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L'éternel piège de Lise Payette

Décidément, la crainte de la disparition de la Volksnation, et de la Kulturnation, est une obsession à laquelle Lise Payette semble tenir à travers les années, en ne soupçonnant pas que c'est cette même obsession qui fera réellement disparaître l'idée d'une nation québécoise autonome.
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Dans son dernier article paru dans Le Devoir du 29 octobre dernier, Lise Payette s'inquiète pour la énième fois de l'aspect reproductif de la nation québécoise: «Avons-nous seulement une petite idée de quelle sorte d'enfants nous aurons après leur passage dans ces garderies où des femmes soumises à l'islam, soumises aux hommes et peut-être même convaincues d'être dans la vérité absolue par rapport à l'évolution de nos sociétés, vont devenir des modèles? Comment pouvons-nous être sûres qu'elles ne transmettent pas des valeurs avec lesquelles nous ne serions pas d'accord si nous étions consultées?»

Puis, si je comprends bien, MmePayette reproche au «nous» Québécois de ne pas avoir entendu la raison de ces fières Québécoises, reproductrices de laïcité et d'une culture «évoluée» en matière d'égalité entre les hommes et les femmes, lorsqu'elles prônaient l'interdiction du foulard dans les institutions publiques, voire toute institution financée directement ou indirectement par l'État. La Charte des valeurs nous aurait sans doute sauvé du mal de vivre de deux jeunes hommes en colère contre la modernité et les symboles de sa démocratie. C'est un raccourci qui ne surprend plus, notamment parce qu'il est maintenant le propre de «gente bien-pensante» de réduire les femmes aux «foulards» à des reproductrices de terroristes, même si les deux terroristes sont biologiquement les fils de mères sans «foulard» et sociologiquement les produits du néo-libéralisme et de la démocratie, une partie de constat que Madame Payette conçoit.

Décidément, la crainte de la disparition de la Volksnation, et de la Kulturnation, est une obsession à laquelle Lise Payette semble tenir à travers les années, en ne soupçonnant pas que c'est cette même obsession qui fera réellement disparaître l'idée d'une nation québécoise autonome. Mme Payette a raison d'émettre que les jeunes puissent avoir besoin d'autres défis, notamment lorsqu'il s'agit d'éducation : ils ont besoin de parler plus souvent à leurs grands-parents! Les jeunes que je connais, qui fréquentent les garderies, les écoles publiques et les universités, ou travaillent, enseignent et étudient des femmes de tous les horizons, et de toutes les religions, utilisent un «Nous» québécois, où comme fille d'immigrants, je ne me sens plus obligée de me localiser à chaque fois, comme si j'étais une étrangère dans mon propre pays. Les jeunes que je connais utilisent le «Nous» d'une Révolution tranquille à laquelle mes parents ont activement participé, et ne transmettrons pas un métarécit du Québec qui efface la présence de ses propres minorités et qui nie toute responsabilité dans la perpétuation d'un génocide autochtone.

Grâce à l'éducation que ces jeunes reçoivent aujourd'hui et à leurs interactions quotidiennes avec de vraies personnes, et non avec des stéréotypes manquant d'agentivité, beaucoup de jeunes Québécoises et de surcroît féministes et souverainistes, dont je suis, savent que la meilleure façon de réussir à construire un pays, c'est par le biais d'un projet de société qui aura les outils nécessaires pour traiter toutes les inégalités simultanément dans leurs contextes respectifs, et ce sans avoir peur de disparaître soit par l'assimilation du Britannique où celle de l'étranger barbare à nos valeurs . C'est dans la dimension choisie par une nation que l'on peut envisager son ouverture à toutes les femmes, d'où qu'elles viennent et quelques soit le choix de leur foi. Sinon la reproduction patriarcale contre laquelle les féministes québécoises se seront battues, ne servira qu'à reproduire l'hégémonie des unes par aux «autres».

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