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Notre combat pour sauver de la violence les enfants nés en prison

Said est né en prison et vit dans la cellule de sa mère, Maribel, condamnée pour enlèvement. Ce crime, Said ne l'a pas commis. Sa vie ne ressemble en rien à celle des autres garçons de son âge.
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Du haut de ses deux ans, les quatre murs qui entourent sa cellule délimitent le seul univers qu'il connaisse. Said est né en prison et vit dans la cellule de sa mère, Maribel, condamnée pour enlèvement. Ce crime, Said ne l'a pas commis. Sa vie ne ressemble en rien à celle des autres petits garçons de son âge.

Said n'a jamais vu de chien, n'a jamais couru dans un jardin, n'a jamais observé la Lune. Son enfance, il est en train de la vivre derrière les barreaux, à regarder les gardiens, à écouter l'appel, à passer son temps derrière les verrous, entouré de sa maman et des autres détenues dès que sonnent 19 heures.

Said fait partie des 483 enfants vivant dans une prison mexicaine, et des 128 qui grandissent derrière les murs du Centro Femenil de Readaptación Social de Santa Martha Acatitla, le plus grand centre de détention pour femmes d'Amérique latine.

Bien qu'il porte un nom et un prénom, pour les autorités pénitentiaires mexicaines, Said n'est même pas un numéro. Said est invisible, n'a pas d'existence, parce qu'aucune loi n'a été rédigée pour ces enfants, parce qu'aucune politique publique ni aucun programme de développement n'existe pour eux, parce qu'aucune ressource publique n'est destinée aux enfants qui naissent et vivent en prison, car ce ne sont pas des délinquants et que les prisons, cela semble une évidence, ne sont pas faites pour eux.

Les pénitenciers, synonymes d'enfermement et de vulnérabilité, sont le théâtre de violences physiques, psychologiques, sexuelles et verbales. C'est à cela que Said est exposé. Et c'est naturellement cela que Said apprendra. Pourtant, c'est ce même type de violences que nous ne souhaitons pas qu'il reproduise lorsqu'il sera devenu un jeune homme.

Reinserta un Mexicano s'est fixé pour objectif de redonner une existence à ces enfants invisibles, de changer leur vie et de mettre un point final à cette forme d'inexistence malheureusement si fréquente derrière les barreaux.

Nous faisons pression sur les législateurs afin qu'ils rédigent des lois qui prennent en compte ces enfants, nous nous battons pour que les administrations pénitentiaires créent des espaces propices à leur développement, à leurs jeux et à leur éducation afin qu'ils connaissent autre chose que les barreaux, les verrous et la violence. Les six premières années de la vie d'un enfant sont cruciales pour son développement. Notre organisation s'attache à rompre le cercle habituel de la violence, commun et presque normal pour bon nombre d'enfants vivant en prison. Nous luttons pour que les victimes innocentes qui naissent derrière les barreaux n'en restent pas marquées à vie et, surtout, ne reproduisent pas la violence dont elles sont les témoins.

La première étape pour atteindre cet objectif consiste à redonner une existence à ces enfants invisibles. Notre plus grand défi est de faire sortir Said et 482 autres enfants de l'obscurité et de l'abandon auxquels tout un système les a condamnés, et de leur redonner une voix. Nous sommes bien conscients de tous les efforts déployés au quotidien par l'ensemble des organes pénitentiaires du pays : nous nous associons à leur combat pour porter, au sein de la société civile, la parole des enfants qui naissent, grandissent et vivent en prison, et à qui l'on n'offre aucune alternative. Nous savons que les prisonnières se sentent abandonnées et, ne bénéficiant d'aucun réseau de soutien à l'extérieur susceptible de prendre en charge l'éducation de leurs enfants, la majeure partie d'entre elles ne peut compter que sur l'aide financière et morale de leur famille, une famille monoparentale vivant entre quatre murs.

Les autorités manquent d'appuis, et ce sont ces appuis que réclament les fondations telles que la nôtre aux gens comme vous, qui êtes en train de lire cet article. Rejoignez notre cause, aidez-nous à redonner une existence aux victimes invisibles et à offrir une voix à ces enfants dont le seul crime est d'être nés en prison. Said et tous les autres ont besoin de votre soutien.

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Mai 2017

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