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D'abord Airbnb, maintenant Uber: les législateurs partent en guerre contre l'innovation

Uber et Airbnb constituent la pointe de l'iceberg d'une nouvelle conception d'entreprises qui offrent aux consommateurs des tarifs réduits, une source de revenu pour les exploitants, et qui bénéficie en même temps aux citoyens et gouvernements.
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Deux événements importants ont vu le jour au Québec dans les dernières semaines, tous deux apportant des changements significatifs à «l'économie de partage».

Le premier est la mise en vigueur de la Loi 67, intitulée la «Loi visant principalement à améliorer l'encadrement de l'hébergement touristique», ou plus simplement la «Loi Airbnb». Cette législation peu compréhensible gouverne le marché de location à court terme, et restreint sévèrement la capacité des citoyens à louer leurs demeures et à créer des commerces desservant la demande croissante chez les touristes pour vivre une expérience hors des hôtels.

En adoptant cette loi, le gouvernement s'est plié devant les pressions des lobbyistes des hôteliers plutôt que de permettre aux Québécois de gagner quelques sous supplémentaires- toujours sujets à l'impôt. Je n'appuie pas le nationalisme économique; mais je mets en doute la sagesse, sur les plans financier et politique, de prendre la part des grandes chaînes hôtelières, largement en mains étrangères, contre les électeurs de chez nous beaucoup plus portés à retenir leurs revenus au Québec.

Le deuxième évènement est la campagne entreprise par le service de transport Uber, afin d'encourager les Québécois de parler à leurs députés à l'appui de ce grand commerce technologique pendant que la province cherche à réglementer cette industrie également.

Si la Loi Airbnb, qui est presque incompréhensible, et qui confond les meilleurs juristes et fiscalistes de la province, présage ce que nous devons attendre pour une Loi Uber, nous vivons peut-être le coup de mort pour de tels commerces au Québec.

Tout excès de zèle est peu louable, mais le désir d'adopter des lois et des règlements draconiens est souvent un symptôme malheureux et trop commun de l'État moderne. Si nos législateurs peuvent prétendre qu'ils sont élus pour légiférer, ils doivent toutefois accepter qu'il n'est pas nécessaire que chaque loi soit oppressive, et que la pratique presque uniquement québécoise de mettre des bâtons dans toutes les roues, qui trop souvent étouffe les entrepreneurs, est particulièrement néfaste.

Comme nous nous avançons de plus en plus vers une époque de dislocation économique, les gouvernements qui préfèrent vivre dans le passé se verront en même temps les victimes d'une marée montante de dislocation politique, qui amènera leur défaite par les électeurs déçus.

Des initiatives comme Uber et Airbnb, grandement appréciées par beaucoup d'électeurs, sont plus que de simples réseaux de logement ou de transport qui renversent le statu quo en s'adaptant mieux aux désirs des consommateurs. Elles créent aussi de nouveaux emplois, elles améliorent la sécurité publique (moins d'alcool au volant), elles permettent aux usagers d'épargner de l'argent en payant moins que chez les options traditionnelles plus chères, et elles permettent aux exploitants de devenir des mini-entrepreneurs.

Je dirige une entreprise où plus de 100 employés à contrat de sous-traitance travaillent pour Uber dans leurs temps libres ou louent des chambres dans leurs demeures pour gagner de l'argent supplémentaire. Beaucoup sont de nouveaux immigrants qui ont trouvé une source fiable de revenus, facile d'accès, qui leur permet d'alimenter leurs familles. D'autres sont des étudiants capables de travailler à temps partiel comme chauffeurs pour payer leurs études. Jeunes et vieux, hommes et femmes, ils possèdent une seule ambition- le désir de s'offrir une meilleure vie et d'être des citoyens productifs, vu que la faiblesse de l'économie québécoise traditionnelle ne leur a pas permis cette possibilité.

Plutôt que de limiter davantage les possibilités déjà trop restreintes de nos citoyens de gagner de l'argent, en permettant à Revenu Québec d'imposer sa vision unilatérale dépassée, le gouvernement devrait créer un environnement qui encourage des industries et des modèles d'affaires axés vers l'avenir. Uber et Airbnb constituent la pointe de l'iceberg d'une nouvelle conception d'entreprises qui offrent aux consommateurs des tarifs réduits, une source de revenus pour les exploitants, et qui bénéficient en même temps aux citoyens et gouvernements grâce à ces nouvelles sources de richesse.

Ces revenus doivent être déclarés, et le gouvernement a le droit et le devoir de percevoir les impôts indiqués. Néanmoins, nous devons faire preuve de prudence en imposant une structure réglementaire qui fait l'affaire des vieilles industries, lorsque nous devons plutôt appuyer l'économie croissante d'innovation et de partage, qui demeure une des rares lumières économiques au Québec.

La rédactrice en chef du Huffington Post, Arianna Huffington, est membre du c.a. de Uber et s’est retirée de toute décision éditoriale impliquant la couverture de cette entreprise, de l’industrie du taxi ou de l’autopartage.

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