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Fini la dispersion, devenez un athlète de la mémoire

La mémoire répond aux mêmes règles qu'un sport classique: endurance, entraînement et régularité. Je m'entraîne entre trente minutes et une heure en temps normal, et jusqu'à quatre heures par jour lors du mois qui précède la compétition.
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Voici une liste de 30 mots. Visualisez-là pendant 5 minutes. Oui, là, tout de suite.

mémoire

C'est bon? Maintenant, récitez-la.

Impossible? Non. Vous n'y arrivez probablement pas, mais sachez-le: vous n'en êtes pas loin. Je croyais moi aussi que c'était impossible avant de devenir un athlète de la mémoire. Le par cœur me faisait horreur. Et me voilà, aujourd'hui, capable de retenir plus de 120 chiffres en 5 minutes, 1 paquet de 52 cartes en moins de 2 minutes, 30 noms et visages en 5 minutes, ou une liste de 50 mots en 5 minutes.

Certains sursautent en entendant ces exploits. Ils me regardent bizarrement, comme si la nature m'avait doté de super pouvoirs, comme si j'étais différent. Eh bien, ne soyez pas déçu, mais je suis exactement comme vous. Ma vie ressemble à celle de tous les jeunes hommes de 28 ans. Simplement, j'ai choisi, il y a quelques années, d'entraîner ma mémoire.

Encore méconnue, la discipline que je pratique donne lieu à des championnats du monde depuis 1991. La compétition porte sur dix épreuves, parmi lesquelles les cinq citées ci-dessus. C'est un sport officiel, avec son règlement, ses rites, ses stars, son public de plus en plus fidèle.

Comme je l'explique dans la préface de « L'homme qui se souvient de tout », qui vient d'être publié aux éditions Premier Parallèle, au début, c'était un jeu. Moi qui avais horreur d'apprendre par cœur, je me suis vite rendu compte qu'avec un peu de technique, ce que je détestais pouvait devenir un réel plaisir. Mais lorsque l'on arrive à cumuler la compréhension et la mémorisation, alors plus rien (ou presque!) ne peut nous arrêter. Et c'est ainsi que ce qui était un amusement est devenu mon métier, je suis aujourd'hui coach en mémorisation.

Un sport comme les autres

La mémoire répond aux mêmes règles qu'un sport classique: endurance, entraînement et régularité. Je m'entraîne entre trente minutes et une heure en temps normal, et jusqu'à quatre heures par jour lors du mois qui précède la compétition. Tel un basketteur qui perfectionnerait sa technique aux dribbles, shoots et passes, j'apprends à analyser les éléments que je dois retenir. Je décompose chaque « geste mental » avant de le répéter, encore et encore, pour améliorer ma rapidité et mon efficacité.

Comme n'importe quel sportif, après l'entraînement, je ressens une saine fatigue, la satisfaction d'avoir dépassé mes limites. Sur un temps plus long, mon esprit est plus reposé qu'avant, et mon agilité mentale, au quotidien, s'en trouve améliorée. J'arrive bien sûr plus facilement à retenir le nom des gens, à me souvenir de mes lectures, à apprendre un texte. Comme tout sport de compétition, ma discipline ouvre les portes d'une meilleure maîtrise de soi.

Comment fonctionne la mémorisation?

On pourrait penser que la mémorisation est pénible, ennuyeuse, soporifique. Il n'en est rien. En vérité, rien de plus amusant. Car il s'agit avant tout de créer de nouvelles connexions entre nos neurones, d'inventer des associations qui permettent de fixer nos souvenirs. Autrement dit, la mémoire repose sur notre capacité à imaginer.

Lors des formations que je dispense, j'apprends ainsi aux étudiants en médecine à retenir plus facilement la très grande somme de connaissances qu'on leur demande d'apprendre. L'enjeu consiste à connecter ce qui est inconnu avec ce qui est connu. Lorsqu'un étudiant en médecine souhaite retenir que le pylore est une extrémité de l'estomac, je lui conseille d'imaginer une Pie volant de l'or avant de la cacher à l'extrémité d'une malle en forme d'estomac. Après plusieurs réactivations, l'étudiant aura oublié l'histoire et saura que le pylore est l'extrémité de l'estomac comme il sait que Paris est la capitale de la France. L'information sera passée dans sa mémoire sémantique.

Certains étudiants me confient qu'ils ont l'impression d'avoir acquis un nouveau pouvoir : ils sont désormais capables d'apprendre ce qu'ils veulent, quand ils le veulent. Pierre, qui n'arrivait pas à se concentrer plus de 15 minutes, reste aujourd'hui concentré des après-midi entières. C'est UNE possibilité, mais que chacun peut se l'approprier comme il le souhaite. Sophie, elle, a réussi sa reconversion professionnelle en passant son CAPES du premier coup, à 40 ans.

Nous sommes tous des génies, à nous de le réveiller!

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