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Je fais une expérience de politique québecoise 2.0

J'ai décidé de faire une expérience pendant toute la durée de la campagne électorale: ne m'informer qu'à partir du web. Je consulte occasionellement les journaux en papier, mais je boycotte la TV. Et je compare aux précédantes élections. Je me suis abonné à la page Facebook des grands partis en lice, et je suis sur Twitter les partis et leurs ténors (quand ils sont présents). Je suis aussi les hashtags les plus populaires tels queetou encore le toujours actif
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J'ai décidé de faire une expérience pendant toute la durée de la campagne électorale: ne m'informer qu'à partir du web. Je consulte occasionellement les journaux en papier, mais je boycotte la TV. Et je compare aux précédantes élections.

J'avais fait la même expérience avec les Jeux Olympiques, mais l'olympisme canadien est tellement insignifiant pour les jeux d'été (36ème rang des médailles) qu'il n'y a pas grand chose à rater... Pour la politique par contre, surtout durant ces élections venant aprés une crise sociale menée casseroles battantes par les étudiants, les esprits sont plus qu'enflammés, les tweetfights sont fréquents et l'humour est plus que présent. Bref c'est un bonheur.

Pour la politique, je choisis de ne suivre de manière régulière que les médias sociaux.

Je me suis abonné à la page Facebook des grands partis en lice, et je suis sur Twitter les partis et leurs ténors (quand ils sont présents). Je suis aussi les mots-clés les plus populaires tels que #qc2012 et #polqc ou encore le toujours actif #assnat. Sinon, je n'ai pas de règle. Lorsqu'un parti renvoie sur une page de son propre site, j'y vais. Lorsque des individus pointent des nouvelles sur des grands sites d'informations (ou des moins grands) j'y vais aussi sans préjugé. Je ne considère pas tel organe de presse comme plus ou moins intéressant qu'un autre. Si la personne qui le réfère sur Twitter ou Facebook a de la crédibilité pour moi, j'embarque. Je regarde des vidéos et pour ne pas être biaisé, je m'efforce de ne pas participer, mais de me contenter d'être un observateur.

Premier enseignement: Je ne rate pas grand chose.

Les analyses des journalistes à la télévision n'ont pas plus de valeur que les commentaires des journalistes de la presse sur le web. Les grands moments qui tournent en boucle sur les chaines de télé sont aussi rediffusés en vidéo. Et même je trouve une impertinence et un humour chez les commentateurs de Twitter qu'on n'entend jamais à la télé. Même les analystes qui passent à la télévision et qui ont un compte Twitter sont beaucoup plus amusants, intéressants et libérés sur la toile que sur le papier. Enfin, lorsqu'on me parle de politique, je ne suis pas perdu. Toutes les infos que mes amis ont eues en regardant la télévision, je les connais aussi sans avoir allumé mon téléviseur.

Deuxième enseignement: la politique est beaucoup plus vivante sur le web.

Les tweetfights sont violents, le dernier en date sur les saines habitudes de vie d'un ministrable obèse a été particulièrement sanglant. L'humour (et les bassesses parfois) deviennent monnaie courante. Comme en politique « normale », on trouve les seconds couteaux qui twittent pour la cause et défendent le programme (ou le bilan) de leur chef. Deux des trois grands chefs en campagne ne sont pas personnellement actifs sur Twitter. Par contre leur entourage, leurs conseillers et certains députés à l'avant plan de la scène politique engagent une conversation effrenée avec leur base autant qu'avec leurs adversaires. Naviguer sans transition au cours de ma soirée entre les analyses songées de @ChantalHebert pour ensuite assister aux piques acérées de Michel Rochette (qui bien que fraichement débarqué sur twitter en a compris la logique et l'intelligence avec une rapidité déconcertante), et finir sa soirée en lisant les réponses du drolissime @danielthibault et de sa populaire "Twitter-série" #danielvousrépond permet de vivre la politique de manière beaucoup plus agréable que pendant le journal télévisé.

Troisième enseignement: la politique c'est un dialogue... qui s'est réouvert.

J'avais depuis longtemps le sentiment d'avoir perdu ce dialogue. Désormais les organisations politiques sont à un clic de leur électorat, et les futurs députés répondent aux questions d'ordre local autant que d'ordre général. Ca fait plaisir. Le lien politique semble renoué. La question reste de savoir qui est derrière le compte. La plupart du temps ce sont tout de même les vrais candidats. Et derrière un logo, on trouve de vrais militants au courant de la position du parti. Sans être le parti le plus populaire, QS est surement le parti le plus présent sur les médias sociaux, et si ce n'est le plus bruyant, du moins le plus établi, sa gestionnaire de communauté se raconte ici. Bien sur le nombre de followers n'est pas un critère valide. Certains des partis en présence ont jusqu'à 20% de bots et de faux comptes dans leur base. Si comme moi ca vous amuse, vous pouvez faire le test avec ce nouveau service web: service people. Comparez avec les grands noms de la campagne américaines et vous verrez que quand on se compare on se console...

Quatrième enseignement: Twitter prend du temps, beaucoup de temps.

@francoislegault tire relativement bien son épingle du jeu dans la mesure où ses tweets sont suivis et repris, il répond à tout le monde, et il diffuse les contenus de sa plateforme, retwittant les articles de journaux mentionnant ses interventions et celles de son équipe rapprochés, mais les attaques sont nombreuses, ce qui implique souvent une stratégie de défense, et le temps qu'il y passe est considérable. Je comprends que les chefs plus implantés ne tweettent pas eux-mêmes: ils n'ont pas le temps de bien le faire. Être actif sur Twitter demande une relativement grande disponibilité que les plus occupés ne peuvent entretenir. Cependant, malgré cette contrainte de temps, les partis les moins riches semblent voir en Twitter un média dont le coût est le temps plutôt que l'argent. Pour eux, les médias sociaux deviennet une alternative aux couteux spots de 30 secondes. Il est ainsi symptomatique de voir que les chefs des deux partis historique PQ et PLQ sont absents des médias sociaux, mais que les chefs des partis plus jeunes et moins riches tels que la CAQ, QS et ON, eux entretiennent une présence nourrie sur les médias sociaux. Les résultats du vote nous donneront les réponses sur la pertinence de ces choix, mais mon pari est que les deux grands partis vont ramasser le plus de votes.

Cinquième enseignement: aux prochaines elections tous les chefs seront sur Twitter.

On dit souvent que les médias sociaux, c'est du slow marketing. Les partis politiques (qui réussissent) planifient sur le long terme. Ceux qui ont commencé à entretenir une solide présence sur le web en verront les bénéfices au bout de plusieurs années. Les chefs de demain seront les jeunes d'aujourd'hui, qui vivent avec les médias sociaux. Quand on voit que Léo Bureau-Blouin a annoncé ses intentions et son programme sur Twitter en primeur, et que son engagement premier est de créer une plateforme web pour que les citoyens de son comté puissent s'exprimer. Qu'il soit élu ou pas, que cette plateforme voit le jour ou pas, une chose est sûre, d'autres voudront faire la même chose, car c'est tout simplement ce à quoi s'attendent les jeunes de la génération web. Si on ne le fait pas aujourd'hui, ils le feront eux-même demain, alors pourquoi attendre?

Jean Charest - Parti libéral du Québec

Portraits des chefs

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