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Lettre ouverte à mes amis et à ma famille : je survis

Je veux vous décrire cette sensation de se réveiller dans une bulle. De se réveiller et de regarder autour de soi pour s'apercevoir que le monde s'est éloigné et que votre oreiller n'est pas réel, ou du moins pas aussi réel qu'au moment du coucher. Ce moment où vous vous êtes dit "Super journée. RAS. Tout va bien".
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Je veux vous décrire cette sensation de se réveiller dans une bulle. De se réveiller et de regarder autour de soi pour s'apercevoir que le monde s'est éloigné et que votre oreiller n'est pas réel, ou du moins pas aussi réel qu'au moment du coucher. Ce moment où vous vous êtes dit "Super journée. RAS. Tout va bien".

Je veux vous décrire ce que ça fait de se balader comme emmitouflée dans un brouillard épais. L'impression qu'on peut avoir lorsque vos enfants vous parlent mais que vous ne pouvez pas les regarder dans les yeux, et que leurs voix sont comme filtrées. Comme si elles n'étaient qu'un lointain écho, même lorsqu'ils vous serrent dans leurs bras en disant "je t'aime, Maman" - même lorsque vous pouvez sentir la chaleur de leurs petits corps contre le vôtre et que vous les embrassez, sans avoir la certitude que cet amour est bien réel. Vous éprouvez de la culpabilité. De la honte. Vous essayez de les regarder mais n'arrivez pas à les voir, parce que vos yeux ne peuvent pas se concentrer ou, s'ils vous en offrent le loisir, ne vous permettent que de fixer un nez, une tâche de rousseur ou une mèche de cheveux en bataille.

anxiety by caroro

Anxieté par Caroro

Je veux vous dire ce que ça fait de se réveiller un jour en étant pleinement présente. De ressentir de la sérénité parce que tout est normal. De s'auto-congratuler parce qu'on vous a dit que vous pouviez le faire. Votre amie vous a dit "Ignore tout ça. Mets-toi une autre histoire dans la tête ". Et votre histoire est désormais tout autre. Vous pouvez vous laisser aller à cocher avec résolution cette to-do list qui s'étale sur plusieurs pages. Vous accorder un café latte. Vous sautez l'étape maquillage, parce que ce n'est plus la peine d'essayer de tromper qui que ce soit. Plus la peine d'essayer de leur faire croire que vous vous souviendrez de ce qu'ils disent ou qu'aucune voix intérieure n'est en train de vous hurler de SORTIR DE LA. Trop dur.

Je ne vais pas mentir, la plupart du temps tout est trop loin et je me demande si je ne suis pas en train de glisser dans une autre dimension. C'est comme nager, mais dans une eau dense et lourde, et je n'arrive pas à avancer. Je parle bien de nager, pas de marcher.

Je ne vais pas mentir, je déteste dire aux autres que j'ai besoin de faire une pause. Je déteste me demander si mon visage reflète bien la bonne expression. Je déteste entrer dans la salle de bains pour m'entraîner à sourire face au miroir. J'essaie de faire remonter ce sourire jusqu'à mes yeux. Je déteste faire l'effort de détendre les mâchoires pour ne pas avoir mal à la tête. Je déteste cette sensation de ne pas être là. De n'être nulle part, en fait. Je déteste que vous me disiez d'ignorer tout ça. Que c'est facile. Que je peux y arriver. Je déteste lorsque vous vous rendez compte que vos grandes suggestions ne suffisent pas et que vous me dites que je devrais peut-être me faire aider par un professionnel.

Je veux vous dire ce que ça fait de se réveiller en sursaut dans le noir, le cœur battant à tout rompre. De trouver dans les rêves les ténèbres au sein des ténèbres. De lutter pour se réveiller, de s'agiter, de tourner d'un côté sur l'autre pour ralentir les battements du cœur. De nettoyer les toiles d'araignée de son inconscient. De se frayer un chemin jusqu'à la lumière du jour pour s'apercevoir que c'est de l'intérieur que l'ombre vous recouvre. Aucune douche ne la fera partir. Aucune résolution ne la fera disparaître. Impossible d'imaginer une issue, alors pendant la journée, on n'entend pas certains mots comme dramatique, mélodramatique, dramatiser, se détendre, faire des histoires pour rien, détends-toi, tout va bien, il faut que tu te changes les idées, tu as essayé la méditation ? Impossible de choisir une autre voie. On n'a pas choisi celle-là. Personne, jamais, ne la choisirait.

C'est déconcertant, et les autres vous regardent de travers lorsque vous leur dites que vous faites de l'anxiété. Lorsque vous vous arrêtez, mutique, en plein milieu d'une conversation, sans raison apparente. Lorsque vous parlez en boucle parce que vous n'êtes pas sûre que ce que vous dites est compréhensible pour les autres. Ni si vous avez bien dit ce que vous vouliez dire les trois premières fois. Ni si ce que vous dites a un quelconque sens, dans la mesure où vous-mêmes n'en voyez pas le sens.

Je veux vous dire combien c'est difficile de savoir pourquoi je suis comme ça. Combien c'est dur de se faire son propre défenseur. D'admettre que je dois y aller. De vous expliquer pourquoi je suis comme ça. De vous dire que je suis comme ça. De vous dire que je suis en crise, ou que j'ai un accès de panique, une hallucination ou toute autre sorte de réaction traumatique. D'utiliser des mots que la culture populaire a détournés de leur véritable sens. D'utiliser des mots qui devraient m'apporter plus de sérénité mais qui en fait me mettent en plus grand danger parce qu'ils ont acquis une charge inutilement négative et anti-intellectuelle, alors que vraiment, ils sont le pont de compassion qui peut me faire passer du statut de victime à celui de survivante.

Je tiens à vous dire combien ces mots brûlent ma langue. Comment ils traversent mes joues pour les faire rougir et me convaincre que je suis une menteuse. Combien vos soupirs, lorsque je m'efforce d'exister, tout simplement, me détruisent.

L'anxiété, pour moi, ce n'est pas être nerveuse pendant quelques temps. C'est la torpeur corporelle, les maux de tête, le mal de dos, la maladresse, les frissons, la sensation de froid, le rythme cardiaque élevé, une peur communicative, une voix bredouillante et des mots qui se déversent dans le désordre. Des jours durant. Voire des semaines, parfois. Même en suivant une thérapie. Même avec du soutien familial. Même en faisant attention à ce que je mange, avec des compléments alimentaires et avec un traitement médical.

Je dois vous dire que toutes les anxiétés ne sont pas les mêmes, et que je connais leurs différences. Mais la plupart du temps, mon anxiété me chevauche, comme une petite fille en pleurs sur mon dos, qui vient de s'écorcher les genoux. Qui m'aiguillonne entre les omoplates, cette zone que je ne peux pas atteindre avec mes mains. Cette enfant que j'essaie de réconforter alors qu'elle m'enserre le cou. Qui peut me faire tomber, se raccroche à moi, et se blottit contre moi pour bien me rappeler ce que je suis pour elle.

Cet article, publié à l'origine sur le Huffington Post américain, a été traduit de l'anglais par Mathieu Bouquet.

Les bruits qu’on est seul(e) à entendre
Silvia Otte/Getty Images
Pourquoi c’est peut-être lié au stress: On ne connaît pas le lien exact entre stress et acouphènes (un tintement, bourdonnement, ou sifflement dans les oreilles), mais selon une étude publiée dans la revue médicale BMC Public Health, une personne angoissée à l’idée d’être renvoyée ou transférée à un autre poste risque davantage de se plaindre d’acouphènes ou de souffrir de pertes d’audition qu’une personne n’ayant aucune crainte au niveau professionnel.

Autres causes possibles: Excès de cérumen, bruits trop forts et perte d’audition liée à l’âge. Si la fréquence de ces problèmes devient trop importante, consultez un oto-rhino-laryngologiste pour en identifier la cause.
Une timidité au travail qui ne nous ressemble pas
Musketeer/Getty Images
Pourquoi c’est peut-être lié au stress: Le stress peut entraîner une plus grande impulsivité (il influe sur les zones du cerveau qui régulent nos comportements), mais aussi l’excès inverse: repli sur soi et perte de confiance qui sont plus évidents au travail, selon le docteur Susan Evans, professeur en psychologie clinique au Weill Cornell Medical College. "On n’ose pas exprimer son opinion, dans une réunion où on l’aurait normalement fait sans hésiter, parce qu’on ne se sent plus aussi sûr de ce qu’on a à dire", explique-t-elle. Une petite étude de la revue Neurocase a montré qu’après trente minutes d’un film oppressant (dans ce cas précis, Il faut sauver le soldat Ryan), il était plus difficile de réussir des exercices ardus d’association de mots qu’après avoir regardé un divertissement plus léger.

Autres causes possibles: La dépression, vous l’aviez deviné. Le repli sur soi est un symptôme classique, mais le plus souvent accompagné d’autres signes comme une perte d’intérêt pour vos activités favorites, un sentiment de désespoir ou des modifications de l’appétit.
Un microbe dans l’air et vous tombez malade
Sam Edwards/Getty Images
Pourquoi c’est peut-être lié au stress: Quand on est stressé, le système immunitaire en prend un coup, ce qui vous rend plus vulnérable aux virus qui circulent chez vous ou au travail. Une étude de la revue Proceedings of the National Academy of Sciences a montré que les stressés avaient deux fois plus de chances de tomber malades après avoir été exposés au virus du rhume. Ils ont produisent aussi davantage de composés pro-inflammatoires une fois infectés, ce qui peut accroître les éternuements et les écoulements nasaux.

Autres causes possibles: A long terme, le manque de sommeil peut aussi affaiblir le système immunitaire. Si vous dormez bien et n’êtes pas stressé mais que vous tombez sans arrêt malade, consultez votre docteur pour vérifier que ce n’est pas un problème plus sérieux.
Vous allez aux toilettes sans arrêt ou pas du tout
Vast Photography/Getty Images
Pourquoi c’est peut-être lié au stress: Le corps peut fonctionner moins bien parce qu’il focalise son énergie sur les organes et les systèmes essentiels afin d’assurer votre survie, selon le docteur David Spiegel, directeur du centre Stress et santé de la faculté de médecine de Stanford. Des études laissent également entendre que la diarrhée pourrait être due à la réaction de votre ventre à la CRH, une neurohormone que le cerveau produit en état de stress (notre côlon est parsemé de récepteurs CRH).

Autres causes possibles: La constipation peut venir d’un manque de fibres (les besoins quotidiens s’établissent à 25 grammes pour les femmes de moins de 50 ans, et de 21 grammes pour les autres). Pour la diarrhée, dans les causes non liées au stress, on peut citer les gastroentérites, les intoxications alimentaires et certains médicaments. Ou peut-être votre alimentation n’est-elle pas adaptée, comme pour ces six produits qu’on a souvent du mal à digérer.
Vous faites des choses très bizarres en dormant
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Pourquoi c’est peut-être lié au stress: Bien que cela soit rare et limité aux cas extrêmes, le stress peut entraîner des parasomnies (des phénomènes anormaux comme le somnambulisme, l’alimentation somnambulique et les terreurs nocturnes), selon le docteur Rajita Sinha, directrice de la clinique Yale Stress Center. Votre système nerveux sympathique, trop sollicité, est constamment en alerte. Il déclenche votre réponse combat-fuite et, chez les personnes souffrant d’un stress extrême, peut prendre le dessus sur les actions apaisantes de votre corps pendant le sommeil, provoquant une activité anormale. "J’ai eu un patient très stressé qui, en voyage d’affaires, se levait au milieu de la nuit, s’habillait, descendait à la réception de son hôtel et parlait à des gens", explique le Dr. Spiegel. "Le lendemain matin, il ne se souvenait de rien."

Autres causes possibles: Apnée obstructive du sommeil, médicaments et certains troubles (rares) du cerveau. Votre médecin vous aidera à trouver parmi ces causes celle qui provoque vos problèmes de sommeil.
Vos règles vous mettent par terre
Cultura RM/Ian Spanier/Getty Images
Pourquoi c’est peut-être lié au stress: En état de stress, le corps produit des quantités de produits chimiques pour vous aider à réagir et limite ceux qui pourraient atténuer l’inconfort, indique le Dr. Sinha. Ceci entraîne une plus grande sensibilité à la douleur, tout particulièrement celle liée au cycle menstruel. Les femmes ressentant plus de stress ont ainsi déclaré souffrir de symptômes plus forts pendant leurs règles, par exemple de crampes et de douleurs, selon une étude de la revue Journal of Women’s Health.

Autres causes possibles: Consultez pour écarter les causes comme les fibromes, les réactions à un stérilet en cuivre, les maladies inflammatoires pelviennes et l’endométriose.
Insensibilités ou fourmillements dans les bras et les mains
Pixland/Thinkstock
Pourquoi c’est peut-être lié au stress: Toute cette tension pourrait se concentrer dans votre cou et vos épaules, problème très courant chez les femmes, selon le docteur Holly Phillips, spécialiste de médecine interne à New York et consultante médicale pour l’émission CBS News. En cas de stress majeur, la tension peut entraîner la compression de certains nerfs le long de votre bras, ce qui génère des insensibilités ou des fourmillements. "Passer des heures penché sur un ordinateur ou un smartphone, tous les jours et dans un état de stress énorme peut faire empirer ces problèmes musculaires", explique-t-elle. "Nos oreilles devraient être juste au-dessus de nos épaules mais étant donné que nous sommes penchés en avant, cela cause des douleurs."

Autres causes possibles: Le syndrome du canal carpien peut aussi entraîner des insensibilités et des fourmillements, tout comme les tâches qui nécessitent de plier sans arrêt le poignet. Autre cause potentielle, mais moins courante: les lésions nerveuses. La cause peut cependant être grave (diabète, infections, traumatismes et maladies auto-immunes, pour n’en nommer que quelques-unes), alors si vous souffrez de ces symptômes, prenez rendez-vous avec votre médecin pour vérifier que tout va bien.
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