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Radiant: le manga apatride

Tout comme le reste de la bande dessinée, le manga se mondialise. Exit le temps où seuls les dessinateurs japonais ou asiatiques pouvaient s'imposer dans cet univers.
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Tout comme le reste de la bande dessinée, le manga se mondialise. Exit le temps où seuls les dessinateurs japonais ou asiatiques pouvaient s'imposer dans cet univers. Désormais les auteurs de tous les horizons et de tous les pays s'y frottent avec succès. C'est le cas de Tony Valente, bédéiste français établi à Montréal depuis quelques années et auteur de Radiant, qui compte parmi les productions les plus populaires du groupe Ankama. Portrait d'un mangaka occidental.

« Je reçois quelques fois des messages de gens qui me disent que je ne peux pas faire de mangas parce que je suis occidental, comme si ça m'empêchait de faire de bonnes bédés. À la limite ils devraient plutôt m'encourager à ne pas faire de bédés franco-belges, parce que ma culture est beaucoup plus manga que franco-belge » explique le bédéiste qui baigne dans la culture japonaise depuis sa plus tendre enfance. « J'ai toujours lu des mangas. Si j'avais à quantifier ce que je lis, je dirais que la production franco-belge représente 20% de mes lectures, le reste c'est du manga. Oui j'ai beaucoup dessiné dans le style franco-belge en début de carrière, mais le manga reste pour moi plus naturel» explique le dessinateur qui n'aime pas tellement dessiner. « Depuis quelques années je me sens plus scénariste que dessinateur, ce qui m'intéresse c'est de raconter une histoire. Bien sûr j'aime assez dessiner pour le faire tous les jours, même si je considère que faire des décors c'est une perte de temps, mais je m'éclate beaucoup plus quand je réfléchis à mon histoire. »

Une enfance sous le signe de Dragon Ball

Fortement influencé par le Dragon Ball de Toriyama, Valente fait partie de la première génération de Français qui a grandi avec les BD japonaises. « À l'époque, c'était des galops d'essai pour les maisons d'édition. Les éditeurs avaient acheté plein de licences en espérant que les imprimés profitent du succès des dessins animés. On m'a dit que lorsque Jacques Glénat a acheté Dragon Ball, il s'en foutait un peu. Il a acquis les droits parce que le dessin animé marchait bien et que les bédés étaient populaires au Japon. » Un véritable coup de chance pour l'éditeur français puisqu'il fût pendant plusieurs années le manga le plus populaire dans le monde.

Toutefois cette popularité a aussi joué contre le genre auprès des amateurs « plus sérieux » de bédés. « C'est vrai qu'il y avait un côté péjoratif associé au manga. Mais pas pour tout le monde et ça grâce au Akira d'Ōtomo. Il y avait des amateurs et des auteurs qui ne pouvaient pas blairer Dragon Ball mais qui étaient fans d'Akira, alors ils s'intéressaient quand même au genre. Mais encore aujourd'hui il y a des gens qui n'acceptent pas le genre.»

Une fois les grandes licences épuisées, les éditeurs ont dû se tourner vers la production plus actuelle. « Désormais ce qui est publié ce ne sont plus les énormes succès, mais ce qui plaît aux éditeurs »,avec le résultat que l'univers manga est plus ouvert aux productions d"origine francophone comme le prouve le succès des Légendaires « C'est vrai que Patrick Sobral a adopté un graphisme dans l'esprit du manga, mais ces histoires, la façon dont il les raconte, les couleurs qu'il utilise et le format de ses albums restent très franco-belges. Je crois que Les Légendaires sont un hybride en quelque sorte »

La rencontre entre l'Orient et l'Occident

L'hybridité c'est aussi le qualificatif qu'on pourrait accoler aux productions de Valente - même s'il reconnaît être très attaché au format et à la pagination manga - lui qui doit concilier son identité française, ses influences japonaises et sa réalité québécoise. « Ce n'est pas un processus très réfléchi, je ne tente pas volontairement d'inclure des éléments de chaque culture. » Mais ce qui est certain c'est que son graphisme est très japonais et ses histoires, elles, fortement influencées par les légendes européennes. Je ne suis pas Japonais, je ne connais pas assez l'histoire du Japon pour en faire le théâtre de mes histoires. Je préfère travailler sur des trucs que je connais. » C'est pourquoi on retrouve dans le deuxième opus de Radiant le fameux joueur de flûte de Hamelin. « J'ai aussi transposé la sorcellerie dans mon univers, une sorcellerie occidentale pas japonaise. » et c'est sans compter sur son incursion de l'univers de la « fantasy » - « j'en lis énormément et ça m'influence beaucoup» - et la présence d'un héros très proche de celui de la tragédie grecque qui doit à son corps défendant assumer un rôle imposé par le destin.

Un destin qui connaîtra un troisième tome très bientôt -« en principe je devrais le terminer en janvier» - et qui pourrait se décliner en 10 volumes. « J'aimerais beaucoup en faire une quinzaine. L'éditeur m'a demandé combien je voulais en faire, je lui ai dit 20 et il m'a répondu parfait! » Et comme la série marche bien et que les lecteurs en redemandent, parions que Valente, qui sera présent au Salon du livre, pourra explorer l'univers de Radiant pendant encore plusieurs années.

Les deux albums de Radiant sont disponibles chez Ankama.

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