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Schopenhauer, sors de ce corps!

Collectivement, nous semblons en pleine dérive - sur le plan financier autant qu'idéologique - et je me demande quel électrochoc il nous faut pour réussir à nous sortir de notre marasme et à préparer un avenir meilleur pour nos enfants.
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Il y a un peu plus d'une semaine, le quotidien La Presse posait une question fort simple à ses lecteurs : Où serons-nous dans 10 ans? Les réponses publiées sont loin de témoigner d'un optimisme à tout rompre : « Un Québec pauvre, trilingue et surendetté », « Triste avenir », « Toujours dans le même bourbier », etc. En fait, aucune des réponses des lecteurs publiées par La Presse dans son numéro du samedi 26 avril ne laisse entrevoir le moindre optimisme quant aux perspectives d'un Québec socialement meilleur et plus prospère d'ici dix ans.

Le résultat de cet exercice mené par La Presse est d'autant plus étonnant que les Québécois viennent tout juste de se donner un nouveau gouvernement, confortablement majoritaire de surcroît. Malgré cela, le niveau de pessimisme demeure élevé - tout comme le cynisme omniprésent qui continue de ronger notre tissu sociétal tel un cancer. Les Québécois semblent résignés à accepter un sort médiocre et ne croient aucunement en la capacité ou la volonté des personnes qu'ils élisent d'améliorer les choses. Ça va de mal en pis pour notre démocratie!

Sommes-nous trop pessimistes, voire défaitistes, ou avons-nous raison de nous sentir collectivement dépassés et impuissants? Il faut dire que l'actualité n'aide pas à nous remonter le moral. Par exemple, au cours de la dernière semaine, nous apprenions que le PQ n'avait aucun avis juridique sur la validité constitutionnelle de son projet de charte. Un enjeu de société aussi important et divisant, et les péquistes nous ont menti en pleine face! De quoi inspirer confiance.

Également cette dernière semaine, le ministre fédéral des Finances, Joe Olivier, s'est dit inquiet de l'état des finances des provinces. Le Québec a un trou budgétaire estimé à 3,1 G$ à combler s'il veut atteindre l'équilibre au terme de l'exercice en cours, tandis que l'Ontario - jadis le berceau économique du pays - vient de déposer un budget annonçant un gigantesque déficit de l'ordre de 12,5 G$. Ce budget ne sera pas adopté de toute façon, la première ministre sortante, Kathleen Wynne, étant à la tête d'un gouvernement minoritaire et ayant opté pour la même stratégie risquée que Pauline Marois, soit d'invoquer l'impasse budgétaire pour plonger sa province en élections.

Sur la scène fédérale, le portrait n'est guère plus réjouissant. L'heure de l'austérité a sonné, et le ménage commence à se faire à grands coups de hache. Depuis la crise financière de 2008, le Canada s'est lourdement endetté et les plantureux surplus dégagés pendant les années du ministre des Finances libéral Paul Martin ont été effacés par les déficits annuels cumulés depuis l'arrivée au pouvoir de Stephen Harper. L'heure est à nouveau venue de « balancer les livres ». Il en demeure que le gouvernement conservateur en place est là depuis 2006, et il montre des signes de plus en plus évidents de fatigue et d'usure du pouvoir. Stephen Harper laisse de plus en plus transparaître son idéologie et cache de moins en moins qu'il est une personne très rancunière et revancharde.

Sa plus récente sortie contre la Cour suprême, dans laquelle il fustige la juge en chef Beverly McLachlin, a de quoi laisser perplexe dans un système où le mur érigé entre le judiciaire et le politique est fondamental. Or le premier ministre canadien semble déterminé à s'attaquer à cette division des pouvoirs pourtant essentielle au bon fonctionnement de notre société. Que la critique provienne d'Élections Canada ou de la Cour suprême - deux instances qui existent pour prévenir et corriger les abus de procédure et de pouvoir -, M. Harper ne la tolère pas, comme si le pays lui appartenait et qu'il était rendu au-dessus des lois et de la constitution.

Collectivement, nous semblons en pleine dérive - sur le plan financier autant qu'idéologique - et je me demande quel électrochoc il nous faut pour réussir à nous sortir de notre marasme et à préparer un avenir meilleur pour nos enfants. Je suis de la génération X - celle qu'on qualifie parfois de sacrifiée - et suis père d'un enfant de six ans. Dans dix ans, en 2024, il aura 16 ans et sera à l'âge où il devra commencer à envisager un choix de carrière. Comme tout parent, je souhaite le meilleur avenir possible pour mon enfant et j'essaie de demeurer confiant à l'égard des perspectives qui s'offriront alors à lui. Bien que ce ne soit pas toujours facile, un fait demeure néanmoins : la ligne entre réalisme et pessimisme est très mince. Être réaliste, c'est prendre acte de la situation telle qu'elle est et tenter de trouver des solutions; être pessimiste, c'est baisser les bras et se dire que la vie humaine est une perpétuelle douleur (doctrine de Schopenhauer).

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25 avril 2014

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