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Comment fabrique-t-on les malades?

"On ne tombe pas malade, on le devient", tel est l'objectif de la médecine marketing utilisée par les laboratoires pharmaceutiques avec parfois la participation de leaders d'opinion et des pouvoirs publics. Je préconise donc une décroissance médicamenteuse.
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Cholestérol, hypertension artérielle, dépression, ostéoporose, ménopause, et si l'on en faisait un peu trop? On assiste depuis quelques années à une surmédicalisation source d'une surconsommation de médicaments, d'examens biologiques, de radiographies, pour aboutir à un excès abusif de traitements. Tout est fait pour que l'on devienne des malades chroniques avec des traitements de longue durée.

"On ne tombe pas malade, on le devient", tel est l'objectif de la médecine marketing utilisée par les laboratoires pharmaceutiques avec parfois la participation de leaders d'opinion et des pouvoirs publics. Le marketing médical augmente artificiellement le nombre de malades dans un seul but de consommer toujours plus de médicaments.

Les exemples les plus frappants sont les maladies métaboliques, hypertension artérielle, cholestérol, diabète. On assiste depuis quelques années à une augmentation du nombre de ces patients. Plusieurs stratégies ont été mises en œuvre. On joue sur les peurs et l'anxiété, on évoque les risques à long terme d'une maladie, ce qui engendre une inquiétude, source d'examens complémentaires et de traitements.

Par exemple dans le cholestérol on évoque les risques à long terme d'artériosclérose et de thrombose artérielle. On a crée aussi le pré-diabète, la pré-hypertension à partir de chiffres de tension artérielle et de chiffres biologiques. Il y a des quelques années, on définissait l'hypertension artérielle ou le diabète selon des moyennes ou des normes, aujourd'hui on se fixe des objectifs et tout doit être mise en œuvre pour atteindre ces objectifs.

C'est ainsi que l'on était hypertendu lorsque l'on avait une tension supérieure à 16/9,5. Aujourd'hui, l'objectif est d'avoir moins de 14/9 de tension. Pour le diabète on acceptait des variations en fonction de l'âge. Aujourd'hui on se fixe des objectifs d'hémoglobine cliquée inférieure à 6,5. Ces objectifs difficilement atteignables, ne font qu'augmenter le nombre de médicaments à consommer. On voit des milliers de malades prendre une multi-thérapie pour une seule maladie. Par ailleurs, chaque variation d'un point de l'hypertension, sont des milliers de malades supplémentaires.

Cette surconsommation médicale en traitements, en examens, en radiographies est source d'un gâchis économique. La Sécurité Sociale n'a plus les moyens de rembourser ces actes médicaux. Je préconise donc une décroissance médicamenteuse et une consommation raisonnée d'actes médicaux.

Chaque patient est unique et on doit tenir compte de son âge, de sa profession, de ses conditions sociaux économiques. On ne traite pas une maladie, on soigne des malades. On ne traite pas des chiffres biologiques, mais des patients,.

Enfin, fonder la médecine sur des statistiques sans tenir compte de la personne est une hérésie. Le malade ne peut être réduit à des données chiffrées, il n'est pas un numéro. Méfions-nous des "ayatollahs" qui dictent des dogmes auxquels les médecins doivent se soumettre. Il n'y a pas de place pour la pensée unique en médecine.

Nous devons apaiser nos malades et non les inquiéter. La culture de la peur, (peur de la maladie, du vieillissement, de la mort) ne doit pas nous pousser dans les bras d'un système de santé de plus en plus incontrôlé, fou et aveugle. Il est temps que la médecine s'ouvre aux débats, aux discussions, aux remises en question, afin que le bien portant ne soit plus un malade qui s'ignore mais un citoyen bien informé et averti.

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