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Oh putain la cata!

Un sondage vient de révéler un fait pour le moins surprenant: les Français sont plus pessimistes pour l'année à venir que les Irakiens ou les Afghans... Comment se fait-il qu'une grande puissance millénaire comme la France, cette patrie éternelle des arts et des lettres, ce berceau du bien-vivre, certes actuellement fragilisée économiquement, mais protégée par un filet social confortable, comment se fait-il que son moral soit plus bas que celui d'un peuple bombardé?
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AP

Cette semaine, The Guardian se faisait l'écho d'un sondage réalisé par la compagnie Win-Gallup, sondage visant à évaluer le niveau d'optimisme des peuples de différents pays de la planète. Et de révéler ce fait pour le moins surprenant: les Français sont plus pessimistes pour l'année à venir que les Irakiens ou les Afghans...

Alors, immédiatement, tout le monde s'interroge sur ce phénomène tout de même étonnant: comment se fait-il qu'une grande puissance millénaire comme la France, cette patrie éternelle des arts et des lettres, ce berceau du bien-vivre, certes actuellement fragilisée économiquement, mais protégée par un filet social confortable, comment se fait-il que son moral soit plus bas qu'un peuple bombardé? Ce peuple justement qui s'est relevé de tant de guerres et d'invasions, comment se fait-il qu'il ne trouve pas le bonheur dans une Europe aujourd'hui en paix?

Chacun y va de son explication, puisant notamment dans la culture complexe de la France, cherchant dans ses racines les plus profondes les causes de cette amertume béante.

À moins de surmenage, nous devrions voir Mathieu Bock-Côté, notre spécialiste local, s'y pencher prochainement.

En tout cas une chose est sûre et doit nous rassurer: il ne faut pas chercher dans la langue la cause de la détresse hexagonale. Claudia Senik, de l'École économique de Paris, l'affirme: puisqu'on parle français en Suisse et au Canada, et qu'on n'y retrouve pas cette mélancolie lancinante, cela démontre qu'il ne faut pas chercher dans le langage les causes du naufrage psychique français.

En tant que piéton es Plateau Mont-Royal, permettez-moi toutefois quelques observations de type linguistique:

Avez-vous déjà parlé à un Français? Évidemment, tout le monde est déjà venu à Montréal. Mais avez-vous déjà parlé à un Français préoccupé? Non. Un Français n'a pas de soucis. D'ailleurs il se tue à vous la répéter, que vous lui disiez bonjour ou merci, il le dit: "pas de soucis". Et c'est vrai, un Français c'est comme ça. Un Français, ça n'a ni préoccupation, ni problème, ni soucis. Un Français, ça vit des choses beaucoup plus graves. Par exemple, des catastrophes. Quand il arrive quelque chose à un Français, que ce soit une défaite au soccer, un peu trop de neige un matin, ou une augmentation du prix du lait, c'est une catastrophe. Non, pire, c'est la catastrophe. La cata quoi. Depardieu. Oh putain la cata.

Depardieu. Le pays s'est arrêté de vivre pendant deux mois quand le comédien incontinent s'est poussé chez Vladimir. Plus un train de circulait, les gens faisaient des provisions. La nation était en péril, le président a dû intervenir.

Alors moi je veux bien qu'on se rassure des études de Madame Senik, mais je note quand même qu'on est à un mot de la catastrophe. Qu'il suffit qu'on adopte justement ce mot, influencés sournoisement par nos cousins du Plateau, pour que tout l'emporte sur son passage. On aura l'air fin quand une défaite en séries laissera la ville dans le même désordre que Port-au-Prince. Je te dis pas la cata.

Tout est grave pour un Français. Du moins c'est notre perception, alimentée par son langage et un certain esprit fin-du-mondiste que je laisse aux experts le soin de décortiquer. Bref, il est malheureux.

Et nous?

Ben ça va, ça roule. On prend des coups de bâtons, on se fait fourrer autant comme autant, mais c'est pas une catastrophe.

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