle du pouvoir, ne figure sur la liste finale des candidats à ce noyau dur qui désignera un guide auquel la Constitution les soumet corps et âme.

En ce qui concerne la parodie d'élections du majlis (le parlement), seules les candidatures de quelques dizaines de femmes sur près de 2 000 ont été retenues. Par exemple, selon le site officiel entekhabnews.ir, sur une cinquantaine de candidates de la grande ville de Chiraz près de deux millions d'habitants -, 17 ont été validées.

Le majlis sortant affiche neuf femmes parlementaires, farouches partisanes de la charia des mollahs. Elles n'ont jamais pris l'initiative ni se sont données la peine d'adoucir un tant soit peu la législation misogyne, ni de faire avancer d'un iota la situation des Iraniennes, réduites depuis 37 ans au statut de citoyennes de second degré.

Ces neuf députées n'ont jamais protesté contre les exécutions de 63 femmes sous la présidence d'Hassan Rohani. Elles ont voté des deux mains la ségrégation sexuelle dans les lieux de travail, le mariage du tuteur avec sa fillette adoptive, l'interdiction aux femmes de voyager sans l'autorisation du père ou du mari, les amendes financières contre les «mal-voilées», et tout un arsenal de restrictions toujours plus invasives dans la vie privée des femmes.

Il vaut mieux donc ne pas s'attarder sur le nombre des femmes dans le prochain parlement, ces mollahs en tchador étant encore plus misogynes que leurs homologues en turban.

Dans un entretien le 15 février avec l'agence officielle Fars, Maryam Varzdar, ex vice-présidente de «l'Organisation de mobilisation des femmes du pays» et présentée comme experte en la matière, n'a pas hésité à déclarer que «le majlis est une importante arène législative dans laquelle la compétence et non la présence des femmes doit compter. Nous pensons que les femmes s'intéressent davantage aux questions féminines, alors qu'un élu qui entre au parlement représente tout le peuple». D'après Varzdar, «le majlis doit être pieux, dévot et craignant Dieu». Considérant le mode de vie irano-islamique menacé, elle a jugé bon de rappeler en citant le guide suprême, que «la vertu et le vice de la société dépendent du vice et de la vertu de la femme».

Il semble que ces mollahs, hommes ou femmes «prétendus porte-étendards de l'islam» ont relégué aux oubliettes le fait que la première personne ayant cru à la révélation du Coran et au message du prophète Mahomet était son épouse Khadidja, femme remarquable qui apporta une aide considérable aux premiers temps difficiles de l'islam. Khadidja fut la première musulmane et conseillère du prophète de l'islam. Elle a été suivie par une longue lignée de femmes indépendantes et responsables à qui le prophète accordait toute leur place - conformément aux écrits du Coran -, notamment au sein des conseils de décisions politiques, économiques, sociaux et religieux.

On notera que, pour les besoins de la campagne, les candidats n'ont pas hésité à engager des jeunes filles au foulard en équilibre très instable sur la tête, ongles vernis, maquillage flashy et vêtements très moulants pour plaider leur cause, à défaut de programme. Un député sortant s'en est ému : «pourquoi en campagne on tolère les filles sans hijab et dès les élections terminées on leur impose le hijab ? Dans ces conditions il est préférable de... se passer d'élections.»

Enfin, pour la petite histoire, par crainte du boycott populaire qui s'annonce une fois de plus, Ali Khamenei vient de recourir à une série de fatwas, décrets religieux, pour inciter la population à aller voter. La sortie des femmes nécessitant la permission du père ou du mari, Khamenei a déclaré que «la participation de la femme aux élections n'est pas soumise à l'autorisation de son époux».

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