Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Les réfugiés sont-ils des anges ou des démons?

Il y a ce refus de voir en certaines victimes des agresseurs, refus de voir que certains réfugiés ou migrants puissent être des hommes violents, comme si le statut de réfugiés les immunisait.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

En ces temps troubles ponctués par les attaques terroristes, les réactions émotionnelles prennent le pas sur la réflexion, au risque de voir en tout musulman un ennemi de la démocratie, un terroriste, un violeur en puissance.

Plus que jamais notre réflexion se doit d'être affinée, afin de ne pas se retrouver prise en étau entre une généralisation qui donnerait raison aux xénophobes ou des compromissions qui feraient des islamistes des alliés de nos luttes pour la liberté, pour l'égalité femmes-hommes et la justice sociale.

La paresse intellectuelle assimile tout ressortissant du Maghreb ou du Machrek à non seulement un musulman mais aussi un islamiste, un ennemi de l'Occident.

Or, juger des citoyens en fonction de leurs origines ou de leur religion réelle ou supposée ne peut pas servir la défense ou la promotion de la laïcité. Il s'agit simplement de xénophobie, le terme laïcité n'étant qu'un alibi.

Cette pensée simpliste et binaire ne peut servir que les deux extrêmes: la xénophobie qui se sert d'une définition erronée de la laïcité pour mener une guerre contre une partie de la population, et l'islamisme qui prône le choc des civilisations.

Les xénophobes tentent de faire croire que tout musulman est un islamiste, un terroriste, voire un violeur. Ils veulent nous faire croire que les violences et le terrorisme sont intrinsèques à un groupe ethnique. Cette pensée n'est que le recto du verso du relativisme culturel.

On oublie en ces temps d'embrouille intellectuelle que la population du Maghreb au Machrek est aussi la cible du terrorisme du groupe armé État islamique. Les islamistes, quant à eux, profitent des discours incitant à la haine pour crier à l'«islamophobie», imposant ainsi ce terme fallacieux au débat. Ils vont jusqu'à se considérer comme victimes. On oublierait presque que c'est l'islamisme qui véhicule les messages de haine.

Il faut aussi questionner la tendance qu'ont les politiques et les médias à aller chercher des réponses chez les représentants du culte. Par ce comportement, ils donnent aux religieux un rôle politique.

Comme si c'était à la mosquée de gérer les crises de la société, comme si le politique ne pouvait décider sans consulter la religion, comme si la société n'était composée que de croyants. Par ce comportement le citoyen ayant certaine «origine» serait uniquement un croyant, il n'aurait pas le droit d'être athée, agnostique, bouddhiste, son représentant légal étant le représentant du culte.

Une fois de plus, le politique délègue sa responsabilité et enferme les populations dans le repli communautaire et religieux, en les laissant trouver les solutions en interne. Il est vrai que la société a tendance, quand elle ne nie pas tout simplement les violences, à les considérer comme une affaire de «famille».

Parallèlement, on ne peut accepter le silence qui a pesé sur les violences sexuelles dont ont été victimes des femmes, non seulement à Cologne en Allemagne, mais aussi en Autriche, en Suisse et en Finlande. Tout comme a pesé et pèse encore le silence sur les violences sexuelles commises dans les camps à l'encontre des femmes réfugiées.

Certaines associations antiracistes et certaines associations féministes, se sentant mal à l'aise, ont ou bien minimisé ces faits ou se sont réfugiées dans le mutisme par peur de faire le jeu de l'extrême droite.

Mais auraient-elles aussi intériorisé leur complexe de «post-coloniales» ainsi que la «supériorité» de la lutte contre le libéralisme et le capital?

Le silence des pouvoirs publics (qui ne livrent jusqu'à aujourd'hui les informations qu'au compte-gouttes) est également insupportable. Le manque de communication de la part des autorités et des associations a créé un vide, il a abouti à ouvrir une brèche pour les affirmations xénophobes de l'extrême droite.

Beaucoup d'associations antiracistes et féministes défendent le droit de protection pour les réfugiés qui fuient les guerres et les violences de l'organisation État islamique.

Ces réfugiés sont pour la plus grande majorité des victimes. C'est pour cette raison qu'il y a ce refus de voir en certaines victimes des agresseurs, refus de voir que certains réfugiés et/ou migrants puissent être des hommes violents, comme si le statut de réfugiés les immunisait.

Ne pas communiquer sur ces violences, c'est oublier que le viol est utilisé comme arme de guerre.

À ce jour, nous ne savons pas si les agressions sexuelles et les viols commis ont été coordonnés ou non. Au regard du manque d'informations, nous ne savons pas s'il s'agit de terrorisme sexuel.

Cette hypothèse me rappelle les viols commis par les milices pro-Frères musulmans à l'encontre des manifestantes de la place Tahrir, en Égypte, en 2012. Il s'agissait alors d'actes prémédités. On voulait effrayer les femmes et humilier les hommes.

Ces milices avaient exploité le concept de l'honneur à «l'orientale»: l'honneur d'une famille, d'une tribu, d'une nation se logeant entre les cuisses des femmes.

La recrudescence des violences sexuelles perpétrées par les islamistes armés, qu'ils appartiennent à l'État islamique, à des milices organisées, ou à une foule en furie contre les femmes, est le résultat des prêches et fatwas qui incitent à la haine envers les non musulmanes. Certains prédicateurs fondamentalistes incitent non seulement à prendre les armes contre l'Occident, mais légitiment le jihad sexuel et les violences sexuelles. Dans ces prêches, les femmes non musulmanes sont considérées comme des «mécréantes», des impies, des butins de guerre, réduites à l'état d'esclaves sexuelles.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

No. 10: Djibouti

Les pires pays arabes pour les femmes

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.