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Pour la santé de notre intestin, faut-il supprimer le lait et le gluten?

La communauté scientifique s'est toujours opposée à cette pratique, avançant l'absence de toute preuve d'efficacité et ses dangers potentiels -risques de carence-, la classant parmi les modes farfelues sans lendemain.
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Alors que la médecine actuelle s'appuie fermement sur le paradigme des preuves, une partie croissante de la population (entre 15% et 40% selon les sources) a supprimé plusieurs catégories d'aliments sans argument scientifique formel, mettant en avant une «prétendue» intolérance au lactose et/ou au gluten.

Ces régimes d'éviction sont généralement adoptés pour soulager ou tenter de guérir des maux divers (fatigue, mal-être, douleurs diffuses, troubles digestifs...) ou des pathologies désespérément chroniques que le corps médical a du mal à étiqueter, prendre en considération et a fortiori traiter. La communauté scientifique s'est toujours opposée à cette pratique, avançant l'absence de toute preuve d'efficacité et ses dangers potentiels -risques de carence-, la classant parmi les modes farfelues sans lendemain.

Depuis 2011, de nombreuses équipes de chercheurs, sous toutes les latitudes, en s'intéressant non plus au seul contenu de l'assiette mais à celui de l'intestin, ont émis l'existence d'un lien entre plusieurs catégories d'aliments (charcuterie, céréales, lait et laitages, viande) et l'apparition, l'entretien ou l'aggravation de certaines voire la plupart des maladies et pathologies. Ces études, publiées sur un rythme soutenu, tendent toutes à démontrer le rôle primordial de nos bactéries intestinales dans l'équilibre ou le déséquilibre de cet écosystème singulier qui fait ou défait la santé. Et il s'avère que les deux piliers (lait, gluten) des régimes d'exclusion pourraient figurer parmi les facteurs déclenchants responsables d'un processus intestinal délétère (déséquilibre bactérien -> inflammation -> hyperperméabilité), impliqué dans la plupart des maladies et pathologies digestives ou à distance: citons pour le moment l'allergie, le diabète, le surpoids et l'obésité, les infections récidivantes, l'inflammation en dermatologie ou rhumatologie, possiblement les maladies psychiatriques et neuro-dégénératives. Cette liste est loin d'être exhaustive et se complète semaine après semaine.

Il apparaît donc que cette démarche empirique d'éviction, à condition d'être analysée, comprise, probablement nuancée, pourrait non seulement s'intégrer à la révolution du microbiote que nous vivons actuellement mais y jouer un rôle bénéfique.

Focus sur le lait et le gluten

Ce sont eux que les patients «intolérants» ont inscrit sur une liste noire et écarté de leur alimentation. Voyons ensemble les raisons avancées, les résultats attendus, les dangers dénoncés.

Le lait, un aliment santé ou une belle vacherie pour l'homme?

Malgré les recommandations réitérées des pouvoirs publics de consommer au moins trois laitages par jour, une partie de la population adulte s'est progressivement détournée de cette boisson qui promettait d'après la pub de faire «des enfants forts, studieux et vigoureux» et l'a quasiment éliminée de son alimentation courante. C'est vrai que le lait actuel n'a plus grand chose à voir avec la boisson pure qu'on consommait autrefois.

Le lait est un des symboles forts des dérives de l'agro-alimentaire, un produit industrialisé, additionné de substances nocives ou toxiques (antibiotiques, facteurs de croissance, perturbateurs endocriniens...) et plus du tout l'aliment-santé préconisé depuis des décennies. Il reste certes indispensable à l'enfant, mais n'a d'intérêt ni nutritionnel ni médical pour la plupart des adultes, qui ont d'ailleurs du mal à le digérer.

En pratique, si vous êtes accroc au lait:

- Choisissez-le au moins bio, c'est déjà une garantie sans être un facteur absolu de qualité.

- Évitez les mélanges de laits de provenances incertaines, optez pour une filière saine et de qualité (type bleu-blanc-cœur, label rouge...).

- Si vous souffrez d'une simple intolérance, supprimez le lait de vache et les laitages; gardez le fromage, de préférence de chèvre ou de brebis, au lait cru.

- Si vous êtes atteint d'une pathologie inflammatoire ou d'une maladie grave, a fortiori si vous êtes en chimiothérapie, réduisez voire supprimez totalement le lait de vache et les laitages de votre alimentation.

Certains ne supportent pas trop le blé

L'hypersensibilité au gluten ne semble pas une simple lubie d'écolo-bobo, extrémiste du manger sain. Le gluten est en effet une protéine réactive et beaucoup d'organismes ont du mal à ingérer les trop grosses quantités actuellement présentes dans le blé. C'est la raison pour laquelle le sans gluten s'est étendu comme la vague d'un tsunami, envahissant rapidement les linéaires des épiceries, supérettes, moyennes et grandes surfaces... de façon probablement irréversible, les intérêts des patients recoupant ceux de l'agro-alimentaire.

Pour une grande minorité (1%) de personnes qui souffre réellement d'une allergie au gluten (maladie coeliaque) et doit impérativement en éviter toute trace, beaucoup ont fait du régime sans gluten leur quotidien dans des indications justifiées, discutables ou parfois fantaisistes... mais avec des résultats qu'ils jugent bénéfiques sur leur qualité de vie et leur santé. Et c'est finalement ce qui nous importe, à condition de ne faire courir aucun danger au patient.

Et c'est précisément le cas puisque le régime sans gluten est absolument sans risque contrairement à ce que peuvent affirmer certains à court d'arguments; il oblige à manger plus sain (fruits et légumes, aliments non transformés) et à éliminer les produits trop raffinés, les plats-traiteur généralement bourrés d'excipients divers (acidifiants, colorants, conservateurs...) et de sel. Il est relativement facile sauf pour les amateurs de pain, de pâtes, de gâteaux. N'oublions toutefois pas le surcoût financier, d'environ 20%, imposé pour le moment par l'achat de ces produits.

Faut-il supprimer le gluten si on est en bonne santé?

Seuls les malades coeliaques ont pour obligation de le supprimer totalement. Pour ceux qui vont bien, nous pensons, contrairement à ce qu'affirment de nombreux spécialistes, qu'une réduction des apports constitue une mesure simple, de bon sens, efficace pour éviter de stimuler le trio infernal («déséquilibre bactérien-inflammation-hyperperméabilité intestinale») dont nous parlons dans notre ouvrage.

Conclusion

«L'alimentation-santé» que nous préconisons depuis des années commence à entrer dans les mœurs mais encore trop lentement à notre gré. Les études scientifiques réalisées ces derniers mois arrivent à point nommé: leurs résultats sont tellement renversants et prometteurs qu'ils devraient constituer un électrochoc salutaire et décider l'ensemble des consommateurs, patients, malades ou bien portants à s'intéresser de plus près à ce qu'ils mangent, puisque leur santé présente et future en dépend.

Et parmi les mesures alimentaires de salut public, insistons sur la mastication, l'ambiance calme du repas, la variété dans sa composition, le (ré)ensemencement intestinal, la suppression des aliments non ou mal tolérés parmi lesquels figurent dans le peloton de tête le lait et le gluten.

Serge Rafal est l'auteur de "Ben mon côlon!", publié le 9 mai 2016.

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© Leduc.s Editions

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