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Au fil du temps, plusieurs se sont fait entendre pour proposer une réforme en profondeur de notre système électoral, je pense entre autres à Jean-Pierre Charbonneau, qui en a fait son cheval de bataille pendant de nombreuses années.
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CP

Né d'un père ayant vécu sous le régime nazi et d'une mère ayant subi pendant cinq ans l'occupation japonaise en Indochine pendant la Deuxième Guerre mondiale, j'ai appris très tôt qu'il fallait chérir la démocratie et que tout compte fait, c'était au pire, le moins mauvais des systèmes de gouvernance.

Depuis un an, la soif de liberté et de démocratie s'est manifestée de façon spectaculaire dans ce qui est désormais appelé: «le printemps arabe». Quand on voit jour après jour des reportages sur la situation en Syrie où des gens sont prêts à mourir en son nom,il convient, je crois, d'apprécier notre démocratie et de se demander ce qui est possible de faire pour en assurer la pérennité et corriger tout ce qui provoque son érosion.

Car chez nous, que ce soit au fédéral ou au provincial, notre démocratie s'érode, lentement, mais perceptiblement.

En cette époque où il est de plus en plus difficile de créer des consensus nationaux autour des grands enjeux de société, où l'individualisme s'accompagne d'une multiplication des tendances et des courants politiques, notre système uninominal à un tour craque de partout. Le cynisme et la désillusion s'emparent de plus en plus des électeurs qui sont chaque fois moins nombreux à se rendre aux urnes lors des consultations électorales.

L'actuel gouvernement fédéral, porté au pouvoir avec le consentement d'à peine plus du tiers des électeurs pour un mandat de quatre ans durant lesquels il pourra régner sans partage usurpe à mon avis son titre de «majoritaire». Il en serait de même peu importe le parti porté au pouvoir.

Le système actuel est vétuste et ne rien faire équivaut à un manque de vision et de courage.

Au fil du temps, plusieurs se sont fait entendre pour proposer une réforme en profondeur de notre système électoral, je pense entre autres à Jean-Pierre Charbonneau, qui en a fait son cheval de bataille pendant de nombreuses années. Mais aucun parti politique québécois ou canadien n'a jamais eu le courage d'en faire un enjeu électoral et de respecter ensuite cette promesse.

Que ce soit l'abolition du Sénat, un Sénat élu, un système de vote proportionnel, le projet de loi C-360 interdisant les transfuges, toutes ces questions ont été abordées puis rapidement reléguées aux oubliettes. Pendant ce temps, l'érosion se poursuit et le décalage s'approfondit ente la classe politique et les médias d'une part et la population d'autre part.

Les cas récents des transfuges Lise St-Denis et François Rebello en sont un bel exemple.

Plusieurs chroniqueurs politiques se sont prononcés en faveur des transfuges au nom de la liberté d'expression. Mais que fait-on de la liberté d'expression des électeurs? J'ai pu constater dans plusieurs cas que les lecteurs de ces chroniqueurs politiques différaient presque unanimement de l'opinion exprimée par ceux-ci, et s'insurgeaient contre ces transfuges, effectué dans le cas de Madame St Denis, à peine quelques mois après un scrutin où le PLC avait obtenu un maigre douze pourcent des voix dans sa circonscription. Cette situation est d'autant plus ironique qu'à peine cinq jours plus tard, les membres du PLC réunis en congrès à Ottawa adoptaient des propositions visant à donner plus de place aux citoyens dans le choix du futur chef.

C'est ce genre de contradictions qui alimentent le cynisme et la désillusion et qui éloignent le citoyen, non seulement de l'urne, mais de l'implication politique. Jusqu'à quand laisserons-nous notre système s'éroder sans agir? La liberté d'expression est la pierre angulaire de notre démocratie.

Je reconnais donc pleinement le droit d'un politicien de quitter une formation politique qui ne correspond plus à ses convictions. Mais où bien qu'il ou elle siège comme indépendant, comme l'on fait Mesdames Beaudoin et Lapointe et Monsieur Curzi, ou alors qu'ils aillent chercher un nouveau mandat auprès de ceux qui les ont élus.

L'instauration d'une procédure de «révocation» de l'élu, comme cela existe aux États-Unis, serait à mon avis une solution plus démocratique que l'interdiction pure et simple des transfuges telle que proposée par le projet de loi C-360 déposé par le NPD cet automne. L'abolition du concept rigide de «la ligne de parti» auquel tous les députés doivent se soumettre aveuglément contribuerait aussi à rendre moins fréquent ce genre de transferts.

Mais au-delà de ces quelques pistes de solution, il est grand temps de se pencher sérieusement et collectivement sur l'ensemble de ces questions afin d'en arriver à un système de gouvernance modernisé qui prenne davantage en compte la parole citoyenne et redonne à tous le goût de s'exprimer avec la certitude que le jeu en vaut la chandelle.

Sinon l'érosion continuera avec ses conséquences imprévisibles.

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