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Au‐delà de l'amitié, des besoins urgents et essentiels chez les Atikamekws

Il faudrait introduire ce texte, mais il n'y a pas d'introduction pour exprimer les besoins des Atikamekws: ils sont trop urgents. Des 80 jeunes d'Opitciwan qui auront 18 ans cette année, seuls 10 trouveront du travail. Il manque au bas mot 100 maisons à Opitciwan et 150 à Wemotaci. Si nous voulons parler de réfugiés, il faut avant tout prendre un virage radical quant à l'avenir des Premières nations au Canada.
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Il faudrait introduire ce texte, mais il n'y a pas d'introduction pour exprimer les besoins des Atikamekws: ils sont trop urgents. Des 80 jeunes d'Opitciwan qui auront 18 ans cette année, seuls 10 trouveront du travail. Il manque au bas mot 100 maisons à Opitciwan et 150 à Wemotaci. Si nous voulons parler de réfugiés, il faut avant tout prendre un virage radical quant à l'avenir des Premières nations au Canada. Pourquoi pas un allègement fiscal très substantiel pour les entrepreneurs qui construiraient gratuitement ces habitations? Un « donner au suivant » supporté par l'appareil d'État en quelque sorte. Le gouvernement fédéral refuse de prendre ses responsabilités, les provinces déjà étranglées ne veulent pas s'en mêler et dans le silence se meurt le peuple par qui, ici, tout a commencé.

Il y a des projets d'avenir porteurs afin de permettre le développement économique de l'arrière-pays mauricien - le Nitassinan - et ainsi améliorer la qualité de vie dans les communautés autochtones et pour l'ensemble des citoyens de Saint-Maurice-Champlain. Fourrures, tanneries, synergologie, élevage, mode, artisanat, industries culturelles, exploration du potentiel minier, mycologie, alimentation forestière, serres nordiques, boulangeries, produits cosmétiques, biomasse et autres produits forestiers, énergies propres... Les projets sont là. Ce qu'il manque : du capital. Le gouvernement central a les moyens de donner les redevances dues, mais il refuse. Les compagnies (principalement forestières) et la société d'État Hydro-Québec, qui utilisent présentement le territoire, ne participent pas encore assez au développement durable du territoire en collaboration avec les Atikamekws. Trop peu de jeunes autochtones travaillent, par exemple, au sein de ces entreprises prospères.

L'un après l'autre, les gouvernements canadiens se gargarisent de belles paroles, de gentilles promesses, mais une fois l'élection passée, silence, silence...Pourquoi ne pas garantir un rendement intéressant et fixe pour ceux qui seraient tentés d'investir dans cette région? Pourquoi aussi ne pas soutenir les investisseurs : vous injectez 50 000 $, le gouvernement canadien en investira 10 000 $? Pourquoi pas un groupe de gestionnaires retraités désirant s'impliquer dans le développement économique des Premières nations? Tous veulent faire du bénévolat à l'international, mais le drame existe déjà, ici. Pourquoi le chercher ailleurs? Ayons le courage d'agir. Car ne rien faire, c'est laisser libre cours au génocide qui a lieu présentement au Canada, en 2015.

L'éducation? Les montants alloués par Ottawa sont risibles. La famille? Les parents de familles nombreuses sont considérés comme des assistés. L'enveloppe globale n'alloue même pas le nécessaire pour les besoins humains fondamentaux... Imaginez les « standards » canadiens. On blâmera ensuite l'incapacité des autochtones à se prendre en main, leur mode de vie, leurs maladies sociales, alcoolisme et autres ou, pire encore, on osera dire qu'ils ont trop d'enfants. Un peuple génocidé aura forcément un taux de fécondité élevé et Dieu merci, sinon davantage de peuples dans le monde auraient disparu. On se cachera la face derrière nos préjugés en préférant parler des symptômes plutôt que des causes. Et la population regarde, et regardera les « Indiens » à la télé. Et les Cataractes afficheront leurs couleurs et les amitiés polaroid feront la manchette. Et d'une élection à l'autre, personne à Québec ni à Ottawa, hormis les Chefs autochtones, ne fait des enjeux des Premières nations une priorité.

Je m'engage solennellement, une fois élue de faire de l'avenir des Atikamekws un élément central de ma réflexion et de toutes mes démarches. Je le fais pour mon arrière grand-mère, pour ma fille, pour mon enfant à naître et aussi pour tous les Mauriciens, parce que je sais que notre avenir sur ces terres est commun. Mauriciens, regardons l'Abitibi et le Saguenay-Lac-Saint-Jean : leurs arrière-pays sont plutôt développés même si de nombreux défis les attendent encore. Nous pouvons en faire de même, ensemble, sur ce jardin, ce presque pays qu'est le bassin du Saint-Maurice.

Fini bientôt la loi raciale canadienne pour les Premières nations, l'une des dernières au monde. Une honte. Le pluralisme de façade canadien n'est qu'un mensonge si dans les faits, les minorités sont écrasées. Fini le bafouement des minorités historiques au Canada. Francophones, métis et autochtones unis contre l'indifférence du gouvernement fédéral : c'est possible. L'«indignité» est une culture, pas une question de sang. Réclamons notre juste dû à Ottawa. L'abandon des régions rurales canadiennes, c'est l'abandon des lieux où vivent historiquement les Premières nations. La décentralisation du portefeuille doit se faire maintenant. Sans cafouillages.

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