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Pour une Charte du compromis

En maintenant la ligne dure, le gouvernement Marois fait preuve de dogmatisme et ne fait que semer la division. Cette attitude dessert non seulement la cause de la laïcité, mais le Québec tout entier.
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Le projet de loi du ministre Drainville est enfin déposé. La Charte des valeurs québécoises, maintenant rebaptisée « Charte affirmant les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l'État ainsi que l'égalité entre les femmes et les hommes et encadrant les demandes d'accommodement », est à l'image de ce qui avait été annoncé auparavant. Bref, aucune modification majeure dans le projet de loi par rapport aux grandes orientations que nous connaissions déjà depuis plusieurs semaines, si ce n'est l'impression d'un certain durcissement de ton.

Inutile pourtant de rappeler que le projet de Charte du Parti québécois a été l'objet de nombreuses critiques - notamment un document de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse qui laisse présager des conflits juridiques interminables. Et en dépit de la volonté du gouvernement qui, de l'aveu même du ministre Drainville, entendait réunir tous les Québécois autour de valeurs communes, force est de constater que ces derniers sont plus divisés que jamais. Malgré cela, aucun assouplissement et aucun signe d'ouverture. Difficile de ne pas interpréter cette intransigeance comme une forme de mépris à l'égard des principes démocratiques.

Cette attitude du gouvernement est d'autant plus incompréhensible et irresponsable qu'il existe chez nos élus tout comme dans l'opinion publique québécoise un large consensus autour de certains principes qu'entend justement affirmer le projet de loi du ministre Drainville. L'égalité entre les femmes et les hommes, la neutralité religieuse de l'État et un cadre législatif pour les demandes d'accommodement sont autant d'éléments du projet de loi qui ne tarderaient pas à être adoptés par l'Assemblée nationale si ce n'est qu'ils s'accompagnent de clauses qui viennent limiter abusivement et indûment les droits et libertés de certains Québécois.

Les partis d'opposition, notamment le Parti libéral du Québec et Québec solidaire, ont été très clairs sur ce point : ils n'appuieront jamais un projet de loi qui propose de limiter les libertés de conscience et de religion sans motif suffisant. Autrement dit, s'il souhaite véritablement que son projet de loi soit adopté, le ministre Drainville devra refaire ses devoirs et faire la démonstration de la nécessité d'aller aussi loin. D'ici là, ne serait-il pas plus raisonnable de s'en tenir au reste, c'est-à-dire à ce qui fait consensus?

En maintenant la ligne dure, le gouvernement Marois fait preuve de dogmatisme et ne fait que semer la division. Cette attitude dessert non seulement la cause de la laïcité, mais le Québec tout entier. Depuis le dépôt du rapport de la Commission Bouchard-Taylor, en 2008, force est de constater que les Québécois sont avides de réponses et exigent une législation qui permettra d'expliciter les fondements du vivre-ensemble. S'il est prêt à faire quelques compromis, cette législation est à la portée du gouvernement. En politique comme ailleurs, faire preuve de souplesse et accepter les compromis n'est pas un signe de faiblesse, mais bien un signe de maturité.

J'en appelle donc au sens de l'État de nos élus afin que nous puissions le plus rapidement possible régler ces questions et donner aux Québécois ce qu'ils sont légitimement en droit de réclamer.

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Avril 2018

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