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Ce huis clos d'aventure, que Bussi maitrise d'une main de maître, saura satisfaire l'adulte et l'adolescent qui cohabitent en chacun de nous.
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Choisissez une petite île entre la France et l'Angleterre. Ajoutez une légende locale sur un mirifique trésor caché, des ruines pleines de mystères et de secrets, un orphelin de 16 ans, Colin Rémy, solitaire et en colonie de vacances. Saupoudrez d'une tonitruante évasion du bagne local et l'apparition d'un père qu'on croyait mort. Mélangez le tout avec la verve, l'enthousiasme et le dynamisme d'un abonné des premières places des palmarès du livre et récipiendaire de nombreux prix littéraires.

Vous avez la recette parfaite pour un «page turner» haletant qui se lit d'une traite et qui va occuper vos prochaines journées. Et ça tombe bien, puisque c'est exactement ce que nous offre Michel Bussi avec son Sang famille.

Courtoisie

Rémy, l'orphelin: quelle influence?

Un orphelin du nom de Rémy, héros du roman initiatique du nom de Sang Famille, on croit rêver. Michel Bussi serait-il possédé par l'esprit du légendaire Hector Malot, auteur du mythique Sans Famille?

«Non, non, ne vous inquiétez pas, lance-t-il en rigolant. C'était une stratégie des éditions des Falaises. L'éditeur avait fait le lien avec le célèbre bouquin d'Hector Malot pour attirer l'attention des lecteurs. Mais je vous garantis qu'il n'y a rien de commun avec le roman à part peut-être la quête initiatique. Si vous voulez vraiment trouvez une influence, ce serait plus l'île au trésor de Robert Louis Stevenson ou les romans de Mark Twain» ou encore les Goonies, serions-nous tentés de rajouter.

«Peut-être, rajoute-t-il, moins convaincu. Mais vous savez, c'est le modèle de la littérature d'aventures pour adolescents. J'avais envie d'écrire un roman de ce genre, parce que je considère qu'il n'y en a plus sur le marché. Il y a bien sûr les romans de fantasy, mais ils manquent de réalisme. Ce que je voulais c'était un roman d'aventures réaliste pour adolescents comme j'en trouvais dans ma jeunesse. Pourtant on trouve plein de bandes dessinées, des films, de jeux vidéo qui y puisent leur inspiration, mais pas de romans.»

Plus qu'une réédition

Si Sang famille explore de nouvelles avenues pour un auteur habitué à écrire des polars, il ne s'agit quand même pas d'une nouveauté. Au contraire, il a même été publié une première fois en 2009. «Les Presses de la cité ont décidé de rééditer mes romans parus initialement aux éditions des Falaises et qui étaient introuvables. Mais en vérité il est même plus vieux que ça. C'est l'une des premières histoires que j'ai inventées, peut-être même la première», renchérit le géographe et professeur d'université.

Courtoisie

«Mais attention, ce sont des rééditions retravaillées. Nous ne nous sommes pas contentés de rééditer ce qui avait déjà été fait. Mais je dois vous avouer que j'avais un peu peur de les relire surtout Sang Famille. J'avais peur de voir toutes les erreurs et de devoir tout réécrire.» Une perspective qui ne l'enchantait guère.

Mais pour Sang Famille je n'avais pas grand-chose à faire, l'intrigue tenait très bien la route. Le seul problème, c'est qu'il manquait de filles. Alors, j'ai décidé de changer l'un des garçons principaux et d'en faire une fille.Michel Bussi

Si sur papier l'idée est intéressante, elle aurait pu être aussi catastrophique, puisque l'échafaudage de son intrigue reposait entre autres sur cette relation entre Colin et ses deux amis. Le risque que tout s'effondre existait vraiment. Le défi était risqué, certes, mais l'échafaudage était plus solide que je ne le croyais à l'origine. Non seulement l'intrigue tient parfaitement la route, mais en plus la présence d'une fille donne une dynamique nouvelle qui n'était peut-être pas là dans le roman original. «Qui n'était pas là», assure l'auteur.

Si Sang famille est une œuvre de jeunesse, il est surprenant d'y voir poindre des préoccupations et des stratégies narratives qui vont devenir les caractéristiques de Bussi. Par exemple, les mensonges des adultes aux enfants, l'humour, un suspense implacable, son équilibre entre style, intrigue, émotion et rythme, le dynamisme d'une écriture simple, efficace et vivante héritière de la grande tradition du roman populaire à la Jules Verne, Maurice Leblanc et Agatha Christie. Mais surtout les îles, qu'elles soient vraies comme la Corse ou inventées comme cette Mornesey de Sang famille, qui deviennent de véritables protagonistes.

Courtoisie

«L'île est un lieu parfait. Elle permet de faire un huis clos. Mais des huis clos extérieurs avec des décors spectaculaires. L'île est un microcosme, un laboratoire qui permet d'observer, bien sûr, les relations entre les insulaires et les continentaux, mais aussi entre insulaires. Il y a quelque chose de fascinant dans une île. C'est un monde fermé sur lui-même, emprisonné par la mer.»

Il n'y a pas une grande différence entre les habitants de Mornesey et les prisonniers du Centre pénitentiaire Mazarin, l'établissement carcéral situé sur la pointe de l'île, si ce n'est que les murs physiques de la prison.

Un huis clos d'aventure, que Bussi maitrise d'une main de maître, et qui saura satisfaire l'adulte et l'adolescent qui cohabitent en chacun de nous.

Michel Bussi Sang Famille, Presse de la cité.

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