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C’est par crainte d’un retour à l’autoritarisme de quelconque religion et par le respect assuré de nos différences que la laïcité, dans sa forme la plus pure, devient un élément important et chéri par le peuple québécois.
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Tout un contexte historique explique pourquoi la religion ne peut qu'être reléguée au vétuste ban des éléments qui distinguent un individu d'un autre. Non plus comme vecteur social fondamental.
Aurélien Pottier via Getty Images
Tout un contexte historique explique pourquoi la religion ne peut qu'être reléguée au vétuste ban des éléments qui distinguent un individu d'un autre. Non plus comme vecteur social fondamental.

Voilà qui est fait, le gouvernement Legault a enfin déposé son projet de loi sur la laïcité de l'État. Il n'y a pas grand-chose de surprenant sur leur position, puisqu'il y a déjà presque dix ans qu'ils défendent à peu près la même devise. Celui du juste milieu, entre la commission Bouchard-Taylor et la Charte des valeurs du gouvernement Marois. Mise à part la petite surprise, tout à fait compréhensible, qu'est le retrait du crucifix.

Mais si j'écris ce texte, ce n'est pas pour vous dire ce que tout le monde sait déjà, mais plutôt pour amener un élément qui mériterait d'être rappelé. Celui qui expliquerait d'où nous vient cette fixation que nous avons quant à la place que devrait avoir la religion dans la société.

L'explication est simple et se trouve dans l'Histoire

Celle du Québec et, à plus grande échelle, celle de l'Occident.

Tout d'abord, pour comprendre le lien très unique qui unit le peuple québécois et la religion, il faut revenir aux racines mêmes de la fondation de la Nouvelle-France. Sans vouloir vous donner un cours d'histoire ni faire couler de l'encre sur ce que plusieurs connaissent déjà, il est important de partir de ce point de départ.

Les conditions difficiles que représentait la colonisation d'un territoire aussi hostile que le nôtre, couplées aux ambitions continentales de la France des Louis, obligeaient une étroite collaboration entre des agents externes et le gouvernement. Comme entre les entrepreneurs et l'Église catholique.

Cette dernière fut extrêmement présente dans la vie des colons, probablement plus qu'en métropole. Occupant de grands pans de la société de façon incontestée: l'éducation, la santé, les services sociaux, la vie communautaire. Bref, l'ensemble de l'appareil à vocation sociale était dominé par cette organisation, qui était comme un État dans l'État. Cette domination, quoique bénéfique a, comme toute situation de monopole privé, amené des dérives et surtout un autoritarisme moral devenu politique.

Jusque-là, je ne dois pas vous apprendre grand-chose. Ce que vous ne connaissez peut-être pas, ce sont les sacrifices et la lutte populaire que le peuple québécois a dû entamer pour s'émanciper de cette relation devenue étouffante. Il fallait se libérer. Nos parents et grands-parents l'on fait grâce à la Révolution tranquille.

Cette liberté chèrement acquise est récente et c'est ce qui nous pousse à être si «frileux» avec la religion.

Nous nous souvenons, comme le dit notre devise, de ce temps où nos grands-mères subissaient la pression des prêtres pour avoir un huitième enfant, même si les récoltes et les salaires ne se révélaient pas aussi généreux.

Mais outre l'histoire propre au peuple québécois, le phénomène est tout aussi occidental. La féodalité, européenne, arabe ou asiatique, n'aurait pu assurer sa pérennité sans le support politique qu'offrait la religion. Jusqu'à diviser pendant des siècles les peuples et faire couler le sang au nom de tel chef d'Église ou telle interprétation des textes saints. Jusqu'à ce que ces populations, comme nous, se libèrent.

Nous vivons dans une époque où les peuples, en partie du moins, se sont émancipés de leurs tyrans qui régnaient justement au nom de leur dieu avec l'appui indéfectible du clergé.

C'est donc tout à fait logique qu'avec les rois, nous ayons rejeté la religion. Ce fut un bon réflexe quand on considère que plusieurs religions donnèrent leurs assentiments aux leaders fascistes et autre junte militaire du XXe siècle. Il a fallu bien du millage pour en arriver à cette liberté et des siècles de littérature et d'actions révolutionnaires, créant ainsi de façon permanente un ancrage des valeurs humanistes, qui animent désormais les sociétés modernes.

C'est donc en voulant mettre l'homme au centre la pensée sociale, l'individu comme le pinacle de la réalisation économique et la liberté comme philosophie de vie, que les collectivités humaines se développent désormais. Ce sont les fondements du contrat social moderne.

Dans ce cadre, la religion ne peut être reléguée qu'au ban vétuste des éléments qui distinguent un individu d'un autre. Non plus comme vecteur social fondamental.

C'est par crainte d'un retour à l'autoritarisme de quelconque religion et par le respect assuré de nos différences que la laïcité, dans sa forme la plus pure, devient un élément important et chéri par le peuple québécois.

Ce n'est ni par haine, ni par préjugé défavorable, ni par le besoin de trouver un bouc émissaire pour détourner la frustration populaire. Bien simplement, par respect de la devise que nous arborons, nous souvenir de ce qui était pour forger un avenir où tout un chacun peut être libre.

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