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La réalité de la précarité financière du Québec est implacable, même pour un premier ministre nouvellement élu. «Les vraies affaires, c'est que le Québec est dans la dèche et doit trouver trois milliards», résume le chroniqueur Vincent Marissal.
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Après plusieurs jours d'attente à la suite des élections du 7 avril dernier, nous voilà enfin avec un nouveau gouvernement dûment assermenté. En effet, Philippe Couillard a enfin présenté son conseil des ministres au peuple québécois mercredi dernier : de nouveaux visages (Jacques Daoust, Martin Coiteux, Carlos Leitao, Gaétan Barrette, David Heurtel, Hélène David, etc.) et plusieurs ministres de l'ère Charest de retour (Jean-Marc Fournier, Christine St-Pierre, Lise Thériault, Pierre Moreau, Yves Bolduc, Sam Hamad, etc.). La tâche qui attend le gouvernement Couillard est colossale...

Depuis des années, on nous met en garde contre le « mur » qui se dresse devant nous. Ce mur, c'est celui de nos finances publiques, de notre rythme de vie collectif qui dépasse nettement nos moyens collectifs, et ce, malgré le fait que nous figurons parmi les États où le fardeau fiscal des contribuables est le plus élevé. Le modèle socioéconomique d'une époque révolue (l'État providence) a clairement fait son temps et nous courons à notre perte si nous nous entêtons à le maintenir. Déjà, ça fait plus d'une décennie qu'un début de sérieuse remise en question du modèle aurait dû être entamé. Vous vous rappelez la « réingénierie de l'État » que promettait Jean Charest avant que toutes les grandes centrales syndicales ne débarquent devant les portes de l'Assemblée nationale à l'automne 2003? Nous avons perdu dix ans depuis...

Aujourd'hui, en 2014, la situation est d'autant plus critique. Dans son budget (non adopté) déposé en février dernier, Nicolas Marceau annonçait un déficit de l'ordre de 2,5 G$ pour l'exercice qui se termine le 31 mars 2015. Or le déficit prévu est maintenant de 3,1 G$ pour 2014-2015 si le statu quo est maintenu. Maintenant premier ministre, Philippe Couillard cherche un milliard de compressions dès cette année. C'est un peu ironique, car c'est le chef de parti dont les promesses électorales étaient les plus coûteuses il y a quelques semaines à peine. La réalité de la précarité financière du Québec est toutefois implacable, même pour un premier ministre nouvellement élu. De citer le chroniqueur Vincent Marissal de La Presse : « Les vraies affaires, c'est que le Québec est dans la dèche et doit trouver trois milliards. »

La situation est si précaire que certains experts soutiennent que nous devrons nous résigner à privatiser certaines de nos sociétés d'État comme Hydro-Québec et la SAQ. Vendredi dernier, Mario Dumont, chroniqueur au 98,5 FM, a expliqué la situation en termes très clairs. Les récessions sont cycliques. Pendant les années de prospérité économique, les gouvernements doivent tenter de dégager des surplus et de les appliquer au remboursement de leur dette. Ils se préparent ainsi aux années plus difficiles au cours desquelles ils devront à nouveau emprunter davantage et se réendetter.

Le Québec ne s'est jamais relevé de la crise de 2008. Jean Charest pouvait bien clamer haut et fort que le Québec s'en était mieux sorti que ses voisins, mais la province a néanmoins payé un prix dans le processus. Nous nous sommes lourdement endettés et le risque de déficits structurels (c'est-à-dire que l'État ne réussit plus à boucler son budget annuel et vit donc sur la carte de crédit d'année en année) est maintenant bien réel au Québec. Philippe Couillard affirme pleinement reconnaître la précarité de nos finances publiques et se dit déterminé à agir. Il faut espérer qu'il réussisse là où ses prédécesseurs ont échoué ou ont manqué de courage.

Le « trio économique » du nouveau gouvernement libéral - formé de Carlos Leitao (ministre des Finances), de Jacques Daoust (ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations) et de Martin Coiteux (président du Conseil du Trésor) - donne lieu d'espérer qu'un début de véritable ménage commence à être fait au cours des quatre prochaines années. Ce sont de nouveaux venus en politique, et ils ont certainement des compétences qui bénéficieront à l'État si on leur permet de faire ce qui doit être fait. M. Leitao me semble une personne très lucide et réaliste : il doute déjà de la probabilité que le Québec dégage des surplus en 2015-2016 et reconnaît ouvertement que des programmes sociaux pourraient devoir être éliminés.

La situation actuelle est d'autant plus désolante à la lumière des milliards de dollars en deniers publics qui nous ont été volés dans tous les stratagèmes de corruption et de collusion des dernières décennies. Des milliards qui devaient être investis dans le mieux-être collectif ont plutôt abouti dans les sales poches de bandits dont bon nombre n'en paieront probablement jamais le prix...

Bref, le moment est venu de faire les choses autrement, de remplacer l'actuel modèle sacro-saint qui craque de partout et de vivre selon nos moyens (collectifs). Si nous persistons à ne rien faire, ce seront les agences de notation qui nous « remettrons à notre place » et nous imposerons un modèle socioéconomique correspondant à ce que nous sommes réellement en mesure de nous payer. Il suffit que les taux d'intérêt dont bénéfice l'État québécois augmentent de quelques points de pourcentage, et ce sera des milliards de moins dont disposera le gouvernement du Québec pour investir dans le Québec et les Québécois. L'heure du remède de cheval a sonné!

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