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Arrêtons de promouvoir Daech!

Une extermination médiatique serait judicieuse pour contribuer à combattre l'organisation État islamique.
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Quel regard porte-t-on aujourd'hui sur ceux qui ont fait la propagande des Nazi? Quel jugement réserve-t-on à tous ceux qui ont fait l'apologie du terrorisme après les attentats du 11 septembre? Quelle vision consacre-t-on à ceux qui ont soutenu et continuent à soutenir les tortionnaires et les dictateurs sanguinaires brutalisant leurs peuples? Les réponses semblent plausibles. Pourtant, l'Histoire se répète. On continue, aujourd'hui, à promouvoir les faits et les déclarations des terroristes de l'organisation Daech et à leur servir de canaux de diffusion. Pourtant, une extermination médiatique serait judicieuse pour contribuer à combattre cette nébuleuse islamiste.

Un acronyme à adopter

D'ailleurs, il serait judicieux de commencer par supprimer, une fois pour toutes, l'appellation «État islamique» et la remplacer par l'acronyme arabe «Daech». Cette organisation terroriste n'est pas un État et ne le sera jamais! Certains pays soucieux d'éviter cette association erronée, à l'instar de la France et des États Unis, ont carrément décidé d'opter pour ce changement sémantique d'une manière officielle. Il est temps de le faire. Décrédibiliser cette organisation est plus qu'essentiel. Les propos de Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, résument cette nécessité: «Le groupe terroriste dont il s'agit n'est pas un État. Il voudrait l'être, il ne l'est pas, et c'est lui faire un cadeau que l'appeler "État"».

Il recommande, d'ailleurs, de ne pas utiliser l'expression «État islamique», car cela occasionne une confusion entre islam, islamisme, et musulmans.

Cette confusion est une réalité et nul besoin de le démontrer. Elle sert même de fer de lance à cette propagande islamiste puisqu'elle contribue à stigmatiser les musulmans modérés et laïcs. Cette stigmatisation serait, selon eux, facilitatrice de leur radicalisation et de leur recrutement en tant que «serviteurs» de demain.

Ce mode opératoire, qui consiste à isoler pour mieux manipuler, a besoin de relais pour que le message soit diffusé. Ces relais semblent malheureusement nombreux et certains se délectent même de creuser les amalgames en évitant de sensibiliser et d'éduquer. Eviter les pièges de l'amalgame tendus par ces extrémistes est une urgence!

La foire aux amalgames

Le devoir d'informer est certes sacré. Cependant, entre informer, conscientiser l'opinion publique et promouvoir les appels haineux, rétrogrades et dangereux de ce groupuscule, les objectifs me paraissent bien différents.

Ainsi, les médias continuent à servir de relais à ces terroristes. Dernière trouvaille : le titre de cette dépêche de l'Agence France-Presse (AFP), reprise par plusieurs médias, me paraît irréel: Le chef de l'État islamique exhorte les musulmans à rejoindre le «califat». Donc, si j'ai bien compris, les médias occidentaux transmettent les désirs et les envies farfelues des terroristes à leur soi-disant cible, les musulmans. Est-ce une information? J'en doute fort. Ces terroristes jouent sur les mots et savent à quel point les musulmans les méprisent et condamnent leurs actes. Ces mêmes musulmans qui ne partagent ni leurs valeurs morales, ni leurs préceptes, qui n'ont pas à se justifier des imprécations et appels aux meurtres explicites, ni à se désolidariser puisqu'ils n'ont définitivement et clairement rien à voir avec eux. Ce n'est pas innocent car ils auraient pu opter pour le terme «islamiste». Ces fanatiques continuent ainsi à se servir des médias pour transmettre leurs prêches et à diffuser leurs déclarations. Forts de leurs plateformes digitales jihadistes et leurs vitrines virtuelles, ces extrémistes jouissent depuis plusieurs années d'un relais inespéré: les médias occidentaux. Cet appel au jihad diffusé partout me semble intolérable.

En les considérant comme des interlocuteurs valables, les médias leur offrent une légitimité qu'ils n'ont pas et ces derniers finissent par transmettre leurs dangereux messages à des gens qu'ils n'auraient jamais pu atteindre autrement! La même erreur a déjà été commise sur le réseau Al Jazeera. Après les attentats du 11 septembre, les pouvoirs occidentaux avaient fortement critiqué la diffusion par cette chaîne des déclarations filmées de Ben Laden, qui relevaient plus de la propagande que de l'information. La chaîne controversée a même été taxée de «La chaîne de Ben Laden». À l'époque, les observateurs ayant décrypté ces déclarations qu'avait adressées le terroriste via ces vidéos enregistrées et diffusées avaient plusieurs objectifs parmi lesquels: maintenir la psychose du terrorisme dans les démocraties occidentales, assurer son existence auprès de l'opinion publique, et rappeler - voire actualiser - les objectifs d'Al-Qaida et du jihad. Rien que ça!

Daech semble adopter cette approche et doit se réjouir de cette mise en spectacle facilitée chez les grandes démocraties. Parler des faits, oui! La situation est très inquiétante et la menace est plus que sérieuse. Le drapeau noir flotte désormais sur plusieurs villes où les soldats ont battu en retraite et les populations locales sont terrifiées. Les exécutions continuent et les attaques se multiplient. Non, pour laisser leur idéologie fanatique, obscurantiste et sanguinaire s'exprimer dans nos salons, dans nos journaux, etc. Devant ce chaos, pourquoi creuser les amalgames puisque l'ennemi est commun?

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