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Cyclisme: quand va-t-on enfin protéger les usagers vulnérables?

À chaque nouveau décès, on pleure, on installe un vélo blanc. Et puis on oublie.
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Un vélo fantôme en l'honneur de Clément Bazin, présenté à Montréal en novembre 2018.
CP/Graham Hughes
Un vélo fantôme en l'honneur de Clément Bazin, présenté à Montréal en novembre 2018.

Il y a cinq ans déjà, au matin du 28 avril 2014, Mathilde Blais se fait écraser par un chauffeur impatient au volant d'un camion grue, sous le viaduc sur Saint-Denis.

Quelques temps plus tôt, des usagers du trottoir s'étaient plaints au conseil municipal du passage des cyclistes sur le trottoir sous le viaduc Rosemont/Saint-Denis. En réponse, l'administration de l'époque avait cru bon d'installer des poteaux pour bloquer le passage des vélos en les confinant à la chaussée, avec les véhicules. La mort de Mathilde crée une commotion dans la communauté, mais aussi dans les milieux politiques.

De nombreux journalistes sont émus et écrivent sur le sujet dont Marco Fortier qui signe le texteintitulé «En finir avec les tunnels de la mort». Beaucoup de montréalais sont ébranlés par l'image de cette jeune femme, tout sauf téméraire, qui a perdu la vie parce que la ville ne l'avait pas protégée en créant un aménagement adéquat.

Le ministre Robert Poéti, cycliste lui aussi, semble touché. Le maire Coderre marche sur des œufs mais, sous la pression de l'opposition, il met rapidement en place des mesures temporaires permettant l'usage des trottoirs sous la plupart des viaducs de Montréal.

Dans les jours qui suivent, on organise un vélo blanc. Une quinzaine d'élus qui cherchent de la visibilité ou qui se sentent concernés s'y présentent. Les déclarations fusent: «On a eu assez de morts sur nos rues à Montréal», dit Luc Ferrandez; «C'est absolument prioritaire d'intervenir rapidement», lance François Croteau, en pointant du doigt l'administration municipale pour sa lenteur.

«Je n'accuse personne, mais c'est trois camions, trois accidents. Il va falloir qu'on s'assoie avec l'association des camionneurs et qu'on décide de ce qu'on va faire», déclare Aref Salem, quelques jours plus tard, alors qu'une autre cycliste est heurtée par un camion et que son équipe a déjà fait des propositions.

«On ne voudrait pas que l'équipe de maire Coderre s'arrête en si bon chemin. Il faut que l'ensemble du réseau routier soit sécurisé.», affirme Marianne Giguère à propos des mesures prises.

La communauté cycliste, elle, s'indigne et ne se satisfait pas, avec raison, des mesures temporaires qui permettent d'utiliser le trottoir et organise une pression sur l'administration en place.

À chaque nouveau décès depuis, on pleure, on installe un vélo blanc. Et puis on oublie.

Et voilà qu'en 2017 arrive «l'homme de la situation». Valérie Plante a un programme qui a le vélo dans son ADN. Elle promet aux cyclistes l'Eldorado. Le REV (Réseau Express Vélo) et l'implantation d'une «réelle vision zéro». Elle gagne de facto l'adhésion de l'ensemble de la communauté qui voit enfin en elle une vague de changement, la prise en compte de ses besoins et surtout de la sécurité en vélo.

Les mesures sont connues: réduction de la vitesse, marquage au sol, photo radar, ralentisseurs. Des choses simples. Et pourtant...

Avril 2019. Mathilde est morte il y a cinq ans. Des hommes, des enfants, et des femmes comme Mathilde passent encore sous ce viaduc à 50 cm des roues des camions. Rien n'a changé.

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