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La société québécoise s'est transformée à partir de la défaite référendaire de 1995. Elle a changé aussi rapidement et radicalement qu'elle l'a fait au cours de la Révolution tranquille.
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Hier, je feuilletais un album photo du Québec des années 1980 et 1990. De belles, grandes photos, à la fois étranges et intriguntes. Ce sont les années de ma naissance, de mon enfance, de mes premiers apprentissages, de Carmen Campagne, de Cornemuse, de la grande époque de la politique québécoise.

C'était bizarre de voir des gens manifester avec des pancartes «McGill français!» devant l'université McGill, de voir des stades remplis à craquer d'étudiants qui attendaient impatiemment un discours de René Lévesque, de voir des pancartes du «OUI» et du «NON» sur tous les balcons, de regarder des citoyens maquillés tout en bleu en criant «Vive le Québec libre!» dans la rue.

À vrai dire, je m'y reconnaissais à peine. Toutes ces photos semblent venir d'un lieu différent ou d'une époque lointaine. Pourtant, je me voyais sur ces photos, dans mon berceau, inconscient de tout ce qui se passait, mais qui semblait vivre lors une époque bien différente de celle d'aujourd'hui, malgré mon jeune âge.

La société québécoise s'est transformée à partir de la défaite référendaire de 1995. Elle a changé aussi rapidement et radicalement qu'elle l'a fait au cours de la Révolution tranquille, mais sur des fondements bien différents.

Face à ceux des générations précédentes, les francophones d'aujourd'hui sont méconnaissables. Beaucoup plus soucieux des minorités, oubliant qu'ils en sont une aussi. Respectant les différentes cultures habitant le Québec, sans toujours demander la même chose en retour.

Parce que, disons-le sincèrement, il y a beaucoup d'allophones et d'anglophones qui n'apprécient pas particulièrement le Québec. Son côté français est parfois vu comme un boulet pour l'économie, leur éducation et leur émancipation. Le Québec les empêche d'avoir du succès. Le vrai pays, c'est le Canada. On entend même certains individus appuyer publiquement une diminution de la natalité francophone.

Bien sûr, une grande partie des allophones et anglophones sont de fiers Québécois. Mais on ne peut ignorer cette partie importante de leurs membres qui pensent ainsi.

Ce qui est tout autant impressionnant, c'est à quel point les francophones sont devenus insouciants. Le maire de Montréal actuel compte presque faire de la métropole une cité-État libérée des chaînes du Québec. Plusieurs Québécois soutiennent, ou permettent inconditionnellement, les initiatives du gouvernement fédéral de dépasser ses champs de compétences pour s'impliquer dans la gestion provinciale. Les autres ne s'indignent pas lorsqu'ils entendent qu'un ministre au fédéral refuse d'apprendre le français.

Il n'y a plus de grand projet de société. La société n'est plus - nous sommes des consommateurs et contribuables. Indépendance? Complètement déconnectée des problématiques collectives. Quelqu'un tente de vous convaincre de sa pertinence? On dirait un témoin de Jéhovah qui vient encore cogner à notre porte pour nous raconter ses croyances arriérées. Triste, pour un jeune comme moi qui demeure souverainiste.

C'est frappant de constater à quelle point la société québécoise a changé en aussi peu de temps.

Auparavant fiers du français, d'être le seul État francophone en Amérique du Nord, d'être l'un des endroits les plus prospères du monde, d'être accueillants et ouverts aux autres et voulant le plus d'autonomie possible. Aujourd'hui voulant cacher leur identité, laissant les autres les gérer le plus possible, célébrant la diversité sauf la leur.

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