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Pour être honnête, je trouvais au départ cette question quelque peu irritante, puisque j'avais l'impression de toujours devoir justifier ma présence au sein des autres.
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Que symbolise «l'autre» dans la conscience collective?
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Que symbolise «l'autre» dans la conscience collective?

J'ai souvent entendu cette phrase par le passé en interaction avec des gens que je rencontrais pour la première fois. Pour être honnête, je trouvais au départ cette question quelque peu irritante, puisque j'avais l'impression de toujours devoir justifier ma présence au sein des autres.

Au fur et à mesure, j'ai compris que la curiosité québécoise est assez unique et sympathique, sans y mentionner une certaine touche assez humoristique non voulue. Il faut souligner qu'au Québec, l'immigration est un processus assez récent si l'on compare à l'Europe ou à nos voisins du sud.

Qui plus est, à l'heure où l'hystérie politico-médiatique autour du seuil d'immigration ou les débats sur la question «l'identité nationale» ne cessent de battre son plein dans la classe politique à l'aube des élections, je me suis demandé: que symbolise «l'autre» dans la conscience collective?

Le sens des mots

Pour moi, la question «tu viens d'où?» n'a bien évidemment aucune connotation xénophobe de façon générale. Simplement, elle nous indique, à mon sens, et de façon assez indirecte, qu'une partie de la population n'a pas encore tout à fait intégrée, dans la conscience collective, que les Québécois issus de l'immigration font partie intégrante de l'imaginaire provincial.

Il est difficile d'être issu de l'immigration, en matière d'identité, puisque cela implique de se balancer entre deux cultures qui, la plupart du temps, sont très différentes par leurs valeurs et coutumes, ce qui place l'individu entre deux mondes, parfois contradictoires pour le dire ainsi. Les minorités visibles représentent environ 13% de la population québécoise et on estime pour le moment à environ 50 000 le nombre de nouveaux immigrants par année.

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Par le fait même, la diversité ethnique, religieuse et culturelle vient enrichir, nuancer et complexifier le principe identitaire collectif. Ce questionnement est vécu de façon d'autant plus profonde par la deuxième génération d'immigrants qui se retrouve coincée entre des références propres à leur culture d'origine et leur terre natale possédant ses propres codes et héros.

Comme l'a si bien écrit le célèbre écrivain franco-libanais, Amin Maalouf: «L'identité n'est pas donnée une fois pour toutes, elle se construit et se transforme tout au long de l'existence». Cette citation est fondamentale si nous voulons comprendre et vouloir définir notre sort commun en tant que société distincte par son histoire et sa pluralité.

Le propre de la nation québécoise ne doit pas être enfreint par des divisions au sein de sa population, mais définit selon ces nuances et par le fait commun que tous devront reconnaître que le Québec est une société distincte du reste du Canada et que la langue première est le français. Cette reconnaissance distinctive est ce que l'on appelle en sociologie, le principe d'interculturalisme.

Il est primordial de régler cette question d'identité rapidement, et ce, avec inclusion et sans débordements médiatiques inutiles et contre-productifs.

Dans les prochaines années, notre société sera de plus en plus multiethnique, un fait que l'on ne peut pas nier, notamment parce que les secondes et troisièmes générations se feront de plus en plus présentes dans la société. Il est ainsi primordial de régler cette question d'identité le plus rapidement possible, et ce, avec inclusion et sans débordements médiatiques inutiles et contre-productifs. Dès lors, tout citoyen québécois est appelé à participer au débat, sans distinction.

Avenir à déterminer

Reste à savoir quel rôle les Québécois issus de l'immigration ont à apporter à la majorité francophone historique. Il faudrait que le débat sur la question de l'immigration, de l'inclusion ou de l'identité nationale ne soit pas uniquement «confisqué» par la classe politique, mais que la population en général - et en particulier les Québécois issus de l'immigration - soit aussi appelée à participer à ce débat et à donner leurs points de vue.

Selon moi, ceci est la seule façon d'éviter une canalisation du débat autour de la question et de la régler une bonne fois pour toutes. Ainsi, la population sera plus en mesure de définir cette sacro-sainte question de l'identité nationale. D'ici là, le «tu viens d'où» deviendra peut-être symboliquement un: «tu venais d'où»?

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