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5 clés pour aborder sereinement la sexualité avec ses enfants

Les enfants ont l'art d'interroger les adultes sur les délices de la sexualité et les adultes celui d'éluder les questions qui les embarrassent!
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- Papa, c'est quoi cette bouteille de lait?

- ...

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- ...

- Papa, comment on fait les bébés?

- Et bien c'est une bouteille de lait haute conservation, UHT, elle conserve au lait tout son bon goût, en plus, elle se revisse. Il suffit de demander !

Les enfants ont l'art d'interroger les adultes sur les délices de la sexualité et les adultes celui d'éluder les questions qui les embarrassent! Facile, cette option est portant déconseillée par les experts de la petite enfance. Tous considèrent en effet qu'il appartient aux parents de «faire l'éducation sexuelle» de leurs rejetons. «Si nous confions aux autres (médias, sites Web, publicités ou grands de la cour d'école) le soin de s'en charger, ils débuteront leur apprentissage avec une vision biaisée de la sexualité, ce qui ne facilitera ni leur vie intime, ni leur vie relationnelle», illustre la psychologue, sexologue et psychothérapeute Anne Bacus. Ce rôle ne signifie pas pour autant qu'il faut impérativement se coller -la mort dans l'âme- une étiquette de pédo-sexologue sur le dos quand on ne s'en sent pas les épaules. Il existe heureusement quelques clés pour aborder sereinement la sexualité avec ses enfants. En voici cinq:

1. Ne pas provoquer les questions

Faire l'éducation sexuelle de Junior n'est pas un sacerdoce! Certes sérieux, ce rôle commence de manière fort simple: ne pas aller au devant de ses interrogations, a fortiori durant ses premières années. A défaut, l'adulte risque de provoquer l'équivalent d'un «abus sexuel psychique...» Rien que ça! «Il faut laisser du temps aux petits avant d'aborder frontalement la sexualité car leur temporalité répond à des étapes bien précises», alerte le Dr Didier Lauru, directeur du centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) à Étienne-Marcel (Paris). La solution consiste juste à laisser venir naturellement ses premières interrogations.

2. Rassurer plutôt qu'expliquer

Nés avec une tablette dans la main, nos enfants ont un risque élevé de tomber sur des images licencieuses en surfant naïvement sur la Toile. Prenons l'exemple d'une petite fille recherchant de photos de chatte nourrissant ses minous. Il y a fort à parier qu'elle soit redirigée vers des pages plus ou moins explicites. Attendrie à l'idée de voir des chatons téter leur maman, quelle ne sera pas sa surprise de découvrir que ledit félin est en fait un sexe glabre (le poil n'est plus à la mode dans l'industrie du porno). Étonnée, dégoûtée ou simplement déroutée, le spectre de ses émotions peut être large. Quelle que soit la réaction de la fillette, l'adulte devra être là pour la rassurer avant même de chercher à lui expliquer quoi que ce soit: non, ce n'est pas de sa faute si elle est tombée sur ces photos. Oui, cela peut être choquant, d'autant plus si l'on n'est pas préparé à voir cela. Oui, ce sont des pratiques que font les grands quand ils en ont envie tous les deux. Non, tous les adultes n'aiment pas cela, etc., etc.

3. Partir des interrogations de Junior (plutôt que se lancer dans de grandes explications techniques)

«Aucun enfant n'a envie d'entendre sa mère expliquer la fellation!», s'insurge Samuel Comblez, psychologue clinicien et psychothérapeute. Autrement dit, quand Junior pose une question précise, a fortiori sur un acte sexuel, les parents ne doivent jamais se lancer dans de grandes explications techniques, gestes à l'appui. La bonne attitude consiste à repartir de son questionnement, en l'occurrence: «c'est quoi pour toi une fellation?» Loin de se défausser, l'adulte pourra ainsi rectifier ses éventuelles croyances et idées reçues, évaluer son niveau de connaissance et le rassurer si besoin. Une fois cette étape terminée, il pourra lui donner des éléments de réponses adaptés à son âge. Il est également parfaitement possible de lui dire: «c'est un truc que font les grands, tu en sauras plus quand ce sera le moment pour toi de savoir».

NB : Il est d'autant plus important de ne pas répondre dans le détail que les adultes ont une fâcheuse tendance à érotiser les relations de leur progéniture. Le risque ? Parler "pilule" à un gamine qui n'a qu'une seule préoccupation en tête: "mettre la langue" lors de son premier french kiss!

4. Ne pas juger son enfant

La confiance est le socle des rapports parents/enfants. Si les parents veulent être les premiers ou principaux dépositaires des doutes, angoisses, questions, incompréhensions de Junior, ils doivent lui faire comprendre qu'il ne sera jamais jugé, quoi qu'il demande, quoi qu'il avoue. Ce climat de confiance doit s'instaurer dès son plus jeune âge. Imaginons que celui-ci demande à ses parents vers l'âge de trois ou quatre ans pourquoi son zizi durcit quand il a vu une jolie actrice à la télé. S'il sent que la réponse adulte est fermée, il comprendra vite que la parole n'est pas possible chez lui. Plus tard, il évitera soigneusement de se confier à «ses vieux»!

5. Orienter vers un tiers si la gêne s'invite dans la conversation

Certains parents sont particulièrement mal à l'aise lorsque leur enfant aborde la sexualité. Doivent-ils culpabiliser pour autant? Que nenni! Mieux vaut déléguer cette tâche à un(e) ami(e), un membre de la famille, un(e) professionnel(le) (un médecin, psy, répondant d'une ligne d'écoute spécialisée anonyme et gratuite,...) voire à un ouvrage adapté (il en existe pléthore) ou un site Internet dédié à la prévention plutôt que de rougir et bafouiller en prononçant le mot «pénétration».

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