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Pourquoi je suis partie

Je suis partie, cela fait 3 jours. J'ai bouclé ma valise et claqué la porte. Quelle vilaine mère je fais, quelle horrible personne je suis devenue pour partir et abandonner mes 3 hommes de la sorte. J'ai failli faire marche arrière et chéri-chéri m'a encouragée à ne pas me retourner. Il le fallait.
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Cela fait des semaines, que dis-je, des mois que je suis en apnée, je prends sur moi, j'encaisse, je suis à deux doigts de m'écrouler et remonte aussi sec à la surface, comme sur le fil... Tombera, tombera pas. Cela fait des mois que je sens que je craque, que je suis à bout, au bout du bout même. La vie de parent n'est pas un long fleuve tranquille et la difficulté est accrue avec des enfants atypiques. J'en ai deux. Un ayant un TDAH (trouble de l'attention avec hyperactivité) et le second qui est HPI (à haut potentiel intellectuel).

Accompagner et vivre avec un enfant atypique demande une énergie folle, que nous devons sans cesse renouveler, tant sur le plan mental qu'émotionnel, parfois même physique selon la particularité de l'enfant, une énergie constante et durable. Pas le droit/le temps de flancher. Il faut toujours et encore répondre à des sollicitations, faire face à des crises plus ou moins violentes et longues tout en restant fort, c'est une mobilisation de chaque instant. Une attention qui mène droit à l'épuisement et au stress : être présent, patient, à l'écoute, encore et encore, ne pas céder aux cris et aux punitions sans cesse, laisser couler, être au dessus de ça, l'éducation positive tout ça, relativiser, expliquer, répéter encore et toujours... stop c'en est trop. Trop pour moi.

Je suis épuisée, vidée, je n'ai plus la force de supporter quoi que ce soit, et surtout pas la crise du samedi matin dès 9 h parce que non il ne veut pas manger son yogourt alors oui il s'énerve et jette le tabouret par terre en criant. Je n'en peux plus des cris et des larmes, je n'arrive plus à sortir la tête de l'eau. J'appréhende le retour de l'école de mes enfants, car je sais qu'ils vont m'étouffer, me manger toute crue, l'un en me déversant toutes les choses négatives de sa journée et l'autre avec ses crises à répétition qui arrivent de plus en plus fréquemment. Des angoisses que je ne peux pas calmer et des crises que je ne sais pas anticiper tant elles arrivent pour «rien».

Mes enfants sont énergivores, je sais qu'ils ne maitrisent pas toutes ces choses qui les envahissent. Les angoisses et le stress pour Petit Ado avec son TDAH, qui ne sait pas s'arrêter et qui revient à la charge 4-5 fois le soir même après un «au revoir, bonne nuit mon ange» qui devrait mettre un point final à la journée. Petit Loulou et ses émotions exacerbées qu'il ne sait pas gérer, qui le dépassent, parce que oui un enfant à haut potentiel c'est aussi ça. Toutes les étapes de la journée peuvent et sont bien souvent sujet à crise : se laver les dents le matin, manger son yogourt/sa compote/sa tartine, les devoirs une fois rentré, la douche, mettre la table, manger, se laver les dents le soir... tous les jours. Je sais qu'ils ne cherchent pas à me nuire, quoi que parfois je suis tellement au bord du gouffre, en souffrance, que je me demande s'ils ne cherchent pas à en finir avec moi. Et là boom, c'est la culpabilité qui arrive avec ses fichues grandes bottes noires, parce que, en tant que parent, on doit tenir, avancer, ne rien lâcher pour que nos enfants continuent eux aussi leur chemin.

Jusque-là, j'avais trouvé un échappatoire avec le sport, il me permet de me vider la tête, cela m'aidait à tenir, je laissais les ennuis derrière moi en quittant la maison, jusqu'au lendemain, chaque jour étant une nouvelle épreuve avec son lot de mauvaises surprises. Oui parce que c'est comme ça que je vis les choses désormais. Mais ça ne suffit plus, la semaine dernière j'ai craqué et je suis partie, cela fait 3 jours. J'ai bouclé ma valise et claqué la porte. Quelle vilaine mère je fais, quelle horrible personne je suis devenue pour partir et abandonner mes 3 hommes de la sorte. J'ai failli faire marche arrière et chéri-chéri m'a encouragée à ne pas me retourner. Il le fallait.

Il me faut trouver un nouveau souffle, je ne sais pas comment, mais c'est vital, pour moi, pour nous tous. Ces derniers jours, j'ai pu respirer, au calme, je me suis même surprise à chanter et danser, j'ai fait beaucoup de sport, j'ai lu, fait du magasinage, suis allée au cinéma, seule. Quel bonheur cette solitude, je me suis sentie apaisée, LIBRE, ça faisait si longtemps, trop longtemps. Je n'ai pas envie de rentrer chez moi, j'ai tellement peur de ce qui m'attend. Il faudrait tellement plus qu'une poignée de jours pour que j'aille mieux, tellement plus...

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Ce billet a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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