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Après la chute de l'Union soviétique, au tour de l'Union européenne?

Si l'échec de l'utopie soviétique mit fin à l'URSS, est-ce qu'un potentiel échec du l'utopie post-nationaliste conduira l'Union européenne au même sort? En d'autres mots, une union peut-elle survivre à l'échec de son utopie fondatrice?
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Le Brexit est, à plusieurs égards, un événement historique dans l'histoire occidentale moderne. Il s'agit, notamment, du revirement d'une tendance lourde et souvent perçue comme irréversible depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Une tendance soutenue par la majorité des médias et qui laisse peu de place à ceux qui ne partagent pas le même avis.

Je parle ici de la tendance vers un Occident de plus en plus unifié au détriment des souverainetés nationales. Un Occident qui, depuis 1945, choisit la voie d'abolir les frontières de différentes manières, notamment par la signature de traités de libre-échange ou la création d'institutions transnationales comme l'ONU et l'Union européenne.

Cette utopie est une conséquence du fascisme européen du 20e siècle, qui fut l'une des principales causes de la Deuxième Guerre mondiale. Cette dernière a engendré une idée amère du concept de nationalisme chez les futures générations. Une fois les horreurs du combat finies, l'Occident arriva à la thèse qu'un monde postnational, caractérisé par une absence de frontière et la libre circulation des populations sans contraintes sont les conditions pour un monde en paix. Si les différentes nations apprenaient à s'aimer, elles cesseraient de se faire la guerre. Telle fut le monde utopique imaginé par une partie grandissante des générations post-1945.

Les revendications d'indépendance ou d'autonomie de toutes formes, et même les différentes formes d'affirmations nationales, sont devenues associées au fascisme - ou minimalement à une forme de «haine envers l'autre». Elles seraient nuisibles à l'utopie du vivre-ensemble véhiculée par les biens-pensants de nos sociétés.

Nous constations donc, depuis 1945, une montée croissante et constante des processus visant à unifier l,Occident. Mais on se souviendra du 23 juin 2016 comme un moment historique où cette tendance jugée auparavant irréversible fut rejetée par une majorité de citoyens. Les Britanniques ont, la semaine dernière, été les premiers à réellement rejeter l'utopie dominante qui caractérise les politiques domestiques de plusieurs pays depuis longtemps. Le rêve européen des années 1990, où la majorité des politologues prédisaient la création d'une éventuelle fédération européenne, semble de plus en plus improbable.

On ne peut toutefois pas dire que le Brexit était le premier signe d'affaiblissement du rêve européen. Qu'on pense au Grexit et à la terrible gestion de la crise grecque par les autorités européennes ou à la montée significative des partis de droite eurosceptiques comme le Front national en France ou le Freedom Party en Autriche, nombreux sont les occidentaux qui aujourd'hui remettent en question ce processus de grande unification. La lente disparition de la souveraineté nationale, notamment au niveau des seuils d'immigration, mais aussi au niveau de l'autonomie monétaire et législative, démontre un grandissant scepticisme à l'égard des promesses de paix faites par les adeptes de cette utopie.

L'Europe n'est pas non plus le seul endroit où des citoyens questionnent les dogmes de l'idée dominante. Aux États-Unis, on observe un engouement similaire pour Donald Trump, un cas unique où un candidat républicain à la présidence supporte le protectionnisme économique et ethnique. Son impressionnante popularité auprès des Américains - malgré qu'elle demeure minoritaire et même très basse - démontre que l'Europe n'est pas la seule assujettie à cette remise en question.

Ce changement progressif de mentalité survient à la suite d'une accumulation de crises, dont l'immigration illégale, l'arrivée brusque de réfugiés politiques et la détérioration de l'hégémonie économique occidentale au profit des autres continents.

Je me souviens de l'utopie soviétique qui à une autre époque voulut créer un monde égalitaire, où les travailleurs vivraient dignement sans aucun abus d'une classe élitiste aux pouvoirs infinis. Mais le modèle communiste, une fois concrétisé n'a pas fonctionné, ce qui mit un terme à l'Union soviétique en 1991. Si l'échec de l'utopie soviétique mit fin à l'URSS, est-ce qu'un potentiel échec du l'utopie post-nationalisme conduira l'Union européenne au même sort? En d'autres mots, une union peut-elle survivre à l'échec de son utopie fondatrice?

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